Cette semaine, les taxis ont manifesté leur colère en organisant des "opérations escargots" dans plusieurs villes de France. Ils veulent recommencer, quitte à tout bloquer d'ici quelques semaines. Ils l'ont déjà fait, et en sont donc capables. De fait, le lobby des taxis est réputé pour son pouvoir de nuisance. Cette fois-ci, les revendications sont assez classiques. D'une part, l'augmentation du prix de l'essence devient une charge intolérable, et ils aimeraient pouvoir bénéficier d'une exonération de la TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers). D'autre part, ils souhaitent davantage de réglementation, pour ne plus souffrir la concurrence de nouveaux venus : des voitures avec chauffeurs réservables par internet, qui ne sont pas comptabilisés comme taxis. Plus de réglementation, voilà qui n'est pas conforme avec l'air du temps. En effet, en 2008, la commission Attali pour "libérer la croissance" avait fait de nombreuses propositions relatives à cette profession, et elles allaient globalement dans le sens de la dérégulation. Cela avait d'ailleurs provoqué leur colère.

La commission Attali préconisait une ouverture du marché des taxis et des "voitures de petite remise", afin d'augmenter leur nombre, créer des emplois et mieux répondre à la demande. Les chauffeurs de taxis, eux, considèrent qu'une telle mesure augmenterait la concurrence, et réduirait leurs revenus, alors que leurs charges sont très élevés. Le nombre de licences données chaque année étant extrêmement limité, la plupart doivent en acheter une, et les prix deviennent vite prohibitifs en agglomération. C'est alors un emprunt qu'il faut rembourser, et également un actif au moment de la sortie de l'activité. Les taxis ont beau être protégés de la concurrence par ce système, ils n'en doivent pas moins travailler de très longues heures pour générer un gain acceptable. C'est également le cas lorsqu'un chauffeur doit louer une licence, ou est salarié : il faut rembourser l'investissement initial.

En fait, c'est tout le système de licences cessibles qui est à revoir. Les métiers dont l'établissement dépendent d'une charge, comme les notaires ou les taxis, favorisent l'établissement de corporations voués à défendre la valeur de cet actif. Toutefois, il faudra bien briser cette spirale infernale un jour. Alors que les Français sont résignés à cet état de fait, les étrangers qui voyagent en France ne peuvent s'empêcher de remarquer l'insuffisance du nombre de taxis et la mauvaise qualité de leur accueil. Une augmentation du nombre de taxis (et donc de la concurrence) est donc souhaitable. Si la formation doit toujours être demandée, il faut augmenter largement et progressivement le nombre de licences accordées gratuitement, et que celles-ci ne puissent plus être revendues. A terme, c'est l'ensemble des licences qui ne pourront plus être cédées. Certaines difficultés locales (telle que l'aménagement des abords de l'aéroport de Roissy) peuvent également être mises sur le tapis, mais il faudra bien aborder un jour le problème plus général du nombre de licences.