Réflexions en cours

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jeudi 29 septembre 2011

L'objet du courroux

Les blogueurs se prononcent sur les 10 choses qui les énervent. Dans mon cas, il y a en fin de compte beaucoup de choses qui, en définitive, ont tendance à me faire plutôt rire ou à me rendre triste, plutôt qu'à provoquer un énervement. Dans les points déjà évoqués, je peux me retrouver dans certains : le mot stigmatiser, les services clients kafkaïens, les parents démissionnaires... Mais les vrais sujets d'énervement peuvent se réduire à trois items :

- La CGT. Ou plutôt les syndicats favorables à la lutte des classes... dans les services publics. Du coup, cela implique évidemment Sud. C'est bien évidemment un non sens de base. Normalement, faire grève, c'est mettre en danger les profits des actionnaires pour faire pression et obtenir un meilleur partage de la valeur ajoutée. Dans les services d'intérêts généraux, monopoles d'Etat, il n'y a pas d'alternatives pour les clients en cas de grève, et pas de patronat sur qui faire pression. Il ne s'agit donc que de nuire à la collectivité par intérêt personnel. Ces syndicats n'ont jamais réussi à comprendre en quoi dégrader volontairement le service public pour "défendre le service public" pouvait être absurde.

- Les encapuchonnés. Certains les appellent également "sauvageons", ou bien d'autres termes. Ce sont des personnes qui arborent capuche et écharpe même lorsqu'il fait beau, et qui ont un respect tout à fait minimal pour les lois. Ils aiment brûler la voiture de leur voisin, faire du trafic de drogues, se réunir en nombre pour s'en prendre à des personnes plus faibles qu'eux... De temps à autres, des sociologues écrivent un papier sur eux pour expliquer qu'ils sont des victimes de la société. Il faudrait voir dans quel sens au juste. Après tout, c'est bien leur choix que d'avoir ce mode de vie éminemment répréhensible (mais bien peu réprimé). On pourrait néanmoins retourner à la question des parents démissionnaires, déjà évoqués plus haut.

- Et pour bien finir : les encapuchonnés de la CGT, plus connus sous la désignation pudique de Syndicat du Livre - CGT. Quand quelque chose leur déplait, ils n'hésitent pas à revêtir casques et cagoules, et à tout casser. Par leur monopole de fait, ils ont un pouvoir de vie ou de mort sur la quasi totalité de la presse française. Non seulement cela fait que les quotidiens français sont économiquement à genoux du fait d'une structure de coût insupportable, mais ils ne peuvent pas non plus publier des articles mettant en cause ce syndicat (sous peine de non parution). En cas d'apparition de structures concurrentes où il ne dominerait pas, le Syndicat du Livre essaiera d'user de violence. Voilà ce qui peut considérablement m'énerver.

dimanche 25 septembre 2011

La grammaire gauchiste

Vous l'avez peut-être vous-même remarqué. En lisant certains tracts ou certains sites, on rencontre des textes à la grammaire un peu curieuse. Les accords entre les mots n'y suivent pas les règles de grammaire du français. On pourrait soupçonner une ignorance de la part de leur auteur, mais il est plus probable que ces libertés prises avec notre langue soit volontaires. Pour se rendre compte facilement de quoi il s'agit, voici quelques exemples : "les indigné(e)s", "les étudiant-e-s", "les révolté/e/s", "les instituteurs(trices)... Le principe est donc, pour les mots au pluriel pouvant être soit au masculin, soit au féminin, de ne pas choisir et de marquer les deux genres à la fois. C'est bien évidemment contraire à la grammaire française. Dès l'école primaire, on apprend ainsi que lorsqu'il y a un rassemblement comportant des êtres ou des objets des deux genres, il est adressé en utilisant les règles du masculin. Tout simplement car dans ce cas, le masculin assume un statut de neutre qui n'existe pas indépendamment.

