Le manque de moyens est très probablement moins un problème pour l'Education Nationale que les incessantes décisions politiques qui viennent nuire à l'enseignement. Chaque ministre se sent ainsi obligé de mettre en route une réforme, toujours discutable, toujours controversée, et en ce qui concerne l'enseignement secondaire, la plupart du temps inutile. La dernière marotte de Luc Chatel, la concentration des cours le matin, est insensée et nos voisins allemands ne cessent d'en souffrir les inconvénients. Un autre souci est le renouvellement continuel des programmes. Là encore, cela ne sert à rien, sinon à vendre de nouveaux manuels. Le psychodrame actuel sur le retard d'impressions des nouveaux livres est ainsi totalement vain : ce n'est tout de même pas un drame de travailler un an de plus sur les manuels précédents. Les mathématiques, la biologie ou l'Histoire ne change pas d'une année sur l'autre. Les variations de programmes ne justifient pas un tel branle-bas de combat. Surtout que celles-ci se font parfois en dépit du bon sens.

Un collectif de professeurs rapporte ainsi le cas du changement des programmes d'Histoire en quatrième et en cinquième. La place consacrée aux règnes si importants de Louis XIV et Napoléon Bonaparte est si congrue qu'il est presque possible qu'ils ont disparu des programmes. Et ce n'est pas au lycée que les élèves se rattraperont puis que ni en quatrième, ni en seconde, la moindre place n'est faite à l'Empire de Napoléon Ier, soit un trou allant de 1804 à 1815. Ce n'est pas le seul. Le but de cette réduction est de la place pour l'insertion de l'étude de civilisations extérieures à l'Europe, comme l'Empire du Mali ou le Monomotapa. Cette décision est parfaitement assumée par les responsables des programmes. Dans France Soir, le doyen du groupe histoire-géographie de l’inspection générale du ministère, Laurent Wirth, explique que "de nombreux jeunes dans nos écoles sont d’origine africaine : il faut aussi qu’ils se reconnaissent dans nos programmes".

On ne saurait mieux mettre en évidence la qualité de sombres imbéciles de ce genre de décisionnaires. Quelle idée de vouloir systématiquement renvoyer les élèves provenant de l'immigration à leurs origines plus ou moins lointaines ! C'est exactement le contraire de ce qu'il faut faire. A l'instar de la langue, l'Histoire est la même pour tous les Français. Et cette Histoire, c'est d'abord celle de la France. A quoi bon connaître des royaumes lointains qui ont eu peu de liens avec nous si l'on n'est même pas capable de bien comprendre ce qu'il s'est passé ici-même ? On ne pourra plus s'étonner qu'en sortant de l'enseignement secondaire, les élèves ne sachent quasiment rien de l'Histoire française et n'y aient rien compris. Aujourd'hui, seule l'histoire du XXème siècle est bien expliquée, étant au programme à la fois du brevet et du baccalauréat. Ce qui précède est au mieux survolé, au pire (et souvent) ignoré. Le résultat est encore plus mauvais que dans les autres matières : l'Education Nationale échoue à enseigner l'Histoire.