Réflexions en cours

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

mardi 27 juillet 2010

Que vaut le bac ?

Marronniers traditionnels des mois de juin et de juillet, l'examen du baccalauréat et l'annonce de ses résultats posent chaque année la même question : que vaut le baccalauréat aujourd'hui ? Les ministres ont beau changer, leur réponse est toujours la même. Le bac garde toute sa valeur. Et cela même si les taux de réussite ont drastiquement augmentés (on peut même parler d'explosion) sur les dernières décennies. Peuvent-ils vraiment dire autre chose ? Le moindre commentaire négatif les verrait accusés de dévaloriser le premier diplôme de centaines de milliers de jeunes, et lancerait immédiatement une polémique sur l'opportunité de conserver l'examen sous sa forme actuelle.

Il y eut, dans les années 80, une politique assumée de massification de l'enseignement secondaire au niveau du lycée. Encore aujourd'hui, Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre de l'Education de l'époque, fait valoir qu'il s'agissait d'une "volonté politique progressiste". Mais s'il affirme que la qualité doit rester la même avec l'augmentation du nombre des élèves, force est de constater que sur ce point, il n'a pas été suivi. Plusieurs éléments permettent de le penser. Déjà, la simplification des épreuves : dans les baccalauréats généraux et techniques, la dissertation n'est plus qu'optionnelle dans les matières où sa maîtrise était autrefois indispensable. Dans certaines épreuves, comme celle de mathématiques, il y a même des QCM : l'élève choisit sa réponse sans avoir besoin de la démontrer, et sans être sanctionné en cas d'erreur. En outre, si les rapports d'examinateurs ne cessent de parler de compétences généralement à peine maîtrisées, le niveau général des notes tend à augmenter. Les témoignages sur les fameuses réunions d'"harmonisation" des notes affluent : il s'agit en fait de réévaluer à la hausse l'ensemble des copies pour éviter des résultats globaux trop mauvais. Et cela se passe chaque année. Et si cela ne suffisait pas, la mascarade des options prend le relais. Entre le TPE et les options facultatives, la moyenne générale de l'élève est forcément augmentée, sans aucun risque pour lui.

Aujourd'hui, tout lycéen travaillant normalement tout au long de la terminale est sûr d'avoir son bac. La question ne se pose que pour ceux qui commencent à s'en soucier au dernier moment, certes très nombreux à cet âge. Mais pour les autres, l'incertitude est plus sur la mention que l'on va décrocher. Et ceux qui travaillent vraiment ont peu de peine à taper haut. Le journal Le Figaro explique ainsi que la moitié des bacheliers décrochent une mention aujourd'hui (contre 32 % en 1967), et même 7 % obtiennent la mention très bien (contre 0,3 %). Dès lors, comment s'étonner que le nombre d'élèves parvenant à avoir plus de 20/20 de moyenne générale se multiplie, à tel point que cette année on en a trouvé deux dans le même lycée de Brest ?

Pour ces raisons, certaines personnes préconisent d'instaurer un contrôle continue au lycée, afin d'éviter les coûts de l'organisation de l'examen. Cela finirait en effet de transformer le bac en mascarade, comme l'est devenu depuis bien longtemps le brevet des collèges. Mais il y a un enjeu derrière cela : le bac donne la possibilité d'entrer à la fac, et le taux d'échec y est tel que l'on peut parler d'un énorme gâchis humain. Les facs ne peuvent sélectionner leurs étudiants, et le seul passeport d'entrée est presque donné dans une pochette surprise. Elles sont donc obligées de gérer une foule d'étudiants qui n'ont dès le départ pas le niveau, et dans de nombreux cas, la sanction tombe dans les deux premières années d'université. En considérant cela, la plaisanterie est un peu moins drôle.

samedi 24 juillet 2010

Contre la banalisation de la drogue

Voilà deux faits d'actualité qui se succèdent coup sur coup. D'une part, les médias se font l'échos d'une "déclaration de Vienne", dans laquelle certains scientifiques se prononcent contre la "criminalisation" des drogues, pour la mauvaise hygiène que celle-ci engendrerait parmi les toxicomanes. D'autre part, la ministre de la santé Roselyne Bachelot étudierait la possibilité d'ouvrir des salles de consommations de drogues, où les toxicomanes pourraient continuer en toute sécurité à s'injecter des produits hautement dangereux pour leur organisme. Nous sommes donc en présence d'un mouvement souhaitant banaliser l'usage de la drogue pour que les drogués aient une meilleure hygiène. Or c'est oublier un point fondamental : la meilleure hygiène de vie commence par ne pas consommer de drogues ! Les toxicomanes n'ont pas besoin qu'on les aide à prolonger leur descente aux enfers, ils doivent être aidés à arrêter de consommer des produits si dangereux.

L'argument selon lequel des salles de consommation permettraient aux toxicomanes de ne pas s'échanger leurs seringues ne tient pas. Ils ont d'ores et déjà à disposition des distributeurs de seringues neuves pour leur permettre de se droguer en ne subissant que les dangers des stupéfiants (avec les risques de produits coupés à diverses substances, d'overdose, ou de déchéance physique). S'il y a tant de crédits disponibles que cela, il serait en revanche préférable d'augmenter les crédits alloués à la recherche en de meilleurs produits de substitutions, ou bien dans des centres de désintoxications. L'Etat n'a pas à aider par la main ses citoyens dans leurs suicides.

De même, il est hors de question de rendre l'usage de stupéfiants légal. La banalisation des drogues ne sauverait pas de vie, bien au contraire. L'alcool et le tabac font déjà suffisamment de dégâts pour qu'on veuille les accompagner de substances encore plus dangereuses. Il faut que chacun comprenne, dès le plus jeune âge, le danger représenté par les drogues, que leurs séductions temporaires ne sont que la porte d'entrée vers une mort précoce. Là où le travail doit se faire, c'est dans la sensibilisation de tous pour que plus personne n'accepte d'essayer une quelconque drogue, même "pour voir". La conscience sociale ne doit pas sous-entendre que c'est quelque chose d'agréable, un plaisir défendu, mais bien une stupidité grave et irresponsable. Et évidemment, le trafic de stupéfiants doit être combattu sévèrement.

Il est donc parfaitement regrettable que ce soient des personnes dépositaires d'une autorité, comme des scientifiques ou une ministre, qui ouvrent la voie vers une banalisation des drogues, lorsqu'elles font tant de dégâts. Ce n'est pas la soumission qui doit prévaloir face à un danger, mais la volonté de le combattre.

free hit counter