Avec les arrestations de Ratko Mladic et Radovan Karadzic, la Serbie a levé deux obstacles à une adhésion à l'Union Européenne, adhésion qu'elle recherche. Dans ce genre de conditions, il reste encore Goran Hadzic, l'ancien leader des Serbes de Croatie, qui est toujours recherché par la justice internationale. Une fois qu'il sera capturé, s'ouvrira pour la Serbie... tout un nouveau champ d'obstacles. Sa voisine la Croatie, elle, adhérera bientôt à l'Union Européenne. Les négociations sont désormais bien avancé, et l'adhésion devrait être pour juillet 2013. Ce sera peut-être le dernier pays à adhérer avant longtemps.

Contrairement à la Turquie, la Serbie et les autres pays des Balkans ont vocation à adhérer un jour à l'Union Européenne. Géographiquement, ce sont des pays européens. Ils peuvent donc légitimement aspirer à rejoindre l'Union, qui s'adresse à toute l'Europe. Mais l'Union Européenne subit une crise de croissance. Le Traité de Lisbonne a permis de sortir des difficultés institutionnelles, mais l'adhésion de 10 pays en 2004, puis d'encore deux autres en 2007 a rendu la situation compliquée. Les pays de l'Europe de l'est ont posé de nouveaux défis pour l'esprit européen, en privilégiant l'aspect purement libéral de l'Union plutôt que le projet politique. En acceptant l'adhésion de Chypre alors que ses problèmes géographiques et géopolitiques ne sont pas réglés, l'Europe a fait sienne ces difficultés, sans vrai espoir de règlement rapide. Les adhésions roumaines et bulgares s'avèrent aujourd'hui particulièrement, la criminalité et la faiblesse économique de ces pays les mettent à la marge, et demandent des mesures spéciales pour qu'elles n'impactent pas le reste du continent.

A priori, la Croatie ne posera pas de tels problèmes. Tout laisse actuellement penser que ce nouveau membre sera aussi apprécié que la Slovénie, autre pays de l'ex-Yougoslavie qui a adhéré en 2004 et qui a adopté l'euro en 2007. Pour la Serbie, c'est une autre paire de manches. Culturellement, le pays est assez proche de la Russie (les liens historiques et religieux sont forts). La criminalité y est toujours importante, et l'économie, bien qu'en croissance, reste relativement pauvre. Le PIB par habitant y est faible, et le taux de chômage tourne autour des 14 %.

Enfin, on ne peut pas vraiment dire que la Serbie ait définitivement mis derrière elle toutes les tensions nationalistes qui ont ravagé le pays autrefois. Elle ne reconnait pas le Kosovo, et le souvenir de tous ces conflits entraînent des sentiments équivoques. La Bosnie Herzégovine connait des affres semblables, et on se demande parfois si des déplacements de population ne seraient pas l'ultime solution pour régler définitivement ces questions. Ce fut le moyen employé par les Alliés à la fin de la seconde guerre mondiale pour désamorcer les nationalismes, mais la Yougoslavie y avait échappé en se libérant seule de l'oppression nazie.

En fait la question d'une adhésion serbe se pose surtout car c'est le souhait du Président de la République serbe, Boris Tadic. Il est considéré comme pro-occidental parmi les politiciens serbes, et c'est évidemment vu comme une bonne nouvelle dans l'Europe occidentale, qui l'encourage. Néanmoins, les fondamentaux serbes tiennent ce pays encore très éloigné de l'Union Européenne, et Boris Tadic entame un travail de fond qui prendra certainement encore plus d'une décennie, si tout se passe bien.