Réflexions en cours

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jeudi 30 juin 2011

Deux poids, deux mesures en matière d'otages

Aujourd'hui, chacun se réjouit du retour en France de Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier. Leurs 18 mois de captivité ont du paraître bien long aux journalistes de France 3. Mais si on se réjouit pour eux, il est difficile de ne pas noter qu'on se réjouit différemment pour eux que pour d'autres otages. Et quand on dit "d'autres otages", on veut dire des otages non journalistes. La différence de traitement est flagrante, non seulement pendant la libération, mais également pendant la captivité. Pour les deux journalistes, le public a eu le droit à de nombreuses manifestations de soutien, avec grandes banderoles sur les bâtiments, rappel de leur captivité chaque semaine sur les antennes, et hier, un logo spécial fut même affiché en permanence dans les programmes de France 3. On peut douter de l'efficacité d'une telle méthode : d'un côté, les otages, s'ils en ont vent, peuvent se sentir soutenus. De l'autre, les preneurs d'otages voient leur position renforcée, leurs captifs ayant une valeur plus affirmée, ils peuvent se montrer plus exigeants.

Se pose alors toutes les questions sur la satisfaction des revendications. Ici, il semble bien qu'ils aient été libérés car les revendications des talibans ont été satisfaites, ce qui implique la libération de talibans emprisonnés, et le versement de rançons. Le procédé est parfaitement détestable, car cela montre évidemment la voie pour d'autres prises d'otages. Déjà que les circonstances de la capture des deux journalistes restent contestables, il n'y a rien de réjouissant à l'idée que leur libération ait été obtenue en faisant preuve de faiblesse.

Quoi qu'il en soit, la médiatisation des otages est un procédé à géométrie variable. A l'heure actuelle, des ingénieurs et des humanitaires restent en captivité en Afrique, sans qu'il y ait le dixième du ramdam médiatique fait pour les journalistes ou d'autres personnalité connues. Ingrid Betancourt ou des grands reporters peuvent bénéficier de relais d'opinion (quelques soient les risques pris consciemment), mais toute cette sollicitude s'évanouit pour ceux qui ne sont connus de personne. Alors bien sûr, on se réjouit de la libération d'otages, mais on ne peut s'empêcher de constater le deux poids, deux mesures en la matière, et de rester songeur au fait que ce qui est bon pour certains semble être inutile pour d'autres.

lundi 27 juin 2011

La nouvelle farce du baccalauréat

On le savait déjà, le baccalauréat ne vaut plus grand chose. Mais s'il restait quelqu'un à convaincre, les derniers événements ont fini de le démontrer. Le premier exercice de l'épreuve de maths du bac scientifique avait "fuité", publié la veille sur un forum internet, mais circulant entre élèves depuis une dizaine de jours auparavant. Si le ministère en avait été informé la veille, il aurait fait donner les sujets de secours, mais la tricherie s'étant révélée après l'épreuve, il ne fut décidé que d'annuler ce premier exercice. En théorie, le ministère aurait pu annuler l'ensemble de l'épreuve, mais la perspective de devoir réorganiser en urgence une nouvelle épreuve pour plus de 150 000 candidats s'annonçait comme un cauchemar logistique et financier.

On aurait trouvé des candidats mécontents de devoir repasser cette épreuve. Mais à la place, on a trouvé des candidats mécontents de voir le premier exercice annulé. Et pour cause. Le premier exercice était d'une facilité risible, et constituait quatre points de donné à tous les candidats. Ce lamentable épisode aura attiré l'attention de la population sur un exercice ahurissant de simplicité, pourtant donné à l'épreuve de mathématiques du baccalauréat "scientifique". Les premières questions de cet exercice de probabilités ne demandent au candidat que de lire l'énoncé. La suite ne demande que des connaissances de base dans la discipline, et un niveau de réflexion digne d'un collégien. On ne demande plus au candidat de donner un résultat : il est donné. On ne lui demande que de le montrer. Et, on s'en rappelle, ça c'est l'épreuve pour les "scientifiques", les lycéens censés êtres les plus pointus en mathématiques.

