Les sondages, ça va, ça vient... On les lit pour deviner quel sera le résultat d'une élection, mais on oublie qu'il s'agit en fait d'une photographie de l'opinion à un moment donné, et que ces opinions peuvent changer continuellement, au dernier moment. Ainsi, pour chaque élection présidentielle, les variations ont été fortes au fur et à mesure des campagnes. Edouard Balladur et Lionel Jospin auraient été Présidents si l'élection avait eu lieu au moment des premiers sondages pour les élections présidentielles de 1995 et de 2002, mais il en a été autrement. En 2007, au départ, on s'attendait à un Jean-Marie Le Pen fort et à un François Bayrou faible, mais ce fut l'inverse qui se produisit finalement.

Pour cette campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy fut qualifié de mort avant même qu'elle n'ait commencé. Il y a peine quelques mois, les éditorialistes spéculaient sur la probabilité d'une qualification au second tour de Marine Le Pen à son détriment, son score au premier tour était qualifié de ridicule, et si par hasard il se qualifiait quand même pour le second tour, il se ferait battre par 62 % contre 38 % par François Hollande, le nouvel horizon indépassable de la France. Les journalistes, jamais mesurés, enchaînaient les unes sur la fin de l'ère Sarkozy, enterré avant même l'élection.

Ces derniers temps, l'ambiance a bien changé. Nicolas Sarkozy est désormais en tête des sondages du premier tour, et il réduit régulièrement son retard sur François Hollande au second. Celui-ci ne gagnerait plus que par 53 % désormais, d'après la plupart des instituts. Alors bien sûr, l'élection présidentielle n'est toujours pas jouée, dans un sens comme dans l'autre, et tout cela peut encore évoluer. Mais il y a au moins une chose que l'on a pu constater : Nicolas Sarkozy est bien loin de faire de la figuration dans cette campagne, il est l'un des deux candidats (avec Jean-Luc Mélenchon) autour desquels les énergies se rassemblent.

Un tel retour en force rappelle celui de Bill Clinton, lors des primaires démocrates à l'élection présidentielle américaine de 1992. Dans la primaire primordiale du New Hampshire, il avait au départ perdu beaucoup de terrain, et était considéré comme fini. Mais une campagne acharnée de sa part sur le terrain lui a permis de revenir petit à petit sur le devant de la scène, finissant deuxième, un bon résultat pour lui, considérant là d'où il partait. Il gagna alors le surnom de "Comeback Kid", symbolisant son retour gagnant. Certes, il n'avait pas gagné cette primaire, mais désormais, l'élan était de son côté, et il gagna finalement la nomination, puis l'élection. Il est encore trop tôt pour savoir si Nicolas Sarkozy remportera un second mandat, mais l'ambiance actuelle de la campagne présidentielle française est certainement marquée par une solidité de sa part bien plus forte que pronostiquée.