Réflexions en cours

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

lundi 19 février 2007

Des plans Marshall pour tous

Augustin Legrand, dirigeant de l'association "Les Enfants de Don Quichotte", est revenu d'Amérique du Sud pour constater que son idée de sédentarisation des SDF dans des tentes au canal Saint-Martin prenait une tournure amère. Loin de se demander quel avait été son rôle dans tout ça, il a préféré demander la démission de la ministre déléguée à la Cohésion Sociale, Catherine Vautrin. Il a aussi demandé un plan Marshall pour les SDF. En cela, il se montre un idéaliste, ce dont il ne se cache probablement pas. Ce n'est pas le seul à citer le plan Marshall comme exemple de ce qu'il doit être fait pour résoudre de grands problèmes. Ainsi, Bono et Bill Gates avaient également demandé un plan Marshall pour le sous-développement. Après les émeutes de novembre 2005, des voix s'étaient également faites entendre pour plaider en faveur d'un grand plan Marshall pour les banlieues. En fin de compte, il faudrait un plan Marshall par difficulté à traiter. L'intention est certes louable, mais l'exécution est délicate.

Il faut dire que le plan Marshall d'origine reste dans l'Histoire un cas brillant d'aide financière extérieure réussie. Le général George Marshall, après avoir commandé les armées américains pendant la seconde guerre mondiale, est devenu Secrétaire d'Etat de Harry Truman. Il a annoncé la décision des Etats-Unis de se lancer dans un vaste plan de reconstruction de l'Europe en juin 1947, dans un discours à l'université de Harvard. Le plan, constitué de prêts qui ont été ensuite convertis en grande partie en dons, a effectivement permis aux pays européens non dominés par les Soviétiques de remettre en état leurs infrastructures, et ainsi de relancer l'économie de leurs pays. Ces pays ont ainsi pu se relever durablement des méandres de la guerre, donnant aux Etats-Unis des alliés fidèles dans la lutte contre le communisme, et procurant accessoirement au général Marshall le Prix Nobel de la Paix. Le plan a certes été couteux, mais l'intérêt qu'a constitué le relèvement de l'Europe ne faisait aucun de doute pour les Etats-Unis, et sa pertinence est validée par le cours des événements 50 ans après.

Pour autant, faut-il souhaiter le lancement d'autant de plans Marshall ? La situation économique des pays développés n'est pas la même que celle des Etats-Unis après guerre, qui avaient beaucoup bénéficié de l'effort de guerre pour retrouver une économie forte. Là bas, aujourd'hui, le déficit de l'administration est important, du fait des baisses d'impôts et de l'effort de la guerre en Irak, guerre qui ne connait pas l'issue positive de la deuxième guerre mondiale. Ici, en France, notre déficit budgétaire est déjà bien trop grand, et il y a un nombre incroyable de dossiers à traiter où les mots "plan Marshall" résonnent comme une solution facile. Or il n'est pas facile de faire pleuvoir de l'argent, surtout lorsque les missions de base de l'Etat ne sont pas financées couramment. Avant de dépenser les richesses, il faut d'abord les créer. Faut-il pour autant renoncer à tout espoir pour mieux se complaire dans l'immobilisme ? Certainement pas. A ce titre, on peut remarquer le travail important réalisé par Jean-Louis Borloo à son ministère de la Cohésion Sociale. Il n'y a pas que sur la baisse du chomage qu'il peut se féliciter, sa politique en faveur du logement est également digne d'intérêt. D'abord en tant que ministre de la Ville, puis à son poste actuelle, il a réussi à implementer un plan ambitieux de rénovation urbaine. Depuis 2002, la construction de logements a augmenté de 80 %, et la construction de logements sociaux a presque doublé depuis cinq ans. C'est un effort considérable, qui est appelé à durer. Et il faudra bien qu'il dure, car la situation reste difficile, malgré les progrès accomplis. Car cela faisait 20 ans que la construction de logements était insuffisante, ce qui avait mal été pris en compte par tous les gouvernements, qui ne voyaient pas les changements sociaux. C'est donc un retard colossal qu'il faut refaire, et c'est ce genre de travail qu'il faut mener, progressivement, sur le long terme. Le plan de rénovation urbaine pourrait éventuellement s'appeler un plan Marshall, il s'appelle en tous cas "plan Borloo", et vu ses effets, l'effort franc et enthousiaste est dans la même lignée.

