Réflexions en cours

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samedi 30 avril 2011

Petite histoire du 20 avril 2002

Cela ne fait pas encore quatre années que la dernière élection présidentielle a rendu son verdict, mais de part et d'autres de la toile, on s'interroge déjà du choix à faire pour la prochaine élection. Or faire un bilan du Président actuel alors qu'il lui reste un cinquième de son mandat peut paraître un peu prématuré. Par ailleurs, les programmes électoraux restent encore très flous. Pour ma part, je considère donc qu'il est encore trop tôt pour faire un choix définitif. Peut-être sera-t-il plus intéressant de raconter comment ont été faits mes choix lors des dernières élections présidentielles.

Je me considère comme avant tout un fédéraliste européen. Après avoir défendu le "oui" au Traité Constitutionnel Européen sur le terrain en 2005, quelques mois avant la création de ce blog, ce fut le premier prisme de mon jugement. Tous les candidats potentiels de l'élection de 2007 furent passés à un filtre rapidement discriminants : je ne pris en considération que les candidats qui soutinrent le Traité de Maastricht, le TCE, et s'opposent à l'adhésion de la Turquie à l'Union Européenne (subitement devenu un enjeu important après l'ouverture des négociations de 2004, qui me laissa stupéfait). Trois questions simples, auxquelles ne "survivaient" que deux candidats : François Bayrou et Nicolas Sarkozy.

Lors de la (bien morne) campagne présidentielle de 2002, j'avais déjà beaucoup hésité entre deux candidats :
  • François Bayrou, qui à cette époque, avait un programme qui collait totalement à mes idées en matière de construction européenne. A de nombreuses occasions, j'aurais pu signer ses prises de position en la matière. Cela m'avait d'ailleurs poussé à voter pour les listes UDF aux européennes de 2004. Malheureusement, il s'est depuis éloigné de ce chemin, la campagne des européennes de 2009 étant particulièrement navrante.
  • Jacques Chirac, qui avait déjà été le candidat de mon choix en 1995. Son programme était peut-être plus générique, moins proche de mes convictions, mais quelques mesures avaient quand même mon assentiment.
Le 20 avril 2002, la veille du premier tour, je me retrouve donc sur mon fauteuil, à relire une nouvelle fois les professions de foi des candidats. C'est à ce moment là qu'un élément me revient en mémoire. Le mercredi précédent, le 17 avril, le journal Le Monde a publié un sondage montrant que Jacques Chirac et Lionel Jospin baissaient tous deux rapidement, alors que Jean-Marie Le Pen grimpait à la même vitesse, retrouvant ses plus hauts niveaux enregistrés. Le samedi, il n'y avait plus de sondages, mais il n'y avait pas de raisons que cette évolution ne se poursuive pas. Je pris donc la résolution de voter pour le candidat que je voulais voir au second tour, Jacques Chirac, charge aux gens de gauche de faire la même chose de leur côté.

Le lendemain, quand les émissions spéciales commençaient entre 18 h et 19 h, tous ceux qui passaient à l'antenne ne se faisait pas prier pour expliquer de façon plus ou moins voilée que Jean-Marie Le Pen arriverait au second tour. Cela voulait dire que Lionel Jospin, moins bien placé que le Président sortant à l'approche des élections, était éliminé. Sachant cela, le voir arriver souriant à son QG de campagne, ignorant ce que des millions de personnes avaient déjà compris, fut particulièrement déroutant. Je n'ai pas du tout regretté ce vote, mais le choc fut violent quand même. Ce soir là, seul Jean-Louis Borloo (que je ne connaissais pas) trouva les bons mots. Je fus alors convaincu de la nécessité d'opérer des changements rapides et importants. Et c'est avec cet angle d'attaque que Nicolas Sarkozy arriva à se démarquer par la suite.

