Réflexions en cours

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lundi 27 février 2012

Carrefour et Danone rempilent pour les Restos du Coeur

Comme l'année dernière, les réseaux sociaux sont invités par Danone et Carrefour à faire du bruit en faveur des Restos du Coeur. Faire un billet sur un blog à cette occasion incite ces deux grands groupes français à financer 10 repas. C'est un peu comme les événements du Téléthon, où accomplir un exploit sportif permet de débloquer une promesse de don faite à l'avance. Sauf qu'ici, il n'y a aucun effort sportif à faire. Il n'y a même pas d'effort financier, puisque c'est l'argent de ces deux entreprises bien connues qui sont sollicités. Bien sûr, cela n'empêche de faire aussi l'effort financier par ailleurs, mais si ça permet d'en rajouter sans se fatiguer, pourquoi s'en priver ? C'est vraiment être généreux avec l'argent des autres.



mardi 21 février 2012

Panique autour du rapport Perruchot

Le rapport du député Nouveau Centre Nicolas Perruchot sur le financement des syndicats a été superbement enterré l'année dernière. Rejeté par vote par l'Assemblée (plus par refus de se mobiliser pour cette occasion que par une avalanche de votes hostiles), le document a été condamné à être consciencieusement archivé pour des décennies, et sa publication est même théoriquement interdite. Cela n'était pas arrivé depuis des temps antédiluviens. Alors pour qu'un document soit interdit de publication, on se dit qu'il s'agit d'un épouvantable brûlot, un nouveau Necronomicon, une parole qui, une fois prononcée, mettrait à bas la société française. Et malgré tout cela, l'hebdomadaire Le Point a pris la décision de le rendre public. Et c'est bel et bien une surprise qui attend le lecteur.

La surprise, c'est que ce rapport Perruchot n'a en fait rien d'un pamphlet anti-syndical auquel on nous avait fait penser. Le ton est parfaitement neutre, il s'agit surtout d'un compte rendu factuel des moyens utilisés par les syndicats pour se financer. Evidemment, les pratiques citées montrent que les syndicats usent et parfois abusent de sources de financements qui ne sont pas vraiment conforme avec l'esprit dans lequel ils devraient travailler. L'utilisation des comités d'entreprises, qu'ils contrôlent, pour se financer n'est pas normal. Mais cela n'a rien de nouveau en soi. Nicolas Perruchot a d'ailleurs réussi à faire voter récemment un rapport sur les seuls comités d'entreprise, reprenant les points qu'il mentionnait dans son rapport censuré. Et son travail concerne tant les syndicats d'employeurs que de salariés. D'une manière générale, on retrouve surtout des informations que l'on peut trouver ailleurs, que ce soit du côté de la Cour des Comptes, de livres ou de précédents travaux sur la question. Des auditions ont permis de rafraichir tout cela.

Au bout du constat sur le financement des syndicats, le rapport détaille 29 propositions pour améliorer les choses. Aucune d'entre elle n'est extrême, elles relèvent même d'un parfait bon sens, et pourraient très bien faire l'unanimité. Elles sont regroupées en trois objectifs : plus de transparence (ce qui passe notamment par davantage de rigueur comptable), plus de militants et une meilleure représentativité. Rien qui ne mette en danger les syndicats donc.

Dès lors, la vraie question, c'est pourquoi autant de panique autour d'un rapport tout à fait raisonnable ? Les syndicats contestent certains passages, mais le manque de soutien voire l'hostilité nette des députés envers ce rapport est plus marquant. C'est à croire qu'ils ne l'ont pas lu, ou ne serait-ce que survolé même. Gouvernement et parlement n'osent pas regarder la tambouille des organisations syndicales, ils s'y refusent délibérément, alors que tout le monde se lamente du faible nombre d'adhérents des syndicats et de leur représentativité douteuse. Pour avoir la paix sociale, le sujet des syndicats devient lui-même totalement tabou. Ce qui laisse penser que la priorité de ceux-ci n'est plus la défense de leurs adhérents, mais leur propre préservation dans les conditions d'existence actuelles. Comment s'étonner qu'il finisse par y avoir des zones de non droit, telles que celle créée par la CFDT à SeaFrance ? Au delà de ses bonnes mesures, le principal enseignement du rapport Perruchot se trouve donc dans son incroyable réception : les syndicats ne sauraient être un sujet de discussion en soi. Voilà qui n'a rien de rassurant.

