Réflexions en cours

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mercredi 22 août 2012

Les côtés positifs de la gauche au pouvoir

François Hollande est à l'Elysée, Jean-Marc Ayrault est à Matignon, on en a pour cinq ans de gauche au pouvoir. Pour l'instant, elle ne fait pas grand chose, il est même surprenant que les 100 premiers jours, période la plus favorable au pouvoir pendant un quinquennat, ait été marqué d'une si grande inactivité. Le Parti Socialiste avait un programme, mais il étant en grande partie inapplicable il est vrai. Il y a pourtant quelques points qui mériteraient de l'être, car la droite ne risque pas de s'en charger et ils peuvent être nécessaires :
  • La suppression du cumul des mandats. Jusqu'à présent, seule la gauche s'est engagée sur cette mesure fondamentale pour notre bon fonctionnement démocratique. Le cumul est une spécificité française, et pour deux mandats cumulés, on est sûr qu'un d'entre eux sera mal assuré. Généralement, c'est le mandat de parlementaire qui pâtit alors que le local est privilégié, être député ou sénateur n'est plus pour beaucoup qu'un titre honorifique. Néanmoins, cela n'a pas l'air d'être une urgence pour le nouveau pouvoir, et les élus socialistes semblent vouloir s'y opposer malgré tous les engagements pris.
  • Le mariage homosexuel. Ce n'est pas le mariage homosexuel qui nuira au mariage ou à la famille, celle-ci souffre bien davantage des divorces ou des séparations de couples qui ont des enfants. S'il doit y avoir des mariages homosexuels, que ce soient des mariages qui durent au moins. Une grande partie de la droite est loin d'être hostile au principe, mais comme une partie de son électorat est contre, elle ne s'engage pas sur ce point, assez accessoire par rapport aux autres il est vrai.
  • La tarification des actes médicaux. Les dépassements d'honoraires sont de plus en plus scandaleux, et méritent une action énergique à ce sujet. Le gouvernement semble en avoir pris conscience, et a déclaré vouloir agir à ce sujet. De son côté, la droite n'a pas voulu le faire, gardant le souvenir de la réforme de la Sécurité Sociale en 1995 : les médecins font partie de l'électorat de droite, et ils avaient mal pris cette tentative de réforme. Si la droite ne peut faire face à ce lobby, autant que la gauche s'en occupe quand elle en a l'occasion.
Ce doit être à peu près tout : pour le reste, il y a des réformes voulues par la gauche qui ne sont pas nécessaires, et il y a des réformes nécessaires qui ne sont pas voulues par la gauche...

lundi 13 août 2012

Etat des lieux des arts

Il existe un ministère de la culture, aux diverses missions. Selon son site Internet, "il conduit la politique de sauvegarde, de protection et de mise en valeur du patrimoine culturel dans toutes ses composantes", et "il favorise la création des œuvres de l'art et de l'esprit et le développement des pratiques et des enseignements artistiques". La première phrase résume bien quel devrait être son objet. En revanche, la création des oeuvres d'art ne devrait pas relever de l'autorité publique. Ce n'est pas à l'Etat de décider de la création artistique, son rôle est seulement de préserver le patrimoine artistique passé. Pour le reste, cela repose sur la relation entre les créateurs et leur public. Généralement, ça se passe pas mal. Voyons cela en détail, pour savoir où nous en sommes, artistiquement parlant.

Aujourd'hui, le théâtre est bien loin d'avoir l'influence qu'il avait autrefois. Bien entendu, de nouvelles pièces apparaissent encore constamment, et de nombreux acteurs y travaillent ardemment. Mais avec l'arrivée du cinéma et de la télévision, le format est moins pertinent pour raconter une histoire. En filmant une scène, on peut conserver sa meilleure version pour l'éternité, et les possibilités de mises en scène sont démultipliées. Si n'importe quelle pièce de théâtre peut être bien retranscrite en film, l'inverse n'est pas vrai, bien sûr. Et dès lors, malgré toutes les nouvelles pièces, presque aucune ne marque l'imaginaire collectif, et au cours des soixante dernières années, aucune n'est restée vraiment célèbre. On a le choix entre le théâtre de boulevard, populaire mais très éphémère, les pièces classiques pré-cinéma, et les créations prétentieuses et incompréhensibles, qui n'existent que grâce aux subventions. Une requête fréquente des milieux artistiques est qu'on en fasse plus pour le théâtre, en en diffusant davantage à la télévision ou en le rendant accessible au plus grand nombre. Mais à partir d'un moment, si le plus grand nombre n'y va pas spontanément, c'est qu'il a mieux à faire.