Je ne choisirai pas un candidat socialiste pour la prochaine élection présidentielle. Même si ce candidat s'avère raisonnable et prestigieux, il ne pourra qu'être tiré vers le bas par son parti et les projets irresponsables qui vont avec. En fait, parmi les candidats potentiels actuels, mon choix se fera probablement entre trois possibilités :
  • François Bayrou, encore une fois. Mais il a un vrai problème de positionnement depuis 2007, et a souvent privilégié une opposition systématique par rapport à une approche constructive.
  • Jean-Louis Borloo, que j'estime depuis longtemps. L'humiliation du centre au dernier remaniement lui ouvre un chemin.
  • Nicolas Sarkozy. Il a commis des erreurs parfois rageantes, mais les reproches qui lui sont faits sont particulièrement exagérés. La haine irrationnelle dont il fait l'objet n'est que le reflet de ses quelques faibles tentatives d'apporter des changements importants. Autant de fureur pour une "rupture" si peu prononcée, cela laisse entrevoir la façon dont la France est complètement verrouillée de partout. A son détriment.

mercredi 27 avril 2011

L'âge de la responsabilité

Faut-il accorder le droit de vote à partir de l'âge de 16 ans ? Les arguments qui vont dans ce sens sont peu nombreux. L'un d'entre eux consiste à dire que la jeunesse étant importante, elle doit pouvoir s'exprimer dans les urnes. C'est particulièrement bref. Sous le motif que "la démocratie ne peut être interdite aux moins de 18 ans", elle doit être partagée dès 16 ans. Mais pourquoi 16 ans ? Faut-il interdire la démocratie aux centaines de milliers de personnes de 15 ans ? Aux millions qui sont encore plus jeunes ? Ce raisonnement est absurde, on s'en rend compte aisément. La démocratie n'est pas interdite aux moins de 18 ans, elle est accessible à l'ensemble des citoyens français adultes.

La vraie question est donc celle de l'âge où l'on devient adulte. Il faut donc bien mettre la barre quelque part. Celui qui a le droit de vote a également le droit (ou le devoir) de se faire trouer la peau au besoin à l'armée, et est passible des peines les plus fortes en cas de crime ou de délit de sa part. Car être adulte, c'est être responsable. Actuellement, il existe une procédure pour que des personnes âgées de 16 ou 17 ans puissent se faire émanciper, c'est-à-dire sortir de la tutelle de leurs parents pour les décisions les concernant. Si les personnes émancipées sont également mobilisables et entièrement responsables de leurs actes devant la loi, en bref, si elles ont toutes les obligations d'une personne adulte, alors elles doivent pouvoir avoir le droit de vote. Dans le cas contraire, il n'est pas question que l'on ait les droits de citoyens sans en avoir tous les devoirs.

De toute façon, la question ne se pose pas vraiment. Pour des politiciens désespérés de se faire bien voir par la jeunesse, cette proposition peut paraître attrayante. Mais les principaux concernés ne sont de toute façon pas demandeur. Pour s'en convaincre, il suffit de voir le taux d'abstention parmi les électeurs les plus jeunes. Bien sur, il existe toujours une minorité qui aimerait pouvoir voter un peu plus tôt car elle s'intéresse à la chose politique. C'est tout à l'honneur de ceux-là, et l'on peut regretter que ce ne soit pas le cas de tous. Seulement, l'attente d'un certain âge n'a rien de terrible, et chaque chose arrive en son temps. En l'occurrence, il faut bien fixer la barre quelque part, et celle de 18 ans n'a rien de terrible, elle est même partagée dans bien des pays. Laissons-la tranquille.

mercredi 20 avril 2011

Le rapport de la cour des comptes sur les transports ferroviaires franciliens

En novembre dernier, la Cour des comptes et la Cour des comptes francilienne ont publié un rapport sur les transports ferroviaires (RER, Transilien, métro, tramway) en Ile-de-France. La lecture de ce rapport fait en fin de compte écho à ce que vivent quotidiennement les usagers des transports en commun franciliens. On n'est donc pas surpris de voir mentionnés le manque de fiabilité du matériel, le manque d'investissements et l'irrégularité chronique des trains. La faute en incombe à la SNCF, à la RATP, mais aussi au STIF (Syndicat des Transports d'Ile-de-France), l'autorité politique qui les organise.

