mercredi 1 juin 2011
L'effet de cliquet
Par xerbias, mercredi 1 juin 2011 à 13:08 :: Pensée politique
Pour favoriser la croissance économique française, la principale recette de la gauche, et même d'une bonne partie de la droite, c'est de vouloir relancer la consommation. Pour 2012, les socialistes prévoient que la croissance sera relancée par la hausse du pouvoir d'achat qu'ils prévoient. En 2007, le paquet fiscal de Nicolas Sarkozy avait pour but de relancer la croissance par l'augmentation du pouvoir d'achat généré. En 1997, la semaine de 35 heures devait améliorer les conditions de vie des Français, la hausse globale des revenus en découlant devant favoriser la consommation, et donc la croissance. En 1981, la relance socialiste basée sur la stimulation avait été un terrible échec. A la base, tout cela est l'application de principes keynésiens stipulant qu'une relance de la demande permettra le retour de la croissance économique. Par le mécanisme du multiplicateur, de l'argent injecté par l'Etat dans l'économie générera une activité économique supplémentaire bien supérieure au montant initial. L'idée d'une sortie de crise "par le haut" fut au centre du New Deal de Franklin Roosevelt, et s'imposa dans les esprits après la seconde guerre mondiale.
La conclusion qu'en ont tiré bon nombre de responsables politiques est qu'il suffit donc que l'Etat relance la consommation pour permettre l'accélération de la croissance économique. D'une part, les électeurs sont contents parce qu'ils consomment plus, d'autre part, l'ensemble de l'activité économique en profite par répercussion. D'une manière générale, tout ce qui améliorera directement les conditions de vie de la population sera vu de façon positive. Cela se comprend aisément. Mais est-ce que l'effet est aussi positif que ça ?
Les accords de Grenelle de mai 68 prévoyaient ainsi une augmentation forte des salaires (+ 10 %, et + 35 % sur le salaire minimum) et une quatrième semaine de congés payés. Ce choc brutal sur l'économie ne put être absorbé sans une dévaluation importante l'année suivante, et les gains de pouvoir d'achat furent rapidement effacés par l'inflation générée. L'augmentation du nombre de congés aboutit également à une augmentation du coût du travail, et il n'est dès lors pas étonnant qu'après un autre choc de la même nature en 1981, le chômage augmenta fortement.
L'appareil productif français n'est pas en mesure de répondre pleinement à une augmentation de la demande intérieure. En outre, la menace de l'inflation et du chômage pousse les ménages à ne pas consommer inconsidérément, la consommation française étant déjà à un niveau très convenable. Il peut y avoir des cas où une relance économique fondée sur la demande peut être pertinente, mais ce n'est pas vraiment le cas pour la France depuis plus de trente ans. Une bonne partie des "mesures prises" ne font que handicaper l'appareil industriel français sans que cela ait des répercussions en terme de croissance.
Sans tenir compte des conséquences économiques à long terme, les politiciens préfèrent promettre des cadeaux aux électeurs, afin de bénéficier de retombées à court terme. Le plus problématique dans tout cela, c'est qu'il est absolument impossible de revenir en arrière, quelque soit les enjeux. Tout le discours sur les "acquis sociaux" vise à empêcher formellement tout recul, quitte à sacrifier l'avenir. C'est exactement le principe du cliquet, ce mécanisme visant à empêchant tout retour en arrière. Il peut apparaître rassurant, mais se priver de choix reste suicidaire. On l'a vu pendant la réforme des retraites. Il est extrêmement compliqué de revenir à un âge de départ à la retraite de 65 ans (pour l'instant, il n'est qu'à 62). Si François Mitterrand n'avait pas voulu baisser l'âge de départ à la retraite, les problèmes actuels de financement des retraites ne se poseraient pas de la même façon. Il semble impossible de le faire remarquer, l'effet de cliquet bloquant toute adaptation aux changements du monde. Au moins peut-on être plus précautionneux avant d'en rajouter davantage.
La conclusion qu'en ont tiré bon nombre de responsables politiques est qu'il suffit donc que l'Etat relance la consommation pour permettre l'accélération de la croissance économique. D'une part, les électeurs sont contents parce qu'ils consomment plus, d'autre part, l'ensemble de l'activité économique en profite par répercussion. D'une manière générale, tout ce qui améliorera directement les conditions de vie de la population sera vu de façon positive. Cela se comprend aisément. Mais est-ce que l'effet est aussi positif que ça ?
Les accords de Grenelle de mai 68 prévoyaient ainsi une augmentation forte des salaires (+ 10 %, et + 35 % sur le salaire minimum) et une quatrième semaine de congés payés. Ce choc brutal sur l'économie ne put être absorbé sans une dévaluation importante l'année suivante, et les gains de pouvoir d'achat furent rapidement effacés par l'inflation générée. L'augmentation du nombre de congés aboutit également à une augmentation du coût du travail, et il n'est dès lors pas étonnant qu'après un autre choc de la même nature en 1981, le chômage augmenta fortement.
L'appareil productif français n'est pas en mesure de répondre pleinement à une augmentation de la demande intérieure. En outre, la menace de l'inflation et du chômage pousse les ménages à ne pas consommer inconsidérément, la consommation française étant déjà à un niveau très convenable. Il peut y avoir des cas où une relance économique fondée sur la demande peut être pertinente, mais ce n'est pas vraiment le cas pour la France depuis plus de trente ans. Une bonne partie des "mesures prises" ne font que handicaper l'appareil industriel français sans que cela ait des répercussions en terme de croissance.
Sans tenir compte des conséquences économiques à long terme, les politiciens préfèrent promettre des cadeaux aux électeurs, afin de bénéficier de retombées à court terme. Le plus problématique dans tout cela, c'est qu'il est absolument impossible de revenir en arrière, quelque soit les enjeux. Tout le discours sur les "acquis sociaux" vise à empêcher formellement tout recul, quitte à sacrifier l'avenir. C'est exactement le principe du cliquet, ce mécanisme visant à empêchant tout retour en arrière. Il peut apparaître rassurant, mais se priver de choix reste suicidaire. On l'a vu pendant la réforme des retraites. Il est extrêmement compliqué de revenir à un âge de départ à la retraite de 65 ans (pour l'instant, il n'est qu'à 62). Si François Mitterrand n'avait pas voulu baisser l'âge de départ à la retraite, les problèmes actuels de financement des retraites ne se poseraient pas de la même façon. Il semble impossible de le faire remarquer, l'effet de cliquet bloquant toute adaptation aux changements du monde. Au moins peut-on être plus précautionneux avant d'en rajouter davantage.