Réflexions en cours

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samedi 28 août 2010

Une Histoire de France sans Louis XIV ni Napoléon

Le manque de moyens est très probablement moins un problème pour l'Education Nationale que les incessantes décisions politiques qui viennent nuire à l'enseignement. Chaque ministre se sent ainsi obligé de mettre en route une réforme, toujours discutable, toujours controversée, et en ce qui concerne l'enseignement secondaire, la plupart du temps inutile. La dernière marotte de Luc Chatel, la concentration des cours le matin, est insensée et nos voisins allemands ne cessent d'en souffrir les inconvénients. Un autre souci est le renouvellement continuel des programmes. Là encore, cela ne sert à rien, sinon à vendre de nouveaux manuels. Le psychodrame actuel sur le retard d'impressions des nouveaux livres est ainsi totalement vain : ce n'est tout de même pas un drame de travailler un an de plus sur les manuels précédents. Les mathématiques, la biologie ou l'Histoire ne change pas d'une année sur l'autre. Les variations de programmes ne justifient pas un tel branle-bas de combat. Surtout que celles-ci se font parfois en dépit du bon sens.

Un collectif de professeurs rapporte ainsi le cas du changement des programmes d'Histoire en quatrième et en cinquième. La place consacrée aux règnes si importants de Louis XIV et Napoléon Bonaparte est si congrue qu'il est presque possible qu'ils ont disparu des programmes. Et ce n'est pas au lycée que les élèves se rattraperont puis que ni en quatrième, ni en seconde, la moindre place n'est faite à l'Empire de Napoléon Ier, soit un trou allant de 1804 à 1815. Ce n'est pas le seul. Le but de cette réduction est de la place pour l'insertion de l'étude de civilisations extérieures à l'Europe, comme l'Empire du Mali ou le Monomotapa. Cette décision est parfaitement assumée par les responsables des programmes. Dans France Soir, le doyen du groupe histoire-géographie de l’inspection générale du ministère, Laurent Wirth, explique que "de nombreux jeunes dans nos écoles sont d’origine africaine : il faut aussi qu’ils se reconnaissent dans nos programmes".

On ne saurait mieux mettre en évidence la qualité de sombres imbéciles de ce genre de décisionnaires. Quelle idée de vouloir systématiquement renvoyer les élèves provenant de l'immigration à leurs origines plus ou moins lointaines ! C'est exactement le contraire de ce qu'il faut faire. A l'instar de la langue, l'Histoire est la même pour tous les Français. Et cette Histoire, c'est d'abord celle de la France. A quoi bon connaître des royaumes lointains qui ont eu peu de liens avec nous si l'on n'est même pas capable de bien comprendre ce qu'il s'est passé ici-même ? On ne pourra plus s'étonner qu'en sortant de l'enseignement secondaire, les élèves ne sachent quasiment rien de l'Histoire française et n'y aient rien compris. Aujourd'hui, seule l'histoire du XXème siècle est bien expliquée, étant au programme à la fois du brevet et du baccalauréat. Ce qui précède est au mieux survolé, au pire (et souvent) ignoré. Le résultat est encore plus mauvais que dans les autres matières : l'Education Nationale échoue à enseigner l'Histoire.

mardi 10 août 2010

Rappel de base : tout casser ne sert à rien

Le mois de juillet fut marqué par deux faits divers consécutifs et assez semblables. D'abord, un gangster fut abattu à proximité de Grenoble, alors qu'il tirait sur la police en prenant la fuite après le braquage d'un casino. Le quartier où il habitait fut alors secoué par plusieurs nuits d'émeutes, et les policiers de la BAC furent menacés de mort. Ensuite, la mort d'une homme appartenant à la communauté des gens du voyage alors que la voiture dans laquelle il se trouvait passait en force un barrage de police provoqua là encore une émeute. Les caméras avaient ainsi tout loisir de filmer des gens du voyage s'en prendre à la gendarmerie locale, aux arbres et au mobilier urbain du village. Ces deux affaires ne font que s'ajouter à de nombreuses autres, qui suivent toujours le même enchainement de faits. D'abord, la police intervient pour faire respecter la loi. Les malfaiteurs ne se laissent pas faire, prennent des risques et en conséquence meurent du fait de l'accrochage. La "communauté" à laquelle faisait partie ces malfaiteurs se met alors en colère, crie à la bavure, et se met à tout casser. Les émeutes de l'automne 2005 n'avaient pas d'autre origine. Pourtant, cette réaction ne se justifie d'un point de vue rationnel, ni d'un point de vue moral.

Rationnellement, faire une émeute ne sert à rien. Quelques soient les circonstances, la mort d'un homme lors d'une opération de police entraînera toujours en France la saisie de la police des polices. Elle est alors chargée au minimum d'éclaircir les circonstances de ce décès, et d'engager des poursuites si l'utilisation de la force fut abusive. Tout casser ne sert donc pas la justice. Au contraire, cela promeut l'injustice. Pourquoi quelqu'un d'extérieur à l'affaire devrait voir sa voiture brûler à cette occasion ? C'est là que se trouve alors la vraie injustice. Si le but est de protester contre les conditions de vie dans le quartier (ce qui devient déjà très éloigné des faits de base), alors le but n'est jamais atteint. En effet, ces faits ne font que donner au quartier en question une mauvaise image, celle d'une zone de non droit dangereuse. Institutions, commerces et mixité sociale sont alors encouragés à s'éloigner d'un lieu ainsi marqué.

Mais ceux qui commettent ce genre d'exactions ne pensent pas à cela. En fait, ils ne pensent à rien du tout. Quand un malfaiteur est attaqué, ils ne font que se sentir attaqués eux-aussi. La question morale est alors touchée. Le respect des lois de la République apparaît comme secondaire, voire hors de propos. Pour les casseurs, la seule loi qui compte est la leur, pas celle de la société toute entière. L'honnêteté n'est pas une de leur valeur. Ce qui est troublant, c'est lorsque des médias ou des personnalité encouragent cela, en s'en prenant toujours à la police dans ce genre de circonstances, attribuant le rôle de victimes à ceux qui ne respectent pas les lois. A ce moment là, la République est atteinte, puisque le respect des lois est remis en question, avec en filigrane la possibilité de vivre ensemble.

Il y a encore des faits d'insécurité qui ne sont pas ou peu couverts par les lois, légiférer est alors possible pour donner des outils à la justice pour agir. Très souvent, la police n'a malheureusement pas les moyens pour faire respecter les lois, et parfois, n'est pas soutenue par certaines parties de la population. D'aucuns évoquent également la possibilité de faire de la prévention pour éviter que des délits soient commis. Mais d'une façon plus large, c'est à la possibilité morale de ne pas respecter la loi qu'il faut s'attaquer. Ce n'est pas une affaire de conditions de vie. Le problème est culturel.
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