Au delà des constats implacables sur les déficiences de service, on peut distinguer plusieurs points d'amélioration. Le premier est le manque d'investissements. Il y a pourtant des contrats de plan Etat-région pour le financement des projets ferroviaires. Le contrat 2000-2006 prévoyait plus de trois milliards d'investissements pour favoriser les déplacements de banlieue à banlieue et rendre les transports en commun plus attractifs. De très nombreux projets étaient prévus : rocade de tramway en petite couronne, tangentielles de grande couronne, nouvelles gares... En 2006, seules 6 des 41 opérations prévues étaient mises en service. A l'heure actuelle, la plupart d'entre elles n'ont même pas commencé (à commencer par le prolongement de la ligne E du RER, qui aurait pourtant mérité d'être entamé dès 1999). La sous-évaluation des besoins des projets et le sous-investissement chronique mis en place par les trois organismes est responsable de cet état de fait.

La Cour des comptes préconise de dégager des marges de financement dans la recherche de gains de productivité. Mais au vu des réponses de la SNCF et de la RATP, cela ne semble pas être dans la culture d'entreprise. Les différences entre ces deux entreprises sont également à l'origine de retards. Les interconnexions sur les lignes A et B de RER, entre la RATP et la SNCF sont source de nombreux retards. Sur la ligne B, le fait que les trains soient conduits par le même conducteur depuis peu est une source d'améliorations, mais la Cour des comptes préconise d'étudier la possibilité de mettre fin à l'entière gestion partagée des deux lignes. Cela risque difficile. En effet, le président de la SNCF, Guillaume Pépy, pense qu'il ne s'agira pas d'un facteur décisif de progrès. Il devrait prendre la ligne A régulièrement pour voir ce que cette interconnexion peut provoquer comme rupture dans le rythme du train.

La Cour des compte met également en avant la nécessité d'augmenter le poids de la ponctualité des trains dans l'indicateur de régularité de service. En effet, actuellement, l'information donnée aux voyageurs est aussi importante que la simple ponctualité, ce qui permet à la RATP d'échapper à des malus dans les dotations publiques du STIF pour son fonctionnement. D'après la Cour des comptes, cela en est à un point où la ponctualité n'est plus vraiment un critère discriminant. Alors que la dégradation des conditions de transport est constante pour les voyageurs, le bonus reçu par la RATP au titre de la qualité de service augmente. Cela peut paraître incompréhensible. On en perçoit mieux les raisons en lisant la réponse du président du STIF, le président de la région Ile-de-France Jean-Paul Huchon, sur ce point : "le montant du bonus de la RATP étant aujourd’hui redistribué à ses salariés, toute modification qui induirait une baisse sensible de ce bonus est délicate à mettre en oeuvre".

Voilà le coeur du problème : la qualité du service est artificiellement considérée comme élevée pour permettre d'augmenter les rémunérations des agents de la RATP. Jean-Paul Huchon conclue sur la nécessité de désintéresser les salariés sur la qualité du service rendu. C'est un très mauvais raisonnement. Il faudrait faire l'inverse, et vraiment impliquer les salariés sur la qualité de service de la RATP, pour les motiver à l'améliorer quand il est vraiment mauvais. Le principe de la rémunération au mérite n'est pas de truquer les indicateurs de performance pour acheter la paix sociale, mais bien de motiver les salariés à rendre le meilleur service possible aux usagers. Et cela, tant les opérateurs que l'autorité politique semblent l'avoir oublié.