C'est un principe de base du français, mais il est combattu. Les tracts et les sites en question ont tous quelque chose en commun mis à part leur grammaire déviante : leur coloration politique. Ils sont tous de gauche, et généralement, pas à moitié. Les textes subissant ce genre de traitement deviennent pénibles à lire mentalement, et à l'oral, on ne sait pas vraiment comment prononcer ces mots aux marques féminines hypothétiques. Mais pour les promoteurs d'un tel langage, le but est de féminiser le langage pour mettre fin à son horrible sexisme. La règle selon laquelle le masculin pluriel peut englober à la fois le masculin et le féminin est pour eux la preuve du sexisme du langage, qui conditionnerait les discriminations dont souffriraient les femmes.

Cette pensée est en soi assez drôle, car parfaitement ridicule. Pour commencer, on pourrait dire qu'il y a des mots féminins qui sont également sexistes, car n'acceptant pas de masculin. Par exemple, le mot tortue est féminin pour tout le monde, y compris les tortues mâles... Il n'y a pas de quoi crier au scandale. Ensuite, cette particularité de la langue française n'a aucune conséquence sur les schémas de pensées. Pour s'en convaincre, il suffit de comparer avec les langues étrangères. L'anglais ne connaît pas d'accords en genre. En allemand, le pronom personnel de la troisième personne du pluriel est le même que celui de la troisième personne du singulier féminin. En japonais, il n'y d'accords ni en genre, ni au nombre, évitant cette complexité grammaticale (mais rendant plus flou le discours). Eh bien il est impossible de dire que dans les peuples utilisant ces trois langues, le sort des femmes soit significativement meilleur que chez les peuples francophones. Au Japon et en Allemagne, l'insertion des femmes dans la vie active est même moins importante qu'en France.

Les règles de grammaire ne jouent donc aucun rôle sur les différences hommes/femmes, et cette grammaire gauchiste n'est donc qu'un nouvel exemple de la volonté de ses promoteurs de prouver leurs indignations qui tournent à vide. En dehors des aspects purement littéraires, si chacun devient libre de respecter les règles de grammaire qu'il estime justifiées, alors on peut croire que de nombreux écoliers commenceraient par remettre en cause l'accord du participé passé avec le complément d'objet direct si celui-ci est placé avant l'auxiliaire avoir !

mercredi 21 septembre 2011

Une prostitution d'Etat pour les handicapés

Dans le quotidien Libération de mercredi dernier fut publié un appel pour "l'assistance sexuelle des handicapés". Cet appel a généré des réactions dans la presse ou sur le net. L'appel commence par une question qui parait simple : "Accepteriez-vous une vie sans relation sexuelle, alors que vous en avez le désir ?" Mais voilà, cette question est d'emblée mal posée. En effet, dans une relation sexuelle, il ne faut pas qu'il y ait un désir personnel, mais deux désirs réciproques. La vraie question posée par cet appel est donc "souhaiteriez-vous que quelqu'un ait une relation sexuelle avec vous sans en avoir le désir ?".

En fait, cet appel repose sur une confusion assez fréquente sur le mot "droit". "L’accès à une vie affective et sexuelle constitue une liberté fondamentale et doit être un droit véritable et inaliénable pour tous", dit l'appel. Il y a un souvent un glissement entre "liberté" et "obligation d'avoir accès", alors que ce n'est pas la même chose. Le premier terme se réfère au droit, l'autre à une réalité pratique. Ce n'est pas parce qu'on est libre de faire quelque chose qu'on doit pouvoir exiger de le faire en dépit de notre situation personnelle. Par exemple, on est libre d'aller dans l'espace si on le souhaite (rien ne l'interdit), mais l'Etat ne doit pas être obligé de nous payer du tourisme spatial si on le souhaite et qu'on n'en a pas la possibilité par nos propres moyens. Cette confusion se retrouve de plus en plus souvent.