mercredi 15 février 2012

Du bon usage du référendum

Nous y voilà : Nicolas Sarkozy est candidat à sa propre succession. Cet événement lance plus de deux mois de campagnes présidentielles, où chaque candidat essaiera de faire naître un enthousiasme qui ne se trouve nulle part actuellement. Dans sa déclaration de candidature, le Président a mis en avant les valeurs qui étaient les siennes : travail, responsabilité, autorité, solidarité... Cela lui permet de se positionner dans le débat d'une façon générale, donnant des éléments sur sa personnalité avant d'évoquer des mesures précises. A un tel poste, la personnalité compte évidemment, car une campagne électorale ne peut anticiper tous les événements qui arriveront lors d'une présidence, et être aux affaires c'est déjà affronter une bonne part d'imprévus et de contingences qu'il faut savoir surmonter. Et cela repose plus sur un candidat que sur un programme. A ce titre là, avant comme après être entré à l'Elysée, Nicolas Sarkozy a été un homme solide dans les moments importants. Il appuiera certainement sur cet argument.

Il a profité de cette interview télévisée pour condamner les propos du député Christian Vanneste sur les homosexuels dans les camps de concentration. Là encore, il a eu raison de le faire. Ce n'est pas la première fois que Christian Vanneste fait preuve de son homophobie, et cela n'est pas conforme aux valeurs d'un grand parti de gouvernement tel que l'UMP. Ce sera donc un réel progrès si ce parti arrive à faire siéger quelqu'un d'autre à sa place à l'Assemblée Nationale.

Déclinant son principe de responsabilité, Nicolas Sarkozy a déclaré vouloir dire la vérité aux Français. Cela commence par ne pas nier la situation économique de la France, et donc ne pas faire de promesses coûteuses. La situation dramatique de la Grèce représente bel et bien le bout du chemin pour les pays qui croient pouvoir vivre éternellement à pays. Quand François Hollande prône le "rêve" à grand coup de recrutements de fonctionnaires, lui s'intéresse davantage à la réalité.

Il n'en est pas encore à la présentation détaillée de ses propositions, mais il met en avant la possibilité de référendums sur des sujets tels que la formation des chômeurs ou l'immigration. Ce n'est pas forcément le bon usage du référendum. Pour ces sujets là, si la mesure est bonne, elle peut tout à fait être adoptée au Parlement. Il ne faut donc pas s'attendre à ce que de tels référendums soient vraiment organisés en fin de compte. Autant le savoir dès maintenant. De la même façon, il n'était pas envisageable de faire un référendum sur la TVA sociale. Le débat n'aurait pu être que caricatural, et le Parlement est justement élu pour décider de ce genre de choses.

Un référendum est par contre tout à fait envisageable pour l'inscription de l'interdiction des déficits dans la Constitution. C'est le souhait exprimé par François Fillon, et sur ce point, c'est judicieux. Autant les précédentes révisions de la Constitution adoptées par le Congrès ne se justifiaient pas, autant celle-ci est vraiment nécessaire vu notre incapacité collective chronique à équilibrer le budget de l'Etat. Cela donnerait suffisamment de légitimité pour engager les gouvernements futurs. Actuellement, la gauche étale son irresponsabilité financière à la face du monde en refusant de voter une règle qui fait l'unanimité ailleurs, et ce pour des raisons purement politiciennes. Un débat sur la soutenabilité de notre modèle économique fondé sur les déficits publics permettrait peut-être un réveil collectif sur ce thème. C'est donc la meilleure idée de référendum à défendre actuellement.

dimanche 12 février 2012

Le Petit Journal sans journaliste

Les médias ont trois grandes missions : informer, éduquer, divertir. Normalement, les émissions qui ont des journalistes ont pour but l'information. C'est pourquoi on peut être étonné que le présentateur de l'émission quotidienne Le Petit Journal, Yann Barthès, désigne ses équipes sous le terme de "journalistes", vu qu'il ne s'agit que de divertissement. Cela n'a pas échappé au président de la Commission de la carte de presse, qui s'interroge sur la pertinence du renouvellement de la carte de presse des personnes concernées. Pour commencer, le concept même de carte de presse manque de pertinence, et ne manquerait pas tellement s'il venait à être supprimé. Mais puisqu'on en est à se demander si Le Petit Journal c'est du journalisme, autant le dire clairement, la réponse est non.

C'est une émission humoristique. Elle rencontre un succès mérité, Yann Barthès est talentueux et drôle, et par rapport à d'autres émissions, elle est plutôt moins marquée idéologiquement. Il ne s'agit pas d'informer, mais seulement de se servir de l'actualité comme base pour rire chaque jour. Dès lors, quand Jean-Luc Mélenchon ferme les portes de ses événements aux caméras de l'émission, Yann Barthès peut difficilement invoquer la liberté de la presse pour soutenir qu'elles auraient du être présentes. D'une manière générale, il est préoccupant de confondre information et divertissement.

