Réflexions en cours

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mercredi 18 février 2009

Chaos en Guadeloupe

Presque un mois de grève générale en Guadeloupe. Les autorités locales comme l'Etat n'ont réussi à y mettre fin, ni même à éviter une situation La grève est menée par un mouvement contre "l'exploitation". Exploitation par qui ? Le premier message est la lutte contre la "vie chère". Quasiment tout coûte plus cher en Guadeloupe. La faute à la provenance systématique des produits depuis la métropole, alors que certains pourraient être importés pour moins cher depuis des pays proches géographiquement. La faute surtout à des monopoles régnant sur l'île, permettant un contrôle des prix bénéfiques pour les vendeurs, beaucoup moins pour les consommateurs. Alors que les revenus des Guadeloupéens sont inférieurs à ceux de la métropole, il faut bien avouer que ce problème de prix surélevés est un vrai scandale. Un problème qui a néanmoins une solution... Des réformes structurelles ont besoin d'être mises en place, de la concurrence doit être introduit, et en attendant, les entreprises en situation de monopole doivent baisser leurs prix. Toutes ces choses sont possibles, et peuvent être l'aboutissement d'une négociation saine entre syndicats et patronat locaux, encadrée par les pouvoirs publics. C'est d'ailleurs ce qui prend forme dans la Martinique voisine.

Or en Guadeloupe, rien ne progresse, tout empire. Sur plus d'une centaine de revendications, l'Etat les a quasiment toutes acceptées. Seule la question d'une augmentation des bas salaires reste dans la balance. Cette augmentation, seules les entreprises peuvent les accorder. Mais voilà que c'est l'Etat qui est transformé en décisionnaire, par la volonté des grévistes. L'augmentation de 200 € des bas salaires devrait être permise par une baisse de charges accordée par l'Etat. Mais celui-ci n'a pas à subventionner les salaires d'un département entier, surtout à telle hauteur !

Il y a certainement un souci avec le secrétaire d'Etat à l'Outre mer, Yves Jégo. Il est allé sur l'île en déclarant qu'il n'en partirait pas tant que le problème ne serait pas réglé, et l'a quitté alors que la grève continue. Plus grave, d'après les syndicats locaux, il aurait promis ces 200 €, avant de revenir dessus, mettant en cause selon eux la parole de l'Etat. Qu'il les ait promis ou non, il n'avait pas le mandat pour le faire, et cette mesure ne peut donc être validée par le Premier ministre. Mais l'acharnement des syndicalistes et leur volonté indestructible de ne pas laisser le conflit prendre fin laisse voir quelque chose qui ne se limite pas à cette seule mesure, d'autant plus qu'elle ne répond pas de façon structurelle à leurs revendications de base.

Les grévistes guadeloupéens demandent davantage d'argent, mais semblent ne plus se préoccuper de l'économie locale. A ce titre là, la grève est dévastatrice. Outre la cessation du travail qui entraîne la cessation de la création de richesses sur l'île, le mouvement handicape sur une durée plus longue l'économie. Alors que le cadre et le climat de la Guadeloupe sont d'excellent atouts pour attirer le tourisme, cette grève interminable est en train d'en éradiquer la possibilité de façon durable. Les touristes ne viennent déjà plus, et auront d'autant plus de mal à revenir que la situation empirera. L'un des secteurs les plus porteurs de l'île est en train de se faire couler par ceux qui en vivent.

Et tout ça pour que l'économie guadeloupéenne dépende encore plus de l'argent de l'Etat, alors qu'elle est d'ores et déjà largement sous perfusion depuis la métropole. Les grévistes seraient donc prêts à tuer leur économie locale pour ne plus vivre que des aides de l'Etat ? Il y a là une contradiction avec le message glorifiant la population locale tel qu'exprime "la Guadeloupe est à nous". A travers ce délire économique, apparaît le volet identitaire, encore plus lourd. Le mot "exploitation" sonne alors comme un souvenir de l'époque de l'esclavage. Plus de 150 ans après son abolition, les périodes passées semblent encore tourmenter les esprits. S'il s'agit alors d'une espèce de revanche de la part de la population guadeloupéenne, il est certain que la situation aura du mal à s'améliorer, vu qu'il n'y a rien à négocier.