Il y a donc une liberté relative à la sexualité, mais pas un droit à la sexualité. L'Etat n'a pas à se préoccuper de la sexualité des gens, et les désirs sexuels des uns n'ont pas à s'imposer aux autres. En conséquence, une affirmation comme "Toute personne doit pouvoir recevoir l’assistance humaine éventuellement nécessaire à l’expression de sa sexualité" n'est pas valide. Et ici, il s'agit ni plus ni moins de prostitution, une prostitution d'Etat qui plus est. Le rôle de l'Etat est-il de se transformer en proxénète ?

La Sécurité Sociale n'a pas à financer la prostitution, et si des handicapées veulent recourir à des services de prostituées, ils le peuvent déjà comme tout le monde. Tout le concept de "droit à une vie sexuelle" est d'ailleurs faux, car cela supposerait que tous ceux qui n'en ont pas pourraient s'en prévaloir. On en n'aurait pas fini... Et d'une manière générale, il faudrait arrêter de penser que c'est forcément le rôle de l'Etat de tout prendre en charge, quelque soit le domaine.

mardi 20 septembre 2011

Supprimons le statut spécial des cheminots

D'après Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre en charge des transports entre autres, le statut des cheminots ne doit pas être un tabou. C'est ce qu'elle a récemment affirmé dans une interview au Parisien. Pour comprendre comment une chose aussi impensable a pu être prononcée par un ministre, il faut voir le mouvement général du transport ferroviaire : l'ouverture à la concurrence. Evidemment, en France où les syndicats de la SNCF sont tout puissants, cette ouverture à la concurrence se fait de façon aussi lente que possible. Cela a commencé il y a quelques années par le fret. Et cela fonctionne bien pour les concurrents de la SNCF. Vendredir dernier, on apprenait ainsi que le groupe automobile PSA allait quitter le service de fret de la SNCF en faveur de concurrents privés. Pour la SNCF, c'est l'un de ses plus gros contrats qui s'en allait. Il faut dire que le manque de fiabilité du fret de la SNCF, ravagé par les grèves, a des conséquences cruelles pour ses clients...

La deuxième étape de l'ouverture à la concurrence est le transport de voyageurs, mais en étant limité à l'international. Concrètement, il faut que ce soit des lignes entre la France et un autre pays, avec la moitié des voyageurs de cette ligne embarquant à l'étranger. Cela reste donc encore très succin. Mais pendant ce temps, la SNCF n'hésite pas à prendre l'initiative à l'étranger, enrageant ses concurrents internationaux : comme dans d'autres domaines tels que l'électricité, le monopole historique français peut attaquer les marchés étrangers alors que les entreprises étrangères ne peuvent attaquer le marché français. On ne voit pas très bien pour quelles raisons la France devrait être le seul pays à être condamné à vivre sous le joug d'un monopole d'Etat, où le corporatisme est plus important que le client.

Cela finira sans doute par changer un jour ou l'autre. Il est de toute façon prévu qu'à partir de 2019, les régions pourront confier la mission des transports ferroviaires régionaux les TER en premier lieu) à d'autres opérateurs que la SNCF. Il n'est évidemment pas dit que l'ensemble du trafic basculera du côté du privé à ce moment-là, mais si on peut déjà forcer la SNCF à améliorer la qualité de son service face à la menace d'un remplacement par un concurrent, ce sera déjà ça.

En dehors de la qualité de service, il y aurait également concurrence sur les prix. Et les nouveaux entrants, qui n'auraient pas à subir tout le fatras de la législation sociale des cheminots de la SNCF, auraient indéniablement un avantage de coût sensible. Et c'est pour protéger la SNCF que le gouvernement souhaite un cadre social unifié pour tous les cheminots, ceux de la SNCF comme ceux des nouveaux opérateurs. Cela provoque évidemment la colère de ceux-ci, qui se rendent alors compte qu'ils hériteront des mêmes handicaps que la SNCF. Il faut négocier, pour trouver un terrain d'entente pour tous. C'est ainsi qu'on en vient au raisonnement de Nathalie Kosciusko-Morizet sur la suppression du statut des cheminots, comme concession face au maintien de nombreux autres avantages, pour toute la profession.

