Réflexions en cours

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mardi 23 septembre 2008

Grèves...

La Poste fait grève : le projet d'ouverture du capital de son président ne sont semble-t-il pas acceptés par les employés de l'entreprise publique. Sur le fond, on peut certes se demander si cela est bien utile : actuellement, la Poste fonctionne plutôt bien, surtout dans la partie distribution du courrier, peut-être moins en guichet. On peut rester circonspect sur les effets de l'ouverture à la concurrence : elle est déjà effective sur les colis, sans que la Poste en souffre beaucoup jusqu'à présent, et en ce qui concerne le courrier lettres, il n'est pas certain qu'une autre entreprise veuille réellement mettre en place une importante infrastructure dans toute la France alors que les marges sont en fin de compte assez faible. Sur la forme, les demandes de référendum national dans le cadre des dernières modifications constitutionnelles sont assez ridicules, surtout par rapport à un sujet qui n'apparait pas avoir une importance primordiale dans la vie des Français. Du reste, la grève est modérément suivie par les employés de la Poste, montrant qu'ils ont pour une bonne partie d'entre eux, une véritable éthique professionnelle.

Voilà précisément ce qu'il manque aux grévistes de la RATP et de la SNCF, qui en bloquant la ligne B du RER francilien, pénalisent lourdement les vies de centaines de milliers de personnes, souvent déjà pénibles par le temps considérable passés dans les transports en commun lorsque ceux-ci fonctionnent à peu près. Pour des raisons totalement corporatistes, les grévistes de la ligne B font à nouveau passer leur intérêt particulier devant l'intérêt général. C'est tellement une habitude de la part de la RATP et de la SNCF qu'une loi avait été spécialement adoptée pour réduire ces nuisances. Aujourd'hui, on peut se demander ce qu'est devenu le service minimum. Il est censé être en vigueur, mais n'est certainement pas mis en œuvre. C'est surtout la preuve que cette loi était largement insuffisante, et peu adéquate pour encadrer les professionnels de la grève et protéger la population.

Il faut définitivement en tirer les conséquences, en empêchant la grève dans les services si essentiels à la France qu'ils en sont publics, ce qui est possible dans le cadre de la Constitution actuelle. Si l'on en est à appeler la tenue de référendums d'initiative populaire pour des sujets tels que l'ouverture du capital de la Poste, en faire un sur un projet visant à limiter vraiment la grève dans les services publics essentiels ne parait pas absurde. Et celui-ci rassemblerait certainement d'avantage la population autour de lui.

mercredi 3 septembre 2008

43 ans de cotisations retraite

Le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, n'est pas de bonne humeur. Il avait approuvé la réforme des retraites de 2003, lorsque François Fillon était ministre des Affaires sociales, alors que celle-ci allongeait la durée des cotisations nécessaires pour toucher une retraite à temps plein, passant de 37,5 ou 40 à 42 ans à terme. La logique était que pour ceux qui ont commencé à travailler tôt, il serait possible de partir en retraite à taux plein avant 60 ans, l'âge légal, à condition d'avoir fini de cotiser 42 années. Tant François Fillon et François Chérèque considéraient que cet accord était juste, car au bout du compte, ce serait bien 42 ans pour tout le monde. Ce n'est pas encore le cas, car en 2003, il n'y a eu que le départ du passage de 37 ans et demi à 40 ans pour les fonctionnaires. La loi prévoyait que les partenaires sociaux se retrouvent en 2008 pour faire le bilan, et surtout pour enclencher le départ du passage de 40 à 41 ans de cotisation pour tout le monde pour une retraite possible à l'âge de 60 ans ou plus, le passage aux 42 ans devant intervenir plus tard. Seulement, une obscure circulaire passée fin juillet fait que des salariés devront désormais cotiser 172 trimestres, soit 43 ans, pour partir en retraite à taux plein avant 60 ans, s'ils ont commencé à travailler jeune. En augmentant dans le dispositif "carrières longues" d'un, deux, trois ou quatre trimestres la durée obligatoire de cotisation pour ceux nés respectivement en 1949, 1950, 1951 ou 1952, le gouvernement renie ses engagements passés, met fin à l'aspect juste de la loi de 2003, et fait de François Fillon, l'actuel Premier ministre, un homme qui manque à sa parole.

Bien sûr, le dispositif "carrières longues" s'est révélé bien plus coûteux que prévu. C'est la conséquence d'une faille qui s'est révélée grave : les salariés qui ont commencé à travailler très jeune (à partir de 14 ans par exemple) et qui n'ont plus de papiers de l'époque pour le prouver se sont vus accorder la possibilité de se faire reconnaître les trimestres travaillés à l'époque, à condition que l'employeur déclare avoir employé ledit salarié à ce moment. Autant le reconnaître immédiatement, les déclarations sur l'honneur peuvent avoir une valeur juridique, mais elles n'empêchent visiblement personne de mentir. Nombreux furent les salariés qui se sont ainsi inventés une jeunesse au travail, s'arrangeant avec d'anciennes connaissances pour obtenir une fausse déclaration à qui cela ne coûtait rien, et ont profité de la généreuse et naïve loi pour partir immédiatement en retraite, sans avoir cotisé les 42 ans prévus. Pour les caisses de retraites, c'est une perte en matière de cotisations, et une dépense supplémentaire en matière de pensions à payer. La charge est lourde.

Mais cela ne justifiait certainement pas ce passage de facto à 43 ans de cotisations pour certaines salariés, car aucun ne devrait cotiser plus de 42 ans pour toucher une retraite à temps plein. Le mouvement entraîne une dégradation brutale du contrat, dont les victimes sont en fin de compte les salariés qui ont respecté les règles. Ils ont commencé à travailler tôt, dans des métiers souvent difficiles et rarement bien rémunérés et les voilà contraint à rester pour travailler jusqu'au bout. C'est tout simplement injuste, et même immoral. Il y a des leaders syndicaux irresponsables, qui disent toujours non à tout. François Chérèque n'est pas de ceux là, et lorsque la CFDT se met en colère, il faut généralement y faire attention, car cela veut dire que le problème est sérieux. Cette circulaire faisant passer la durée de cotisation obligatoire au dessus de 42 ans est une funeste erreur, qui fera d'autant plus de mal à la droite par la rancœur qu'elle entraîne qu'elle n'est pas issue d'une loi clairement débattue publiquement.
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