Cela pourrait certes être encore pire : dans l'épreuve de mathématiques de la série Economique et Sociale, un exercice entier est un questionnaire à choix multiple, où à chacune des quatre questions, trois réponses sont données. Il suffit d'indiquer la bonne. Il est bien précisé qu'"aucune justification n’est demandée" et qu'"une réponse fausse ou l’absence de réponse ne rapporte ni n’enlève aucun point". Bref, le hasard peut ici faire gagner des points (l'espérance d'un choix aléatoire des réponses est de 1,33 point), même si les questions ne présentent il est vrai aucune sorte de difficulté. Dans les matières non scientifiques, si les dissertations sans document sont encore proposées, elles ne sont plus vraiment obligatoires.

Le bac est donc de plus en plus un diplôme dévalué, et suit en cela le mouvement initié par le brevet des collèges (qui, en fin de compte, n'atteste aujourd'hui que le fait de savoir lire, écrire et compter). "Diplôme universitaire", le baccalauréat devrait normalement privilégier la réflexion dans chacune de ses épreuves, dans chacun de ses exercices. Mais les énoncés bienveillants et les commissions d'harmonisation complaisantes ont pour objectif de maintenir un taux de réussite élevé. Avec les consignes données par Luc Chatel sur la correction de l'épreuve de maths scientifique, les candidats n'ont bien sûr rien à craindre de la suppression de ce fameux exercice.

On peut supprimer le brevet des collèges et garder le bac si l'on veut, mais ce qui apparait, c'est que celui-ci ne saurait suffire comme examen d'entrée aux universités, où le niveau est bien plus élevé. Avec chaque année qui passe, on se rend compte davantage de la nécessité d'instaurer une véritable sélection à l'entrée des universités.

lundi 20 juin 2011

Mon programme pour 2012

Comme promis, voici donc mon programme pour les élections présidentielle et législatives de 2012. A priori, mon nom ne sera sur aucun bulletin de vote, mais j'aimerais que le plus grand nombre possible de ces mesures y soient défendues, puis appliquées lors de la prochaine législature. Ce programme est un souhait : il s'intéresse moins au fait que les conditions soient réunies pour être appliqué, et plus au fait qu'il serait nécessaire pour la France de les appliquer. Contrairement aux programmes présidentiels traditionnels, il promet bien peu de lendemains qui chantent et de mesures qui bénéficieront directement à l'électeur. Dans la situation actuelle de la France, il faut mettre en œuvre des changements qui ont trop longtemps retardés, et qui sont donc d'autant plus difficiles.

Et de fait, il s'agit ici d'un programme de rigueur budgétaire et sécuritaire. Budgétaire, car nos déficits publics sont trop important depuis trop longtemps, et qu'ils nuiront de plus en plus à l'avenir de la France. Sécuritaire, car la sécurité n'a pas à être un vilain mot, et le respect des lois est la condition de la vie en société. Sur l'économie et l'emploi, la mesure phare de ce programme est la TVA sociale, une véritable solution potentielle qui n'a pas encore été tentée actuellement. Mais en tout, il y a là 76 mesures, chacune ou presque s'appuyant sur un billet de ce blog pour en développer le propos. Elles sont regroupées par ministère de compétence :

Premier ministre
- Institutions et relations avec le Parlement

Economie et finances
- Politique économique
- Budget

Intérieur
- Sécurité
- Immigration

Justice

Affaires étrangères

Défense

Transport et environnement

Affaires sociales

Education Nationale

Enseignement supérieur et recherche

Santé et sports

Agriculture

Culture

Toutes ces mesures sont en libre service : candidats, n'hésitez pas à les prendre à votre compte ! Ce sera en tout cas mon modeste apport au débat de 2012. J'encourage ceux qui liront ce billet à me faire savoir ce qu'ils en pensent, et à proposer eux-aussi, sur leur blog ou par n'importe quel moyen, leur propre programme !

dimanche 19 juin 2011

La France n'a pas besoin de cannabis

Il y a d'abord eu Stéphane Gatignon, le maire d'une ville de Seine-Saint-Denis, qui a demandé la légalisation du cannabis pour diminuer le trafic. Il y a également eu l'ancien ministre socialiste Daniel Vaillant, qui a à nouveau demandé la création d'une filière d'Etat. C'est ensuite une partie de la gauche qui n'a pas fermé la porte à de telles éventualités, Martine Aubry et François Hollande en tête. Enfin, hier, nous avons eu le droit au coup médiatique du bien peu subtil "appel du 18 joint". De tout cela, on arrive à une situation assez claire : les fumeurs de cannabis veulent pouvoir fumer ouvertement, et la gauche aimerait récupérer les voix de ces électeurs. On ne s'intéresse plus aux effets de la consommation de cannabis, on préfère désormais mettre l'accent sur la façon d'en contrôler les répercussions...