samedi 17 février 2007

Les énergies alternatives

C'est une évidence, une grande partie de nos problèmes environnementaux reposent sur la gestion de nos sources d'énergie. La révolution industrielle, après s'être reposée dans une première phase sur le charbon, s'est appuyée ensuite sur le pétrole. Celui-ci est désormais partout, et la question pétrolière pose des difficultés bien connues depuis la crise de 1973. D'abord, l'épuisement de la ressource. Que l'OPEP se serve de son pouvoir de monopole relatif ou non sur les volumes disponibles, il n'en reste pas moins que les gisements s'épuisent progressivement et couteront de plus en plus cher à exploiter. En outre, à l'instar du charbon, la combustion du pétrole pose des problèmes écologiques dans la mesure où elle émet du dioxyde de carbone, aux conséquences néfastes car favorisant l'effet de serre. Il faut donc remplacer le pétrole.

Il faut considérer les utilisations du pétrole les unes après les autres. En commençant par exemple par son usage dans les matières plastiques. On peut imaginer qu'on peut se servir de matières organiques aux rendus similaires, mais ayant l'avantage d'être cette fois-ci biodégradable. C'est ce qui serait préférable par exemple pour les sacs plastiques, où des solutions existent déjà, notamment à base d'amidon. Pour d'autres cas, le recyclage paraît être une nécessité.

Le pétrole est fortement utilisé pour les centrales électriques thermiques, ce qui favorise une forte pollution. Les centrales au gaz naturel ne sont pas vraiment des solutions de remplacement optimales. En fait, chaque énergie possède ses inconvénients. Les barrages hydrauliques sont une source d'énergie renouvelable, mais ils nécessitent une grande transformation des lieux d'implantations et modifier leurs équilibres environnementaux. De plus, ces lieux sont limités. L'énergie éolienne est, de façon absurde, combattue par des personnes qui souhaitent "protéger les paysages" et qui considèrent l'esthétique des éoliennes comme un facteur de nuisance environnementale. Il est nécessaire en tous cas d'en augmenter le nombre là où elles peuvent se révéler efficace, et c'est ce que fait actuellement EDF. Les énergies marémotrices et géothermiques sont intéressantes, mais elles aussi sont limitées par les lieux d'implantations possibles. L'énergie solaire est encore coûteuse, mais les recherches en la matière permettent des progrès rapide, dont il faudra profiter à l'avenir. Le bois est en soi une énergie renouvelable, mais dont la combustion rejette du dioxyde de carbone. En outre, il est nécessaire de favoriser l'existence d'une biomasse la plus grande possible, les forêts étant des puits de carbones pouvant reconstituer une atmosphère plus saine.

Si de telles énergies sont donc autant de solutions possibles, il ne faut pas renoncer à s'appuyer sur l'énergie atomique, dont les déchets peuvent être contrôlés, et dont la production doit être très strictement surveillée. Ces conditions remplies, le progrès technique laisse entrevoir des formidables améliorations des rendements, notamment avec l'EPR ou les futurs réacteurs de quatrième génération. En outre, l'énergie nucléaire pourrait connaître un autre bon avec l'utilisation de la fusion, ce qu'étudie actuellement le projet ITER à Cadarache. Ce sont autant de voies pour s'assurer le maintien d'une production forte d'électricité en l'absence de centrales thermiques au pétrole, sans participer à l'effet de serre. Un certain nombre de mouvements écologistes refusent ces évolutions, mettant en avant les difficultés environnementales (parfois très hypothétiques) de chacun de ces moyens. Leur solution se limite à faire des économies d'énergies (ce qui amène à la décroissance). Si l'utilisation faite de l'énergie peut toujours améliorée, et des gains de productivité réalisés avec de kW donnés réalisés, il n'en reste pas moins que la demande en électricité augmentera encore très certainement dans les décennies à venir, car le progrès technique actuelle repose en très grande partie sur cette forme d'énergie. A ce niveau là, il ne faut pas se voiler la face.