Le duo élitisme et subventions, l'opéra le connait bien, mais à un degré encore plus poussé encore. Là encore, on s'interroge sur ce qu'il faut faire pour pousser les gens à assister à des opéras, sans se demander s'il faut vraiment que les gens y assistent. Il n'y a plus vraiment de nouveaux opéras, ce sont globalement toujours les mêmes qui sont rejoués. Alors, les metteurs en scène essaient de prouver leur créativité en supprimant les décors, où en faisant des anachronisme dans les costumes. Cela manque d'intérêt.

En fin de compte, la chanson a quitté l'opéra, et elle a bien fait. Grâce aux disques, la musique en général est devenue très populaire, et la création musicale s'est engouffrée dans les foyers par ce biais. Pour le coup, on ne manque pas d'illustres créateurs depuis la seconde guerre mondiale, qu'ils s'appellent Elvis Presley, les Beatles, Michael Jackson ou Madonna à l'étranger, ou bien Johnny Halliday en France. Si la chanson française demeure bien vivante à l'heure actuelle, beaucoup plus que chez les chansons locales chez certains de nos voisins européens, on peut néanmoins regretter que de nombreux jeunes artistes français talentueux choisissent spontanément de chanter en anglais. Il serait intéressant de varier davantage les langues des chansons que l'on entend à la radio. En dehors de la chanson, même la musique classique arrive à rester créative, grâce aux apports des compositeurs de musiques de films (tel John Williams) ou de jeux vidéos (comme Nobuo Uematsu).

Le secteur de la musique reste populaire, mais est confronté à une crise de son business model, à cause du piratage sur Internet. Le cinéma, lui, arrive toujours à remplir les salles sur ses nouveaux films. Les records de recettes en salle sont régulièrement battus pour les blockbusters américains. Le cinéma français s'en sort également pas trop mal, il a des réalisateurs et des acteurs de qualité, mais ses performances se limitent au domaine de la comédie. Le fait que la France fasse d'excellentes comédies est une bonne chose bien sûr, mais ce serait encore mieux si on pouvait faire d'autres films avec autant de succès. Pourquoi ne pas faire des films à grand spectacles, divertissants et attrayants pour le plus grand nombre ? Des films comme Pirates des Caraïbes ou Le Masque de Zorro peuvent être des modèles pour le cinéma européen. La France dispose d'ailleurs d'un grand réservoir culturel pour de tels films. Après tout, Alexandre Dumas ou Jules Verne font partie des auteurs qui ont favorisé une fiction spectaculaire et captivante. Il y a de nombreux romans, faits historiques ou mêmes bandes dessinées qui peuvent être adaptées au cinéma. Par exemple, pourquoi n'y a-t-il pas encore eu d'adaptation d'une BD à succès comme Lanfeust de Troy ? Si c'est une question de budget, les coproductions au niveau européen peuvent être la solution.

En matière de fiction télévisée, la France est touchée par les mêmes problèmes qu'en cinéma, mais en plus prononcée. Seules les comédies surnagent (et encore, essentiellement les programmes courts), mais cela reste le marasme pour les séries et les téléfilms, de manière bien plus prononcée qu'à l'étranger. Il y a de graves problèmes de réalisation, de scénarios, et mêmes parfois d'acteurs. De ce fait, notre fiction télé s'exporte médiocrement.

La littérature francophone n'a pas ce genre de soucis. On peut même être marqué par son abondance. Contrairement à d'autres arts, les importations restent très mesurés en fin de compte. Il n'y a pas vraiment de grands nouveaux ouvrages de poésie, les poètes étant désormais auteurs de textes de chansons. En revanche, en matière de romans, il y a de quoi faire. Si l'on trouve encore trop d'écrivains à la vision du monde sordide comme Michel Houellebecq, d'autres se distinguent par leur inventivité, comme Amélie Nothomb. Ces grands auteurs se vendent encore très bien.

Le secteur de la bande dessinée a également de grandes performances, même si la frénésie frôle parfois la surproduction. La BD franco-belge a beaucoup de qualités, mais s'exporte encore assez peu par rapport aux comics et aux mangas. C'est dommage. Plutôt que de multiplier le nombre de séries différentes, la course au productivisme devrait plutôt s'efforcer d'accélérer le rythme des sorties pour les séries les plus fortes. Attendre un an pour la sortie d'un album de 44 pages, c'est déjà trop long pour si peu.

En ce qui concerne la peinture et la sculpture, nous sommes face à un naufrage mondial. Ces arts plastiques ont été gravement atteints par la vague de l'abstraction, ce qui fait qu'ils ne représentent plus rien. On a atteint le fond avec les monochromes ou les colonnes Buren, ces escroqueries honteuses. Certains essaient de promouvoir le retour d'un art figuratifs de qualité, en passant d'abord par la réhabilitation d'artistes oubliés, comme William Bouguereau. Il est à espérer qu'à l'avenir, nos musées d'art contemporains ne seront plus remplis par des objets simplement laids.

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