Cela, on l'a bien compris de l'autre côté de l'Atlantique. L'émission quotidienne américaine The Daily Show est sans conteste la principale source d'inspiration du Petit Journal tel qu'il est fait actuellement. Il suffit de voir ce qu'il s'y fait... Chaque jour, Jon Stewart, le présentateur commente l'actualité sous un angle humoristique, avec de nombreuses images pour appuyer un bon mot ou démontrer des contradictions des personnalités politiques, des "correspondants" qui interviennent en plateau avec des sketchs, ou bien sur le terrain où ils mènent des enquêtes déjantées auprès de ceux qui sont au centre de l'actualité, et une interview à la fin d'un auteur, d'un acteur ou d'un politicien, le tout devant un public. Lors d'événements, il n'est pas rare que les correspondants se mêlent à la foule des journalistes, mais contrairement à eux, il ne sont pas intéressés par le fond, mais cherchent l'élément qui fera un bon gag.

The Daily Show est d'après plusieurs sondages considéré comme une source d'informations pour un public jeune, mais Jon Stewart a toujours rejeté l'appellation de journalisme. Pour lui, son émission a toujours été une parodie de journal télévisé, un programme très humoristique qui n'a aucune vocation à dire la vérité. Il considère que si son émission était considérée comme étant du journalisme, cela voudrait dire que les vraies émissions d'information seraient légitimées à se transformer en émission de spectacle, ce qui serait malsain pour les principes même du journalisme.

Ce qui vaut pour le maître vaut pour l'élève, et il en est du Petit Journal comme du Daily Show : ce n'est pas du journalisme. C'en est une bonne parodie bien sûr, mais il faudrait quand même toujours rester conscient qu'il s'agit d'une parodie, sous peine de finir par confondre le vrai et le faux.

lundi 6 février 2012

Quel changement ?

D'après les sondages, François Hollande représenterait le changement. En effet, comme il n'est pas au pouvoir, son élection représenterait un changement : la photo officielle du Président de la République changerait. Pour le reste, c'est pas grand chose. François Bayrou prévoit une catastrophe si François Hollande arrivait au pouvoir, et l'on s'interroge pour savoir si cela arrivera ou pas. Honnêtement, la situation est bien plus triste que ça. Après l'élection de 2012, quel changement ? La catastrophe, elle est déjà arrivée, il y a bien longtemps déjà. C'était en 1981. L'élection de François Mitterrand, qui constitue encore un modèle capable de faire s'émouvoir les socialistes, a handicapé durablement la France. Depuis, on n'en est pas sorti. Nos entreprises manquent de compétitivité. L'Etat providence est obèse. Tout le monde veut profiter du système, sans vouloir le financer. La France n'a pas eu un budget équilibré depuis des décennies, le chômage a été élevé pendant tout ce temps, et la crise de société va même au delà de ça.

Comme d'habitude, le projet socialiste consiste à taxer plus, et à dépenser encore plus. C'est la façon de vivre de la France. A côté, il y a le programme économique maigrelet de François Bayrou, qui pour "équilibrer la dette" (?) se contente de préconiser un label "Produit en France". Comme en 2002 et 2007, François Bayrou promeut un programme qui reste dans la grande continuité de ce qui se fait déjà. Tout cela ne changera pas grand chose à vrai dire, on continuera dans la grande médiocrité des trente dernières années.

En 2007, Nicolas Sarkozy avait fait campagne sur le thème de la rupture. Certains s'inquiétaient sur le fait qu'un trop gros changement risquait d'effrayer les Français. A vrai dire, ils ne prenaient pas un grand risque. Entre la rupture annoncée et la concrétisation, la différence ne pouvait qu'être notable. Il s'agissait de dépasser les contingences politiques pour briser les conservatismes sociaux et idéologiques. Il y a eu des progrès dans plusieurs secteurs, mais il n'y a pas eu le changement sociétal qui aurait été nécessaire. Par exemple, demander à un chercheur du CNRS ou d'une université de travailler en partenariat avec des entreprises, concrètement, c'est s'assurer de se voir reprocher de vouloir la privatisation de la recherche publique. Des pans entiers de l'économie sont toujours sous la coupe réglée de syndicats irresponsables, comme on le voit avec le port de Marseille. Et une alternance politique ne changerait strictement rien à ces lamentables états de fait, bien au contraire....

Les militants politiques sont souvent plein d'enthousiasme, remplis d'un espoir déraisonnable. C'est bien évidemment le meilleur moyen d'être déçu. Aux Etats-Unis, la déception entraînée par Barack Obama est à la hauteur de l'espoir qu'il avait fait naître. On a les dirigeants que l'on mérite, notre catastrophe actuelle est de notre faute : nous ne voulons pas d'un vrai changement.

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