lundi 18 avril 2011

Six billets sur 600

Ce blog compte désormais environ 600 billets. Comme à chaque centaine, je parle de ce blog, cela veut dire que je n'évoque pas un thème plus intéressant. Pour compenser les six billets sans vrai fond qui en résultent (celui-là compris), je remets en avant six anciens billets représentatifs de ce que l'on peut trouver ici. Ils sont présentés par ordre chronologique :
  • De l'intégration et du multiculturalisme : 1607 mots pour le premier billet du blog, où j'expose ma préférence pour l'assimilation des minorités. Plus de cinq ans après, je n'ai absolument pas changé d'opinion sur cette question, qui reste complètement d'actualité.
  • Analyse politique et économique de la société des Schtroumpfs : un billet qui m'a valu d'être (mal) cité dans un mémoire de DEA. On y découvre que le communisme ne peut fonctionner que dans des petits villages de lutins imaginaires.
  • Service maximum ! : il faudra bien qu'un jour un gouvernement mette fin à l'enfer quotidien que représente la gréviculture pour les usagers des transports en commun.
  • Une nation européenne ? : certes, la nation européenne n'existe pas pour l'instant, mais les peuples européens ont intérêt à se découvrir une communauté de destin.
  • Euro, Nutella et petit déjeuner : l'euro a-t-il provoqué une flambée des prix pour les consommateurs ? Eh bien pas tant que ça en fait.
  • Le cercle de la politique : où il est expliqué que les extrêmes se rejoignent et que l'extrême gauche et l'extrême droite ne valent pas mieux l'une que l'autre. Visiblement, ce n'est pas encore évident pour tout le monde.
Voilà pour le regard vers le passé. Pour ce qui est de l'avenir, je vais essayer d'être constructif au moment où les programmes des partis se construisent dans le cadre de la prochaine présidentielle. Cela se traduira par la publication, d'ici l'été, de mon propre programme présidentiel ! J'ai déjà une liste de plusieurs dizaines de propositions. Evidemment, j'espère que d'autres citoyens/blogueurs suivront la même démarche, et posent sur la table leurs propres propositions concrètes. Car il faut bien se rappeler que la politique n'est pas une affaire de politiciens, mais de citoyens...

vendredi 15 avril 2011

Burqa et respect de la loi

Il y a désormais une loi interdisant de se voiler la face. On pourrait la prendre métaphoriquement, et en tirer les conclusions qui s'imposent, notamment en termes de politiques à mettre en œuvre. Mais cette loi s'avère très concrète : certains pensaient que c'était déjà le cas auparavant, mais il est maintenant interdit de se masquer le visage, que ce soit par une cagoule, une écharpe ou une burqa. C'est ce dernier cas qui a fait couler le plus d'encres. En dehors des strictes considérations de sécurité qu'il y a à agir masqué, les opposants de la loi ont mis en avant le fait que l'on devait pouvoir s'habiller comme on le voulait. L'argument porte peu, vu qu'il est déjà interdit de se promener nu dans les rues, cela montre bien que la loi peut poser certaines limites culturelles. Et en France, on ne se masque pas le visage si l'on veut vivre ensemble. Les opposants à la loi ont aussi mis en avant le fait que seulement quelques milliers de femmes portaient la burqa ou le niqab, ce qui faisait peu de gens. Certes, mais il n'y a pas si longtemps, il n'y en avait pas du tout. Mieux vaut stopper cette pratique avant qu'elle ne prenne encore plus d'ampleur.

Enfin, certains opposants de cette loi ont déclaré qu'elle serait "inapplicable". En l'occurrence, il s'agit de mettre une amende aux personnes qui persistent. Cela n'a rien de si compliqué. Mais l'on peut en effet douter que ce sera la première priorité de la police. Le mot "inapplicable" désigne alors le fait qu'il y aura que peu de sanctions au non respect de la loi. Cela dénote quand même une conception un peu gênante de la loi et de la citoyenneté. Le bon terme est alors "faire appliquer" la loi. C'est le rôle des forces de l'ordre, mais ce n'est qu'une partie de la question. Ceux qui "appliquent" la loi, ce sont les citoyens. La population est tenue de respecter la loi, voilà tout. Jusqu'à présent, on pouvait légalement s'habiller en burqa. Ce n'est plus le cas maintenant. Telle est loi, et chacun est tenu de l'appliquer.

