Pendant la dernière campagne présidentielle, quand Nicolas Sarkozy présentait son programme, il ne disait pas que le paquet fiscal serait le changement le plus fort qu'il apporterait. Il déclarait par contre que la réforme des universités serait l'œuvre marquante de son quinquennat. Et en cela, il avait raison. Devenue ministre de la recherche et de l'enseignement supérieur, Valérie Pécresse a eu à faire à une forte opposition. Les universités, toujours promptes à se "mobiliser", furent bloquées à plusieurs reprises par des groupuscules d'extrême gauche dénonçant pèle mêle la privatisation des facultés, leur destruction, le manque de moyen, la droite, etc. Derrière cela, il y avait une véritable réforme importante, celle apportant l'autonomie aux universités. C'est ce qui leur manquait pour pouvoir recommencer à avancer. A sa suite, les universités se voient progressivement octroyées le pouvoir de gérer leur finance, leur personnel et leur patrimoine immobilier. C'est un véritable progrès qui permet aux universités d'innover, de prendre des initiatives, et d'être gérées au plus près de leurs projets.

Malgré l'opposition féroce à cette loi au moment de cette loi, elle est désormais saluée presque unanimement. Même les socialistes reconnaissent aujourd'hui le besoin de davantage d'autonomie pour les universités. La question des moyens fut également au centre des débats. Les universités ont souvent été négligées. Pour certains responsables, cette situation était la conséquence de décisions conscientes, car pour beaucoup d'entre eux les universités étaient devenus une terre stérile, où les investissements seraient gâchés à cause de leur mode de gouvernance hérité de mai 68. Nous avons donc maintenant des décennies de retard d'investissement, sensible notamment au niveau du patrimoine immobilier.

Ce point a également été abordé par le gouvernement, à travers le Plan Campus. La vente de 3 % du capital d'EDF a apporté une manne financière utilisée à cet égard. Plutôt que d'être saupoudrée un peu partout, le gouvernement en a profité pour favoriser le rapprochement d'établissements à travers des "campus". Ces milliards d'euros ont donc été attribués à 12 projets emblématiques, ce qui permit par exemple le regroupement de l'université de Strasbourg.

Au delà de ça, l'intégration de la recherche publique française dans l'économie et son financement ont été des buts recherchés par l'établissement d'Instituts de Recherche Technologique. Ces Instituts, encore en cours de constitution, visent à rapprocher recherche publique et recherche privée, à travers des projets de coopération thématiques reposant sur la base des pôles de compétitivité. Grenoble verra ainsi s'ouvrir un Institut de Recherche sur les nanotechnologies, financé tant par le public que le privé. Il devrait y en avoir huit à terme.

On l'a vu, au cours de ces quatre dernières années, Valérie Pécresse n'a pas chômé. Bien sûr, il reste encore des évolutions significatives à accomplir. Il serait par exemple judicieux de mettre en place la sélection à l'entrée des universités. Mais le gouvernement n'aura pas à rougir de son action sur l'enseignement supérieur, il aura donné des bases solides pour son développement. Il ne s'agit pas là de mesures spectacles, les conséquences ne se feront sentir que sur le long terme, d'ici encore plusieurs années. Néanmoins, le terrain est désormais prêt pour qu'il y ait des universités bien plus performantes qu'actuellement.