Le conflit israélo-palestinien est souvent considéré comme déstabilisateur pour l'ensemble du proche orient, et par extension, pour le monde entier. Les relations entre l'occident et le monde arabe dépendent en grande partie de celles entre Israël et de ses voisins. Ce n'est donc pas par pur altruisme que les Etats-Unis et l'Europe tentent régulièrement de faire avancer la paix dans cette région : une plus grande stabilité au proche orient leur serait également bénéfique à terme. Néanmoins, ce n'est pas la seule zone de crise qui soit importante au niveau mondiale.

En occupant l'Afghanistan, les alliés cherchaient à mettre à mal le terrorisme islamique qui y avait trouvé refuge. Assez rapidement, celui-ci s'est déplacé vers le Pakistan, comme l'a montré la présence d'Oussama Ben Laden. Bien avant l'intervention armée contre celui-ci, le Pentagone avait parfaitement conscience que le théâtre d'opération critique n'était pas l'Afghanistan, mais le Pakistan. Ce pays, très peuplé, n'est pas loin de l'anarchie. Bien que disposant d'un Président de la République élu, Asif Ali Zardari, pas grand chose n'a changé par rapport à l'époque où Pervez Musharraf : dans les faits, c'est toujours l'armée qui dirige. Celle-ci a un poids totalement disproportionné qui n'est justifié que par la hantise d'une guerre avec l'Inde. Les hostilités entre hindous et musulmans avaient entraîné la séparation de l'Inde et du Pakistan lors de la décolonisation. Dès cette époque, le cas de la région du Cachemire avait posé problème. Alors que les deux pays étaient encore dans l'expectative quant au tracé définitif des frontières, des forces pakistanaises ont envahi cette région, puis les forces indiennes ont contre-attaqué. La frontière actuelle reste essentiellement la ligne de front de l'époque, mais chacun revendique l'intégralité de la région.

Plusieurs guerres après, l'Inde et le Pakistan se font toujours face, et se méfient toujours autant l'un de l'autre. Rien que ce fait est assez inquiétant, vu qu'ils disposent tous deux de l'arme nucléaire, ce qui établit les principes d'une guerre froide à bout portant. Mais cela n'est pas tout. L'armée pakistanaise, obsédée par l'Inde, néglige totalement la menace fondamentaliste islamique. Le Président Asif Ali Zardari a beau expliquer que le Pakistan est victime du terrorisme, lui-même ayant perdu sa femme Benazir Bhutto dans un attentat, il s'avère que l'Etat joue à double jeu sur la question d'Al Qaida et des talibans. Par exemple, le Pakistan n'a pas forcément intérêt à s'engager pour un Afghanistan stable. Etre trop allié des Etats-Unis pourrait s'avérer un handicap lorsque ceux-ci partiront de l'Afghanistan. Et surtout, le Pakistan se méfie de l'ethnie tadjik, du nord de l'Afghanistan, qui s'oppose aux talibans, et qui est considérée comme proche des Indiens. En comparaison, les Pachtounes sont beaucoup plus sûrs en cas de nouveau conflit avec l'Inde.

En fin de compte, toutes les analyses sur l'Afghanistan amènent la question du Pakistan, et toutes les analyses sur le Pakistan amènent la question de l'Inde et du Cachemire. La conclusion tombe d'elle-même : pour désamorcer cette poudrière mondiale, il faudrait trouver un moyen pour que le Pakistan et l'Afghanistan s'engagent pour une paix durable et sans arrière pensée. Pour commencer, il faudrait mettre de côté toutes les hostilités religieuses, ce qui n'est pas une mince affaire. Mais il faudrait surtout une vraie issue sur le Cachemire. Vu comment on arrive à rien sur la Palestine, il n'y a pas de quoi être optimiste sur ce dossier là.

Idéalement, il faudrait que les habitants des différentes provinces du Cachemire décident du pays auquel ils veulent être attachés, conformément au principe d'auto-détermination. Hors vu qu'ils sont très majoritairement musulmans, une telle solution est rejetée par l'Inde. Un pis-aller serait tout simplement de transformer la ligne de séparation entre les deux pays comme frontière définitive, et de demander aux deux pays d'abandonner leurs revendications sur l'autre partie. Après tout, les deux morceaux sont d'une taille comparable, c'est un peu la solution "on fait moitié-moitié". L'urgence est bien de mettre fin à cette éternelle suspicion qui les handicape mutuellement, et rend le monde entier plus instable. Il faudrait pour cela de la bonne volonté. Seulement que ferait ensuite une armée pakistanaise obèse privée de sa raison d'être ? Quoi qu'il en soit, le problème reste épineux, mais au vu de ses implications, la communauté internationale serait légitime pour demander tenter de faire avancer les choses. Dans une telle situation, une réussite du "soft power" aurait de formidables répercussions à très long terme.