Les arguments des partisans du cannabis sont d'une grande vacuité. En premier lieu, il y l'argument de la sécurité publique : la pénalisation du cannabis entraînerait des trafics et de la criminalité. Sa légalisation permettrait d'assainir la situation. C'est oublier que le cannabis n'a rien d'une fatalité. S'ils sont si concernés par la sécurité publique, les consommateurs de cannabis peuvent commencer par respecter la loi, et ne plus en consommer. Si l'on accepte de passer par des filières illégales pour s'approvisionner, on justifie à peu près tout. Un tel raisonnement sur le cannabis peut s'appliquer à toutes les drogues, même l'héroïne ou la cocaïne. Et ceux qui revendent actuellement du cannabis pourront très bien se reconvertir dans la vente d'héroïne s'il y a une opportunité commerciale. D'ailleurs, l'"appel du 18 joint" demande autant la "dépénalisation de l'usage de toutes les drogues" que la légalisation du cannabis, montrant bien qu'ils n'ont aucune limite en la matière.

La vraie question est donc de savoir si nous avons besoin de davantage de drogues. Un argument souvent répété est que si le tabac et l'alcool sont légaux, le cannabis devrait l'être également. Or il y a une différence entre les deux : le tabac et l'alcool n'ont jamais été interdits, et il est déjà extrêmement compliqué d'en limiter la consommation. On peut vouloir interdire le tabac pour des raisons de santé publique par exemple, mais cela demanderait un travail s'étalant sur des décennies pour changer les habitudes culturelles. Il est donc hors de question de rajouter à cela les dangers du cannabis, qui doit toujours rester interdit. Le dépénaliser ou le légaliser enverrait le mauvais message, celui d'une politique montrant que c'est acceptable, alors qu'il doit être combattu. Les Pays-Bas se mordent aujourd'hui les doigts de l'avoir légalisé, le pays étant devenu une plaque tournante européenne du trafic de toutes les drogues. Revenir en arrière leur apparaît très compliqué. Ce n'est pas exactement le genre d'exemple à suivre.

Les discours visant à montrer que le cannabis est très répandu, et donc acceptable, ne sont donc pas opportuns. Il faut au contraire cesser cette bienveillance envers cette drogue (et toutes les autres) pour que les plus jeunes n'aient aucun doute au moment où ils y sont confrontés, et la refusent d'un "non" très simple. Il ne faut que ceux qui s'excluent du groupe soient ceux qui refusent de prendre de la drogue. Chacun doit bien comprendre que ce n'est pas quelque chose acceptable pour que la consommation diminue.

vendredi 17 juin 2011

Le démantèlement des grands navires

En 2006, le porte avions français décommissionné Georges Clemenceau partit pour l'Inde afin d'être démantelé. Des associations écologistes s'opposaient à ce démantèlement en Inde, le navire posant des risques pour les travailleurs indiens, les chantiers n'étant pas suffisamment sécurisés. Au terme d'une pantalonnade, le Clemenceau fut rejeté par l'Inde, et il dut revenir en France. Ce démantèlement est en cours depuis 2009 dans un chantier anglais qui a du s'adapter pour l'occasion. L'affaire avait révélé les difficultés européennes à démanteler des navires de taille importante. En 2010, le ministère du développement durable expliquait sur son site "le nombre de chantiers de démantèlement de navires dans l’Union européenne a diminué au cours de ces vingt dernières années, et la capacité est désormais insuffisante pour le recyclage des grands navires marchands battant pavillon des Etats membres de l’Union européenne ou détenues par des sociétés de l’UE."

A la suite de l'affaire du Clemenceau, Matignon avait créé une Mission interministérielle sur le démantèlement des navires civils et militaires en fin de vie (MIDN). Elle avait rendu son rapport en 2007. Le constat de base est assez clair : les navires sont envoyés de plus en plus tard à la démolition, et plus de 90 % du marché se trouve en Asie, une région où les pratiques sont peu respectueuses des normes en la matière. Le Bangladesh en a à lui seul 70 %. Pour des raisons techniques, il est impossible pour les armateurs européens de dépolluer complètement un navire avant de l'envoyer se faire démanteler en Asie. En effet, cela remettrait en cause sa structure, et il doit rester en un seul morceau pour faire le trajet. En outre, ces deux opérations successives (dépollution puis démantèlement) coûtent plus cher que si elles sont intégrées en une seule. Le démantèlement de navire permet d'activer des filières de recyclage, et la revente des métaux est une source de revenus en soi.

