Dans l'émission Capital du 30 novembre dernier, un reportage portait sur les cliniques privées. On y voyait des employées administratives expliquer de façon innocente comment elles traquaient tout ce qui pouvait être considéré comme motif de facturation dans un dossier médical, des choses aux coûts parfois dérisoires, mais fréquemment facturées au prix fort. 85 % des revenus des cliniques proviennent de la Sécurité Sociale, qui y finance les soins des assurés. Les cliniques ont une plus grande liberté de facturation par rapport aux hopitaux, et cherchent à attirer en leur sein des docteurs qui pourront représenter une source de revenus. A tel point que dans certaines villes, les seules personnes compétentes dans certaines spécialités ne se trouvent que dans le système privé. Tout cela est coûteux pour la Sécurité Sociale, plus en tout cas que les soins prodigués par les hopitaux publics. C'est en contrepartie très rémunérateur pour les médecins qui choisissent cette voie-là. Et la rémunération est aujourd'hui le critère le plus important pour un grand nombre de praticiens. Pour s'en convaincre, il suffit de voir l'intensité de leur lobbying auprès des représentants politiques pour voir le prix de la consultation augmenter toujours plus. Nombreux sont ceux qui réclament auprès de leurs patients des honoraires excédants le remboursement de la Sécurité Sociale, les forçant à compter sur une éventuelle mutuelle, voire à payer directement le surcoût engendrés par ces soins.

Malgré les promesses de limiter les dépenses de santé, le déficit de l'Assurance Maladie continuer à aller de mal en pis, les patients voient leurs soins être de plus en plus chers, et les médecins sont les seuls gagnants au fil du temps. Les personnalités politiques peuvent s'étonner de voir les déficits se creuser, ils n'osent pas s'attaquer à toutes les facettes du problèmes. Les docteurs affirment souvent que leurs honoraires élévés sont la conséquence du nombre important d'années d'études qu'ils ont du faire pour avoir le droit d'exercer. Mais sur un domaine aussi important que la santé publique, et vu leurs revenus qui viennent en majeure partie des remboursements de la Sécurité Sociale, on peut être en droit de demander à ce qu'ils se sentent un peu redevables auprès de la société.

En France, les études de médecines à la faculté sont quasiment gratuites, la formation est financée par l'Etat dans le budget de l'Enseignement supérieur. Voilà des coûts que les médecins n'ont pas à rembourser. La société leur donne donc des connaissances qui, trop souvent, sont utilisées à but avant tout lucratif et rarement dans l'idée de faire du bien aux gens. Peut-être il y a-t-il quelque chose à faire à ce sujet. Par exemple, pourquoi ne pas demander à ce que l'argent généré par les dépassements d'honoraires soient rendus par les médecins à la faculté qui les a formés ? Si un médecin respecte les tarifs de la Sécurité Sociale, rien ne lui serait demandé. Mais s'il venait à les dépasser pour arrondir confortablement ses revenus, il pourrait lui être rappelé l'investissement que la France a fait en le formant, jusqu'à ce que l'argent accumulé atteigne les montants investis. Après tout, si la société doit être un paillasson sur le passage de la cupidité, elle aurait tort de ne pas protester, et d'au moins de demander que son argent lui soit rendu. Ce ne serait, en fin de compte, que justice.