Les députés UMP ne sont pas contents après les dernières mesures annoncées par le gouvernement pour améliorer la sécurité routière. La suppression des panneaux annonçant les radars automatiques n'est pas populaire. Les "automobilistes mécontents" ne veulent plus perdre de points et payer des amendes, le font savoir bruyamment à des députés qui se soucient moins d'intérêt général que de réélections, et ceux-ci s'en prennent ensuite au gouvernement. Commençons par reconnaître que les "automobilistes mécontents" sont ceux qui visiblement, roulent fréquemment au dessus des limitations de vitesse, et veulent continuer à le faire en toute impunité. Dans leur esprit, ils ne sont pas dangereux. A les écouter, ce sont toujours les autres qui sont dangereux. C'est à se demander comment ça se fait qu'il y ait autant d'accidents mortels... En fait, ceux qui ne se croient pas dangereux sont bien ceux qui créent des accidents, mais sont soit moins volubiles, soit morts après l'accident dont ils sont responsables.

La prévention peut arriver à des résultats, mais ce n'est pas automatique. A force de campagnes, le port de la ceinture de sécurité est à peu près rentrée dans les mœurs. Mais en ce qui concerne la vitesse, on en n'est pas là. La seule façon dont les autorités ont réussi à diminuer la vitesse sur les routes fut en installant de nombreux radars automatiques sur les routes. La peur du gendarme s'est avéré de très loin comme le meilleur moyen de sauver des vies. Avec le permis à point, la menace de perdre son permis forçait une prise de conscience pour les automobilistes qui roulaient trop vite : ils devaient changer de comportement. Le procédé fonctionnait : depuis la mise en place des radars automatiques, le nombre de morts sur la route diminuait. En 2010, encore, le nombre de victimes était pour la première fois sous les 4000, à 3994.

Lorsqu'à l'automne dernier, le sénateur de la Vienne Alain Fouché et le député des Bouches du Rhône Bernard Reynès ont déposé un amendement visant à assouplir les règles du permis à points, les associations de prévention routière ont immédiatement prévenu des conséquences. Faciliter la récupération des points envoyait un signal indiquant que les excès de vitesse étaient davantage tolérés (et c'est bien le but conscient de l'opération). Cela entrainerait une dégradation des comportements sur la route qui causerait une recrudescence du nombre de morts.

Et c'est exactement ce qui s'est passé. Depuis que cet assouplissement a été mis en œuvre le 1er janvier dernier, le nombre de morts est constamment plus élevé qu'au même mois de l'année précédente. C'est d'ores et déjà 134 victimes de plus que nous devons déplorer. Si l'on continue au même rythme, c'est près de 500 personnes de plus qui mourront sur les routes cette année par rapport en 2010. Fin 2007, le Président de la République avait annoncé vouloir arriver à moins de 3000 morts d'ici 2012. On s'en éloigne de plus en plus. Voilà comment il faut aujourd'hui faire passer de nouvelles mesures punitives pour contrebalancer celles laxistes voulues par le Parlement.

Respecter les limitations de vitesse n'a pourtant rien de compliquer, et la très grande majorité des automobilistes n'est pas menacée de perdre leur permis pour des excès de vitesse. Les députés qui se font l'avocat des automobilistes les plus dangereux ont donc entraîné ce pas de deux mortel qui ne les satisferont pas. Et au cours de cette séquence, c'est des dizaines de morts qu'ils peuvent avoir sur la conscience.