Les chantiers européens de démantèlement sont bien adaptés pour les petits navires qui ne pourraient de toute façon tenir la distance jusqu'à l'Asie. Pour les navires de taille importante, le marché ne nécessite pas de subventionner de nouvelles capacités industrielles d'après le rapport de la mission interministérielle. Le secteur privé pourrait parfaitement développer de nouveaux projets industriels européens. En France, nos chantiers de construction de navires sont à la peine, il y a donc des opportunités en termes géographiques (proximité du démantèlement, infrastructures côtières) et d'emploi. Ne serait-ce que pour le démantèlement des navires étatiques, il y a tout une filière à développer rapidement. C'est donc une activité à favoriser sur la côte atlantique française, par le regroupement de groupes européens et la reconversion d'infrastructures.

mardi 14 juin 2011

Faciliter le don de gamètes

Les couples qui veulent avoir des enfants mais n'y arrivent pas par leurs propres moyens sont bons pour un chemin de croix. L'adoption est un processus extrêmement complexe : les candidats à l'adoption doivent d'abord obtenir l'agrément du président du Conseil Général sur la base de l'avis d'une commission d'agrément, disposant elle-même d'évaluations sociales et psychologiques de la famille accueillante. Autant de bureaucratie alors qu'il s'agit de donner normalement une famille à des orphelins, ce n'est pas forcément nécessaire. Après tout, on ne demande pas d'évaluations sociales et psychologiques des couples qui ont des enfants naturellement. Parfois même, ils ne font pas exprès d'en avoir...

Il y a d'autres solutions en dehors de l'adoption. En France, les mères porteuses sont complètement interdites. Mais même le don de gamètes est compliqué. Chaque année, des milliers de couples souhaitent se tourner vers cette voie, mais la demande est bien plus forte que l'offre. En conséquence, les temps d'attentes peuvent être très longs, et le sont encore plus pour les ovocytes : jusqu'à plusieurs années. Les autorités médicales expliquent que la pénurie de donneurs de sperme et d'ovocyte résulte d'une mauvaise information du public. Néanmoins, les conditions imposées sont très restrictives. Il faut avoir moins de 45 ans pour les hommes, moins de 37 ans pour les femmes, être déjà parent et avoir l'autorisation du conjoint. Sachant que l'âge de la première naissance tend à être de plus en plus tardive, cela réduit naturellement la population concernée.

Bien sûr, introduire une rémunération serait la meilleure façon de motiver les donneurs potentiels. Cela se fait dans d'autres pays, mais c'est en contradiction totale avec la notion de "don" : ce serait alors une vente, et le problème éthique est notable. Seulement, les restrictions aux dons sont loin d'être aussi nécessaires, même sur le plan de l'éthique. Il n'y a pas de raison pour que des couples aient à attendre plusieurs années pour obtenir un don de gamètes, et il n'y a pas de raison non plus pour forcer les donneurs potentiels à être déjà parent. Assouplir ces règles ferait donc des milliers de familles heureuses, et cela, sans rien coûter à personne.

dimanche 12 juin 2011

Que faire et avec qui ?

D'ici un an, nous aurons donc un nouveau gouvernement. C'est une échéance importante, qu'il faut préparer. Quelle que soit l'appréciation que l'on ait du gouvernement actuel, en mai prochain, il faudra prendre le relais pour donner un nouvel élan à la France. Alors que les candidats à l'élection présidentielle commencent à se déclarer, chacun peut tenter d'apporter sa pierre à l'édifice. Avant de se poser la question d'une personnalité, quel mouvement d'idées voulons-nous voir au pouvoir ?

Au cours des quatre dernières années, j'ai consacré de nombreux articles de ce blog à l'analyse des courants de la droite et du centre droit français et européens. J'ai déjà expliqué les raisons qui font que ce blog est de droite. Et dans une série d'articles, j'ai exposé mes souhaits quant aux partis pris du mouvement politique que je voudrais voir au pouvoir : un parti populaire, européen, démocratique, pragmatique, protecteur de l'environnement, respectueux d'une certaine éthique, insistant sur le nécessaire respect de la loi, promouvant la valeur du travail et favorable à l'innovation. Chacun jugera de lui-même si un tel parti existe, ou existera d'ici un an...