L'important n'est pas le "sinon", la peine qui s'applique en cas de non respect. C'est le "devoir". Pour ceux qui se soucient de moralité, de citoyenneté et de vivre ensemble, cela devrait suffire. En effet, peut-on penser que l'on peut ne pas respecter les lois si l'on n'est sûr de ne pas être pris ? Ce serait remettre en cause les bases de notre société. Malheureusement, la peur du gendarmes est parfois bien nécessaire pour que les personnes les moins respectueuses de la communauté ne fassent pas n'importe quoi. Mais le policier ne peut être l'unique force qui guide notre action, nous devons respecter la loi par nous mêmes. Dès lors, celles qui affirment ne pas vouloir respecter la nouvelle loi montrent encore plus leur refus de respecter la société dans laquelle elles vivent...

jeudi 14 avril 2011

Les chaînes de propagande internationale

La guerre ouverte que se mènent Christine Ockrent et Alain de Pouzilhac à la tête de France 24 puis de l'Audiovisuel Extérieur de la France commencent à devenir vraiment embarrassante pour tous les acteurs du secteur. Ce n'est qu'après tout qu'un banal conflit de direction, mais il laisse entrevoir toutes les incertitudes qu'il y a sur la stratégie audiovisuelle internationale de la France. Tous ces médias qui s'adressent à l'étranger ne sont que des moyens de propagande auprès d'autres populations, et à vrai dire, personne ne s'en cache. Lorsque Jacques Chirac a voulu la création de France 24, il voulait expressément que le point de vue français sur l'actualité mondiale puisse être accessible à tous suite aux débats sur la guerre en Irak. Depuis bien plus longtemps, la radio publique RFI sert des buts similaires. Elle est particulièrement redoutée en Afrique, où les dictateurs essaient régulièrement de couper les émissions françaises lorsqu'elles donnent une autre perspective sur l'actualité locale que celle du pouvoir en place.

Mais la France n'est pas la seule à subventionner de tels moyens d'action. Elle fut même la célèbre cible des émissions de la BBC pendant la seconde guerre mondiale, qui était devenu le seul moyen d'information non contrôlé par l'ennemi. Pendant la guerre froide, les Etats-Unis ont eux aussi mis en place des stations de radio s'adressant aux peuples vivant sous le joug communiste telles que Radio Free Europe ou Voice of America. Les Allemands financent la Deutsche Welle à la radio et à la télévision. Les Français peuvent également recevoir Russia Today, chaîne d'informations en anglais financée par le pouvoir russe, CCTV, contrôlée elle directement par les autorités chinoises, et NHK World, qui, en dehors des bulletins d'informations, fait beaucoup de promotion touristique. A l'occasion du tremblement de terre, ses images du tsunami en direct furent directement reprises par toutes les chaînes d'informations du monde. Mais l'une des plus connues est certainement Al Jazeera, d'abord remarquée pour la diffusion des cassettes d'Ossama Ben Laden, mais qui gagna davantage de respects pour sa chaîne en anglais, plutôt neutre, et sa couverture au plus près des révolutions tunisiennes et égyptiennes.

Reste à savoir quels sont les effets de toutes ces chaînes. Elles sont si nombreuses aujourd'hui... Arrivent-elles vraiment à influencer les populations étrangères ? Pour commencer, il faut qu'elles soient regardée. RFI souffre de grèves récurrentes, et France 24, malgré ses qualités, peine à s'imposer auprès des publics étrangers. Cela demande une vraie démarche de la part des téléspectateurs, qu'ils se disent "tiens, je vais aller voir les informations à la sauce française/allemande/russe...". Ce peut être un bon outil d'apprentissage des langues (ce qui n'est pas forcément à négliger), mais ces chaînes n'attirent l'attention que lorsqu'elles ont quelque chose en plus à proposer. La couverture du tsunami pour NHK World, la couverture des révolutions arabes sans le filtre du pouvoir local pour les versions arabes de France 24 ou Al Jazeera... Le reste du temps, les opportunités sont faibles.

