Il y a d'abord eu Stéphane Gatignon, le maire d'une ville de Seine-Saint-Denis, qui a demandé la légalisation du cannabis pour diminuer le trafic. Il y a également eu l'ancien ministre socialiste Daniel Vaillant, qui a à nouveau demandé la création d'une filière d'Etat. C'est ensuite une partie de la gauche qui n'a pas fermé la porte à de telles éventualités, Martine Aubry et François Hollande en tête. Enfin, hier, nous avons eu le droit au coup médiatique du bien peu subtil "appel du 18 joint". De tout cela, on arrive à une situation assez claire : les fumeurs de cannabis veulent pouvoir fumer ouvertement, et la gauche aimerait récupérer les voix de ces électeurs. On ne s'intéresse plus aux effets de la consommation de cannabis, on préfère désormais mettre l'accent sur la façon d'en contrôler les répercussions...

Les arguments des partisans du cannabis sont d'une grande vacuité. En premier lieu, il y l'argument de la sécurité publique : la pénalisation du cannabis entraînerait des trafics et de la criminalité. Sa légalisation permettrait d'assainir la situation. C'est oublier que le cannabis n'a rien d'une fatalité. S'ils sont si concernés par la sécurité publique, les consommateurs de cannabis peuvent commencer par respecter la loi, et ne plus en consommer. Si l'on accepte de passer par des filières illégales pour s'approvisionner, on justifie à peu près tout. Un tel raisonnement sur le cannabis peut s'appliquer à toutes les drogues, même l'héroïne ou la cocaïne. Et ceux qui revendent actuellement du cannabis pourront très bien se reconvertir dans la vente d'héroïne s'il y a une opportunité commerciale. D'ailleurs, l'"appel du 18 joint" demande autant la "dépénalisation de l'usage de toutes les drogues" que la légalisation du cannabis, montrant bien qu'ils n'ont aucune limite en la matière.

La vraie question est donc de savoir si nous avons besoin de davantage de drogues. Un argument souvent répété est que si le tabac et l'alcool sont légaux, le cannabis devrait l'être également. Or il y a une différence entre les deux : le tabac et l'alcool n'ont jamais été interdits, et il est déjà extrêmement compliqué d'en limiter la consommation. On peut vouloir interdire le tabac pour des raisons de santé publique par exemple, mais cela demanderait un travail s'étalant sur des décennies pour changer les habitudes culturelles. Il est donc hors de question de rajouter à cela les dangers du cannabis, qui doit toujours rester interdit. Le dépénaliser ou le légaliser enverrait le mauvais message, celui d'une politique montrant que c'est acceptable, alors qu'il doit être combattu. Les Pays-Bas se mordent aujourd'hui les doigts de l'avoir légalisé, le pays étant devenu une plaque tournante européenne du trafic de toutes les drogues. Revenir en arrière leur apparaît très compliqué. Ce n'est pas exactement le genre d'exemple à suivre.

Les discours visant à montrer que le cannabis est très répandu, et donc acceptable, ne sont donc pas opportuns. Il faut au contraire cesser cette bienveillance envers cette drogue (et toutes les autres) pour que les plus jeunes n'aient aucun doute au moment où ils y sont confrontés, et la refusent d'un "non" très simple. Il ne faut que ceux qui s'excluent du groupe soient ceux qui refusent de prendre de la drogue. Chacun doit bien comprendre que ce n'est pas quelque chose acceptable pour que la consommation diminue.