De là le jusqu'au-boutisme. Le leader du mouvement, Elie Domota, veut "affronter" l'Etat français pour le vaincre. Il met un point d'honneur à faire ses discours en créole, et voit d'un mauvais oeil les responsables politiques locaux qui ne s'expriment jamais dans cette langue. Il promet constamment l'aggravation du conflit, et s'en dédouane par avance, transformant son propos en menaces lourdes. Son syndicat, le LKP, ne souffre d'ailleurs pas vraiment la contestation. En guise de grève générale, les syndicalistes forcent tout simplement les commerçants à fermer. Ils ne leur laissent aucun choix et utilisent la force pour cela. Pour être davantage certains de contrôler l'île, ils ont dernièrement décidé de mettre en place des barrages pour empêcher toute circulation. C'est en fait la liberté qui est attaquée. Discours exaltés contre la France et coups de force s'enchaînent dans un tourbillon qui nuit considérablement à l'île, mais flatte ceux qui croient tenir là l'issue à toutes les difficultés. Le but est que l'Etat ne contrôle plus rien, l'anarchie devient un but recherché comme un moyen de pression. Une bavure policière permettrait tous les excès.

Mais ce n'est pas par la police que le sang a coulé. Des jeunes adolescents ont été pris dans le discours ambiants, et semblent bien décidés à leur tour à participer au chaos général. Ils y passent la nuit, les parents laissent faire, de façon incompréhensible. Ils mettent le feu autour d'eux, et ont même des armes à feu, qui sortent d'on ne sait où. Cela laisse songeur sur la mentalité de ceux qui les possèdent. La nuit dernière, un homme est mort par une balle tirée par l'un de ces émeutiers. La police, bloquée par les barrages, a mis du temps à venir en aide à la victime, et d'ailleurs trois policiers ont été blessés en le faisant. Quant à à la victime, il s'agissait d'un syndicaliste. Ce qui montre qu'il n'y a vraiment plus de logique consciente à ces événements.

Elie Domota et ses hommes doivent arrêter de semer le chaos. Il n'apporte rien, bien au contraire. La Guadeloupe souffre déjà beaucoup de ce qui s'est passé depuis un mois, il est temps d'arrêter cette spirale auto-destructrice.

vendredi 6 février 2009

Un islam occidentalisé

La religion musulmane fait naitre beaucoup de peurs. Elle est actuellement en croissance, et elle a en même temps été associée à de nombreux événements tragiques dans les dernières décennies. La quasi guerre civile menée en Algérie par le Groupement Islamique Armé, les multiples attentats, que ce soit à Paris en 1995 ou bien à Londres en 2005, et évidemment l'attaque du 11 septembre 2001, sont autant de faits qui ont terrifié les populations des pays occidentales. Le jihad ou même l'application littérale de la shariah ont poussé bon nombre de gens à considérer avec méfiance l'islam, censé les légitimer. Cette peur a généré l'islamophobie, ou même le racisme envers tous ceux qui sont musulmans. Pourtant, il ne s'agit à chaque fois que d'extrémismes. De la même manière qu'il existe une extrême droite ou une extrême gauche, il existe un islam extrémiste, l'islamisme. Cette forme de l'islam n'est pas partagée par tous les musulmans, loin de là. Mais pour les islamophobes, c'est toute la religion qu'il faut condamner.

La lecture du Coran peut certes effrayer, notamment lors de la lecture de certains passages sur les mécréants ou le traitement de la femme. Pourtant, il s'agit d'un texte prophétique et de ce fait très largement soumis à interprétation. Celle des islamistes repose sur une lecture non seulement rigoriste, mais aussi particulièrement intolérante. Mais il ne faut pas oublier pour autant que la Bible peut être interprétée de la même façon, et l'Histoire a montré comment des groupes plus ou moins étendus ont fait régner le malheur en l'invoquant. Voilà pourquoi il ne sert à rien de s'en prendre à l'islam en tant que tel. Cette religion peut autant être vecteur de paix, de bien être et d'équilibre que les autres.

Elle doit donc pouvoir être pratiquée de la même manière que toutes les religions, ce qui, en France, suppose le respect total des règles établies en terme de laïcité. Il ne s'agit pas pour autant de prendre à la légère les problèmes posés par les fondamentalistes en voulant laisser tranquille les musulmans. L'un des terreaux tant de l'islamisme que de l'islamophobie est la relation aléatoire entre le culte et certains pays troubles. Le fait que les imams soient formés loin des lieux dans lesquels ils officieront créé parfois une sorte de lien entre les zones où l'islam devient totalitaire et celles où sa présence est apaisée. De même, le culte en arabe peut rendre hermétique la religion et l'éloigner de la société.

Cela n'est pourtant pas une fatalité. Rien n'empêche les musulmans modérés de faire prévaloir au fil du temps un islam de plus en plus en phase avec la société occidentale, n'hésitant pas à mettre en valeur par exemple les valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité. Si l'Islam vient du monde oriental, le culte peut se passer de ce lien pour beaucoup de choses. Il ne s'agirait pas de le nier, mais simplement de se concentrer sur ce qui est universel, et d'en reconnaître une vision compatible avec l'occident. Cela n'a rien d'impossible, et permettrait de diminuer tant les risques que les peurs.

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