Là où le pétrole pourrait être plus difficile à remplacer, c'est lorsqu'on a besoin de sa forme liquide et modifiée pour servir de carburant aux moyens de transports (voitures, avions, bateaux, qui peuvent difficilement avoir chacun leur réacteur nucléaire ou fonctionner uniquement sur des batteries électriques). Heureusement, encore une fois, plusieurs solutions sont d'ores et déjà à l'étude. Les biocarburants en font partie. L'utilisation d'huiles végétales ou d'autres formes de combustibles naturels peuvent permettre d'utiliser moins le pétrole, les biocarburants pouvant d'ailleurs être inclus dans l'essence. Du point de vue de l'effet de serre, leur production pourrait absorber autant de CO2 qu'elle en rejette lors de la combustion. Si les ressources agricoles pour remplacer totalement le pétrole sont insuffisantes, cela pourrait permettre en tous cas de faire vivre un grand nombre d'agriculteurs actuellement positionnés sur des marchés en surproduction. Une autre solution pourrait se trouver dans la pile à combustible, où l'on se servirait d'hydrogène pour rejeter de l'eau. Pour l'instant, cette possibilité n'est pas encore au point, et nécessiterait évidemment des investissements colossaux pour sortir du règne du pétrole. Il est nécessaire en tous de fournir un effort important de recherche dans chacun de ces domaines, et s'il est d'ores et déjà en cours, vu l'importance de ces questions on peut considérer qu'il ne sera jamais suffisant.

samedi 10 février 2007

NIMBY

NIMBY comme "Not In My Back Yard" ("pas dans mon jardin"). Ce phénomène sociologique commence à être désormais bien connu : il s'agit de l'hostilité affichée par des gens à l'installation d'équipements porteurs de nuisances (réelles ou fantasmées) à proximité de chez eux. En somme, une attitude très naturelle qui consiste à protéger son cadre de vie immédiat. Par exemple, lorsqu'il était question de la construction d'un troisième aéroport pour desservir Paris, chaque zone envisagée pour une telle installation voyait les riverains potentiels se mobiliser contre le projet. Et pour cause, ils ne souhaitent pas souffrir les désagréments apportés par la proximité d'un aéroport, surtout lorsqu'ils ont choisi un lieu d'habitation calme. En conséquence, le nouvel aéroport n'est construit nulle part. Mais le devéloppement constant du traffic aérien sur Paris fait augmenter les rotations sur les aéroports existants, et augmente les nuisances sonores pour les riverains de Roissy et d'Orly, qui souhaitent beaucoup que leur mal ne s'aggrave pas plus qu'au niveau actuel. Ainsi, lorsque Gilles de Robien est devenu ministre des transports et de l'équipement en 2002, il a annoncé que la construction du troisième aéroport ne se ferait pas, essentiellement du fait qu'elle était prévue en Picardie, région dont il est le représentant. Jean-François Copé, député de la Seine et Marne (d'une circonscription proche de Roissy) qui venait également d'entrer dans ce gouvernement, a aussitôt protesté en rappelant que les nuisances pour les riverains de l' aéroport de Roissy étaient d'ores et déjà insoutenables, et qu'il fallait les alléger en construisant ce troisième aéroport. Au sein du même bord politique, les intérêts géographiques deviennent donc autant d'intérêts particuliers que chaque représentant défend. Le principe est normal, mais il apporte une sorte de perversion du processus de décision.

Car ce qui doit prévaloir en toutes circonstances, c'est l'intérêt général. Alors on peut chercher ensuite à quel niveau ce critère doit être pertinent, par exemple la non construction d'un aéroport quelque part relève probablement de l'intérêt général qui prévaut dans le circonscription concernée. Mais dans un pays, le bon degré est celui de la nation lorsqu'un sujet dépasse les intérêts de plus d'un territoire. En fait, tout le monde sait bien cela, mais le principe moral est refusé en faveur d'un égoïsme plus ou moins assumé. Dans la conduite d'une politique, en chaque instant, l'intérêt général doit être le seul critère pertinent. Voilà pourquoi des mouvements politiques défendants des intérêts catégoriels, à l'instar de Chasse, Pêche, Nature et Traditions, sont absurdes. Et l'on ne peut que déplorer une société où les décisions sont parfois prises en fonction de la capacité de nuisance qu'a telle ou telle catégorie de personnes, plutôt qu'en fonction de l'intérêt commun de tout le monde, pris dans un ensemble.

