Après la folie collective qui s'empara du monde entier et d'une partie des États-Unis à l'annonce de la victoire de Barack Obama lors de la présidentielle de 2008, les résultats électoraux des démocrates aux élections de mi-mandat peuvent étonner. Malgré un capital certain de bonne volonté à disposition et un congrès démocrate, le Président américain n'a pas su répondre aux attentes énormes qui étaient placées en lui. Plusieurs facteurs ont joué lors de ces élections. Il y avait déjà un malentendu de départ. Certes Barack Obama a gagné dans une certaine joie collective, mais il n'a jamais fait l'unanimité. Son charisme, son talent oratoire extraordinaire et son profil un peu différent lui ont permis de bien mobiliser l'électorat démocrate. Néanmoins, une partie de l'élection s'est aussi jouée sur le bilan des républicains, et après huit années de George W Bush, il y avait un désir fort de changement qui favorisait nettement n'importe quel candidat démocrate. Et de fait, le courant conservateur qui avait tellement soutenu les républicains n'avait jamais cessé d'exister, et après quelques mois à peine, il a réussi à reprendre l'initiative à travers le moment des tea parties, Fox News ainsi que la révolte envers l'administration et les républicains modérés.

Pour les démocrates, le terrain était dès lors miné. Barack Obama a déçu, parce que l'économie actuelle américaine est si mauvaise. Son plan de relance par les grands travaux a surtout donné l'impression qu'il dépensait trop et pour n'importe quoi. La loi sur l'assurance maladie fut combattue pied à pied dans une guerre de tranchée interminable, et reste mal comprise. Il a déçu aussi ses partisans en n'arrivant pas à tenir certaines de ses promesses électorales, telles que la fermeture de Guantanamo ou l'autorisation de s'affirmer homosexuel dans l'armée.

Barack Obama a en particulier eu toutes les difficultés du monde à manœuvrer un congrès qui était censé lui être acquis. Dernièrement, le fait qu'il n'ait pas la super majorité de 60 sénateurs sur 100 l'a particulièrement handicapé. Cela ne gênait pourtant pas tant que ça les républicains, qui en leur temps, ne l'avait pas, et faisait quand même en grande partie ce qu'ils voulaient. Là, les élections révèlent non seulement une véritable guerre culturelle entre libéraux et conservateurs furieux, mais donne aussi une chambre des représentants dédiée à l'opposition frontale.

La situation n'a pourtant rien de désespérée pour les démocrates. Ronald Reagan et George Bush Sr n'ont jamais eu le contrôle de la chambre des représentants, et ont vu leur camp y perdre des sièges lors des élections de mi-mandats (en 1982, 1986 et 1990). Bill Clinton avait lui aussi perdu le contrôle de la chambre des représentants en 1994, et a quand même été réélu sans problème en 1996. Surtout, l'exagération des attaques des républicains risque de les desservir. La colère et le fait que le relativement centriste John McCain ait été défait pourraient inciter les républicains à se tourner vers un candidat particulièrement conservateur pour 2012. Quitte à effrayer les électeurs indépendants, de la même manière que la conservatrice Christine O'Donnell a perdu une élection que le républicain modéré Mike Castle (son adversaire dans les primaires) avait toutes les chances de l'emporter. De fait, la campagne pour la présidentielle va commencer d'ici peu de mois chez les républicains. De son côté, Barack Obama a deux ans pour montrer qu'il peut mettre en place son programme malgré une chambre des représentants hostile, comme l'avaient fait ses prédécesseurs.