En fin de compte, leurs plus grands concurrents sont les chaînes globales qui s'intéressent avant tout aux téléspectateurs. CNN International apporte certes bien plus d'informations internationales que CNN USA, mais elle propose également de nombreux programmes économiques s'adressant aux businessmen qui retrouvent cette chaîne dans les hôtels pendant leurs voyages. Après tout, on a tendance à juger une chaîne d'informations à la qualité de ses "breaking news", mais le reste du temps, il faut attirer le téléspectateur sur un fond de grille propre. Et c'est probablement là le principal écueil de ces chaînes d'informations publiques destinées à autrui...

vendredi 8 avril 2011

Réduire l'immigration

Aujourd'hui, l'immigration se retrouve encore au cœur de l'actualité pour deux raisons. La première est l'afflux massif d'immigrants d'Afrique du nord qui a bien lieu. Les Tunisiens semblent tellement heureux de la démocratisation de leur pays qu'ils le fuient par milliers. D'où ces images toujours spectaculaires de bateaux bondés débarquant à Lampedusa, accueillis avec réticence par les Italiens. Complètement débordés, les autorités italiennes veulent désormais donner à ces immigrés clandestins des titres de séjour temporaire, pour qu'ils puissent s'éparpiller au sein de l'espace Schengen, au grand dam de la France. La deuxième raison est peut-être liée à ce contexte. Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a annoncé vouloir réduire l'immigration légale. La ministre de l'économie, Christine Lagarde, a en revanche déclaré que celle-ci devait être "protégée et sécurisée", car selon elle, "dans le long terme, on aura besoin de main d'oeuvre, on aura besoin d'effectifs salariés formés".

Il est difficile d'en être sûr ! Cette théorie du besoin d'immigration à long terme a du plomb dans l'aile lorsqu'on la mets face aux faits. Elle vient de calculs démographiques qui établissent que faute de naissances, pour maintenir les mêmes rapports de proportion entre les générations, il faudra faire appel à de l'immigration. Suite au papy boom, ce serait le seul moyen d'une part d'occuper les emplois qui ne trouveraient plus preneur, d'autre part de maintenir le financement des retraites dans le cadre de notre système par répartition.

C'est un discours qui nous est tenu depuis pas mal d'années maintenant. Or le papy boom a maintenant déjà commencé, et rien ne va dans ce sens. Une génération numériquement importante est en train de partir en retraite, mais le chômage reste élevé. Nombre d'entreprises en profitent pour améliorer leur productivité. L'Etat lui-même annonce ne vouloir que remplacer un départ sur deux. Que le nombre de jeunes augmente ne sert à rien pour les retraites s'ils n'ont pas d'emplois leur permettant de cotiser... Dans ce cas, pourquoi vouloir augmenter le nombre de travailleurs si le nombre d'emplois reste limité ? Il ne s'agit pas de dire que les immigrés "prennent le travail aux Français" : il s'avère en fait que la population étrangère est davantage touchée par le chômage que les travailleurs français. Et si le but est d'augmenter la demande globale, une population sans emploi n'est pas le meilleur moyen.

Il y a ensuite l'argument selon lequel les immigrés occuperaient les emplois dont les Français ne veulent pas. En l'état, c'est possible, mais une fois encore, avec un tel taux de chômage, cela veut dire que l'on a vrai problème. La conclusion est simple : la priorité est alors que les travailleurs sans emploi occupent les emplois inoccupés. Il y a des emplois ingrats, mais cela vaut mieux que d'être au RSA ou SDF. Ils font souvent appel à de la main d'œuvre peu ou pas qualifiée, ce qui veut dire que n'importe quel chômeur peut l'occuper. Certains de ces emplois sont occupés par des sans papiers. Les employeurs, qui ne peuvent pas ne pas en être conscients, doivent subir des sanctions vraiment dissuasives pour chaque cas avéré, car ils encouragent l'illégalité.