jeudi 8 février 2007

Sectes et religions

Qu'est-ce qui définit une secte ? Le terme aujourd'hui est marqué très négativement. A vrai dire, en France, on lutte contre les sectes, car elles sont dangereuses. Et si elles sont dangereuses, c'est parce que ce sont des sectes. Les sectes sont des groupes religieux à taille réduite, en tous cas moins établies que les grandes religions. La comparaison avec celles-ci s'impose, tant on peut retrouver des éléments communs dans les fonctionnements des deux types d'entités. Jusqu'à se demander ce qui les distinguent vraiment. Après tout, avant que le christianisme devienne l'une des plus grandes religions au monde, les fidèles regroupés autour de Jésus Christ étaient considérés comme une secte par la religion dominante de Judée. Plus récente, la secte aurait en fait essentiellement le tord d'être trop éloignée des standards communément acceptés. Le pouvoir d'origine charismatique exercé par les gourous de telles sectes serait malsain, car il établirait une manipulation mentale faisant perdre à la victime sa liberté. Un pouvoir charismatique émanant du guide spirituel, est-ce si différent de ce qui a caractérisé tous les prophètes des grandes religions ? Si l'on reconnaît la liberté de culte, pourquoi estimer que tous les cultes ne se valent pas ? Il est pourtant nécessaire de considérer que chaque individu est suffisamment libre et fort spirituellement pour faire ses choix, sous peine de remettre en cause tout l'édifice de la liberté religieuse.

Dès lors, il devient difficile de comprendre la raison pour laquelle on s'attaquerait particulièrement aux sectes, qui ne sont alors que de nouvelles religions. Si quelqu'un souhaite dans la voie de la scientologie, croire in fine que nos esprits ont été apportés il y a des 75 millions d'années depuis l'espace par l'extra-terrestre Xenu, pourquoi pas ? Si quelqu'un souhaite "aider" Raël à établir une ambassade pour des extra-terrestres adeptes du clonage à Jérusalem, pourquoi pas ? Si quelqu'un souhaite vivre dans la rigueur et l'attente de l'apocalypse caractéristique aux Témoins de Jéhovah, pourquoi pas ? Certes, il y a des pratiques qui peuvent être effectivement dangereuses, pour les membres du groupe religieux, ou pour des extérieurs. Il faut aussi penser que cela concerne également ceux qui ont une interprétation délirante des textes des grandes religions. "Sectes" et religions se rejoignent donc sur ce point, surtout que l'Histoire a montré toutes les conséquences potentiellement néfastes que pouvaient avoir certains mouvements religieux (en même temps que positifs évidemment). La distinction entre sectes et religions n'est donc pas opportune, car elle remet en fin de compte la liberté religieuse.

En fait, plutôt que de mettre à l'index ce que l'on caractérise par le mot secte en en faisant la liste dans des rapports parlementaires, il serait plus sain de tout simplement faire respecter la loi. Il ne doit pas y avoir de lois particulières contre tel ou tel mouvement considéré comme secte, mais les mouvements religieux et leurs adeptes doivent tous respecter la loi qui est générale. Qui interdit déjà le clonage, les violences, la non-assistance à personne en danger, et toutes les conséquences néfastes que peuvent avoir les "sectes", à l'instar des grandes religions... Il n'y a plus vraiment de problèmes de sectes si l'on associe la liberté religieuse avec le respect strict de la loi, appliquée de façon juste pour tous.

dimanche 4 février 2007

La réflexion continue

Voilà plus d'un an que ce blog a été créé si l'on compte son ancienne et éphémère première version, et il a désormais une centaine de billets à son actif. Beaucoup de commentaires politiques en fait, que ce soient sur la politique intérieure ou sur les relations internationales, mais aussi des billets sur des thématiques plus vastes. J'essaie de traiter du fond, et donc de développer un minimum mes billets, que je n'écris pas d'ailleurs pour être lus par un public incroyablement nombreux, vu que je ne fais rien dans cette optique. Mes réflexions sont toujours en cours, elles peuvent être changeantes mais elles reflètent mes idées et mes interrogations à un moment donné. A chacun d'en apprécier la qualité, je sais néanmoins qu'il faudra que j'en vérifie l'orthographe billet par billet, car je me doute que bon nombre de billets doivent manquer de relecture. Bienvenue néanmoins si vous êtes arrivés par hasard sur ce blog, et félicitations si vous avez réussi à comprendre le fil de mes pensées.

free hit counter