Quoi qu'il en soit, la question du programme à appliquer se pose également. Pour ma part, depuis très longtemps insatisfait du cours général des choses, j'ai déjà tenté à quelques reprises d'écrire un programme politique, ou tout du moins une liste de mesures que j'estime nécessaires. A chaque fois, je ne suis pas allé bien loin, constatant que les idées ne venaient qu'au fil de l'actualité (qui rappelle régulièrement quels sont les problèmes qui se posent). C'était donc l'un des objectifs de ce blog : en y suivant l'actualité, j'ai accumulé les prises de positions qui, ma foi, peuvent former une ligne d'action utilisable par qui voudra. J'en ferai donc un récapitulatif d'ici une dizaine de jours, et ce sera ma contribution personnelle à la prochaine campagne électorale.

jeudi 2 juin 2011

La meilleure réforme du quinquennat

Pendant la dernière campagne présidentielle, quand Nicolas Sarkozy présentait son programme, il ne disait pas que le paquet fiscal serait le changement le plus fort qu'il apporterait. Il déclarait par contre que la réforme des universités serait l'œuvre marquante de son quinquennat. Et en cela, il avait raison. Devenue ministre de la recherche et de l'enseignement supérieur, Valérie Pécresse a eu à faire à une forte opposition. Les universités, toujours promptes à se "mobiliser", furent bloquées à plusieurs reprises par des groupuscules d'extrême gauche dénonçant pèle mêle la privatisation des facultés, leur destruction, le manque de moyen, la droite, etc. Derrière cela, il y avait une véritable réforme importante, celle apportant l'autonomie aux universités. C'est ce qui leur manquait pour pouvoir recommencer à avancer. A sa suite, les universités se voient progressivement octroyées le pouvoir de gérer leur finance, leur personnel et leur patrimoine immobilier. C'est un véritable progrès qui permet aux universités d'innover, de prendre des initiatives, et d'être gérées au plus près de leurs projets.

Malgré l'opposition féroce à cette loi au moment de cette loi, elle est désormais saluée presque unanimement. Même les socialistes reconnaissent aujourd'hui le besoin de davantage d'autonomie pour les universités. La question des moyens fut également au centre des débats. Les universités ont souvent été négligées. Pour certains responsables, cette situation était la conséquence de décisions conscientes, car pour beaucoup d'entre eux les universités étaient devenus une terre stérile, où les investissements seraient gâchés à cause de leur mode de gouvernance hérité de mai 68. Nous avons donc maintenant des décennies de retard d'investissement, sensible notamment au niveau du patrimoine immobilier.

Ce point a également été abordé par le gouvernement, à travers le Plan Campus. La vente de 3 % du capital d'EDF a apporté une manne financière utilisée à cet égard. Plutôt que d'être saupoudrée un peu partout, le gouvernement en a profité pour favoriser le rapprochement d'établissements à travers des "campus". Ces milliards d'euros ont donc été attribués à 12 projets emblématiques, ce qui permit par exemple le regroupement de l'université de Strasbourg.

Au delà de ça, l'intégration de la recherche publique française dans l'économie et son financement ont été des buts recherchés par l'établissement d'Instituts de Recherche Technologique. Ces Instituts, encore en cours de constitution, visent à rapprocher recherche publique et recherche privée, à travers des projets de coopération thématiques reposant sur la base des pôles de compétitivité. Grenoble verra ainsi s'ouvrir un Institut de Recherche sur les nanotechnologies, financé tant par le public que le privé. Il devrait y en avoir huit à terme.

On l'a vu, au cours de ces quatre dernières années, Valérie Pécresse n'a pas chômé. Bien sûr, il reste encore des évolutions significatives à accomplir. Il serait par exemple judicieux de mettre en place la sélection à l'entrée des universités. Mais le gouvernement n'aura pas à rougir de son action sur l'enseignement supérieur, il aura donné des bases solides pour son développement. Il ne s'agit pas là de mesures spectacles, les conséquences ne se feront sentir que sur le long terme, d'ici encore plusieurs années. Néanmoins, le terrain est désormais prêt pour qu'il y ait des universités bien plus performantes qu'actuellement.

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