La CGT a évidemment appelé à la grève en réaction à cette parole audacieuse. Mais la grève était de toute façon prévue avant, cela ne change donc rien, et en France, la SNCF fait grève par principe, quelles que soient les raisons. Pendant ce temps-là, la SNCF est lourdement déficitaire. Elle va certainement augmenter ses tarifs, sans chercher à faire des économies. Supprimer le statut des cheminots purement et simplement pourrait pourtant être une bonne direction pour en faire. Il existe d'ores et déjà de nombreux salariés de la SNCF qui sont embauchés avec un CDI ordinaire (notamment la plupart de ceux embauchés après avoir eu 30 ans). Ce deviendrait alors la norme pour tous. Et ce, en laissant les opérateurs privés embaucher selon leurs propres critères. Si la question n'est plus taboue, alors que l'on présente une telle possibilité.

dimanche 4 septembre 2011

Taxes et obésité

Le Premier ministre François Fillon a dévoilé un plan de réduction de déficits qui pour une fois, ne cherche pas à éviter pudiquement le mot "rigueur". Honnêtement, le grand tort d'un tel plan, c'est de ne pas avoir été mis en place plus tôt. Si les mesures du paquet fiscal reposaient sur des questions d'opportunités politiques (augmenter le pouvoir d'achat via la défiscalisation des heures supplémentaires par exemple), elles avaient l'inconvénient de ne pas être financées proprement. C'est déjà une première leçon à tirer pour la suite : arrêter de financer des mesures économiques par l'augmentation de la croissance qu'elles génèreront. Le procédé est trop incertain. Pour réduire les déficits, la première priorité du gouvernement est de cibler les niches fiscales. On a ainsi vu ces derniers jours une polémique sur le taux de TVA réduit dont bénéficient les parcs d'attraction. A ce propos, on peut déjà être surpris d'apprendre qu'une telle niche fiscale existait, sans qu'il y ait une véritable justification économique.

Mais dans la liste de mesures de François Fillon, celle qui a le plus fait parler d'elle est la taxe sur les sodas. Elle fut présentée autant comme une mesure de santé publique que comme une mesure de réduction des déficits. Mais le doute est permis. Pour ne pas plomber le pouvoir d'achat des ménages, elle devrait rester mesurée, ce qui signifierait des recettes modérées, et également peu d'incitations à un changement de consommation. En fait, la vraie question est de savoir si les sodas sont quelque chose de nuisible. Ce produit n'a rien à voir avec quelque chose comme la cigarette : il n'y a pas d'addiction physique au soda, et celui-ci n'a pas directement d'effets négatifs sur la santé. Le débat s'élargit alors sur la question de la lutte contre l'obésité.

S'il y a des différences morphologiques entre les individus, personne n'est prédisposé pour autant à l'obésité, qui dépasse la question du simple surpoids. Le secret d'un poids de forme n'en est justement pas un : il suffit de manger équilibré (et en quantité modérée), et d'avoir une activité physique régulière. Pour ceux qui l'ignoraient, la propagande intensive de l'INPES sur MangerBouger.fr permet de combler les manques d'informations. Cela ne coûte pas plus cher de manger équilibré que de manger n'importe quoi. Il s'agit seulement de se soucier de soi-même.

L'obésité est d'abord un problème de responsabilité individuelle. Si l'on en croît la frénésie entourant tel ou tel régime, les Français gardent le souci de ne pas être trop en surpoids. Un mode de vie sain est préférable à des cycles excès/régimes. Les Français échappent déjà aux plus grandes hérésies diététiques. Aux Etats-Unis, l'apparition cet été de bâtons de beurre fris en guise de snacks a laissé pantois de nombreuses personnes.

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