Un autre cas est celui de la demande de travailleurs qualifiés. Certains peuvent demander des profils très spécifiques, qui justifient l'arrivée de travailleurs étrangers. Par exemple, il est utile que des universités ou des grandes écoles aient une partie de leur corps enseignant qui viennent d'autres pays, pour favoriser la circulation des idées et la recherche scientifique. Parfois, ce sont des pénuries qui justifient l'appel à des personnes étrangères. Le manque de médecins de campagne ou d'infirmières a justement favorisé le recrutement de travailleurs formés à l'étranger. Dans l'urgence, cela reste en effet la solution la plus rapide. Mais ce procédé fut accusé de favoriser la fuite des cerveaux de la part de certains pays du sud. Surtout, si les pénuries subsistent, cela veut dire qu'il faut former des habitants de la France pour occuper ces emplois. Pour adapter nos capacités de formation aux débouchés, une bonne mesure serait la sélection à l'entrée de toutes les filières universitaires, avec des effectifs évoluant en fonction des besoins.

Mais cela ne concerne que l'immigration de travail. Le regroupement familial ou l'asile politique sont d'autres voies d'immigration qui peuvent être réduites. En outre, la lutte contre l'immigration clandestine est affaiblie si on laisse la possibilité de régularisations. Et chaque année, il y en a encore plusieurs milliers.

mercredi 6 avril 2011

Trop de riches ? Non, pas assez !

Après le projet du PS version Benoît Hamon (qui paraît-il doit s'imposer au candidat du parti à la présidentielle), nous avons désormais le projet du PS version Guillaume Bachelay (qui paraît-il doit s'imposer au candidat du parti à la présidentielle). Il n'est guère mieux. Au pire funestes, au mieux grotesques, les 30 mesures emblématiques présentées ont été choisies pour montrer que ce projet est "bien à gauche", sans autre considération sur ce que la France a réellement besoin. On doute déjà que quelqu'un comme Domnique Strauss-Kahn en reprenne beaucoup à son compte, et ce projet serait bien inspiré de rester dans un tiroir. On a au moins l'occasion de rire à bon compte lorsqu'on nous annonce par exemple que 300 000 emplois jeunes seront financés par le "maintien de l'ISF" (soit par définition, par aucune nouvelle rentrée d'argent).

L'une des mesures souhaitées est la limitation des écarts de rémunération de 1 à 20 entre la plus faible et la plus haute dans les entreprises à participation publique. Il est surprenant que sur 30 propositions, il y ait ne serait-ce qu'une ligne consacrée à quelque chose d'aussi gadget. Le nombre de personne concerné est très faible, il n'y a que quelques dirigeants de telles entreprises dont la rémunération dépasse 20 fois le SMIC. Il ne s'agit pas de dire que tous les chefs de grandes entreprises sont rémunérés à leur juste valeur. Dans plusieurs grandes entreprises privées, les comités de rémunération se montrent généreux par pure complaisance et grâce aux renvois d'ascenseurs par conseils d'administration interposés. Mais la façon de faire du PS n'est pas la bonne pour autant.

L'idée d'un salaire plafond préjuge de la valeur de l'employé. Le message envoyé n'est autre que "il ne faut pas être trop riche", ou bien "il ne faut qu'il y ait trop de riches". Il est simple de constater qu'il y a de grandes inégalités de rémunération. Mais la solution est-elle de limiter la richesse des chefs d'entreprise, sans que cela ne bénéficie à autrui ? En effet, rien ne permet de dire qu'une rémunération revue à la baisse de dirigeants par contrainte étatique profitera aux autres employés. Après tout, ce pourrait être ça en plus pour les bénéfices de l'entreprise. L'Etat pourrait y gagner en impôt sur les sociétés ou en tant qu'actionnaire, mais les ordres de grandeur restent faibles.

La notion même de richesse et de pauvreté est relative avec les critères couramment employés. Si demain, tout le monde voit ses revenus doubler, et les prix rester constants, chacun aura davantage de moyens... mais il y aura toujours autant de pauvres. Plutôt que de s'évertuer à diminuer les revenus des dirigeants d'entreprises, on ferait certainement mieux à privilégier l'augmentation des revenus de toutes les professions. Cela veut dire favoriser la richesse en termes absolus, soit en d'autres termes, le pouvoir d'achat. Cela passe par le travail et l'épargne, deux notions qui sont vues avec méfiance par le PS. L'égalité parfaite dans la pauvreté n'est pourtant pas une perspective réjouissante.

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