Il a suffi que Nicolas Hulot avoue avoir envisagé ne serait-ce qu'un instant une alliance avec Jean-Louis Borloo, pour qu'il soit assailli d'attaques. "Comment ? Celui qui voudrait être le candidat des écologistes a frayé avec un suppôt de Sarkozy ? Voilà bien la preuve qu'il faut un candidat résolument à gauche. En fait, plus c'est à gauche, mieux c'est..." Avec un tel réflexe, on se rend ô combien les Verts ont peu changé en se renommant "Europe Ecologie". Les nouveaux militants n'y sont acceptés qu'à condition qu'ils respectent la doctrine des Verts, à savoir être à gauche et instrumentaliser les thématiques environnementales. C'est une attitude bien dommageable, et en premier lieu pour l'écologie elle-même. En en faisant un combat partisan, les Verts en éloignent une part importante de la population. Lorsqu'ils ont fait le choix, avec Dominique Voynet, de s'inscrire dans le clivage droite/gauche, ils se sont condamnés à avoir une approche partisane de l'écologie. Une mesure favorable à l'environnement, si elle était prise par la droite, restait fondamentalement mauvaise. Une mesure nuisible à l'environnement, si elle était prise par la gauche, devenait acceptable. Voilà où est passé la crédibilité du mouvement écologiste, qui a coulé lors de la dernière présidentielle.

L'écologie n'est pourtant pas une question fondamentalement de gauche. Elle concerne chacun, et historiquement, la gauche n'a pas un meilleur bilan que la droite en la matière. L'écologie n'est absolument pas incompatible avec la droite : le développement durable peut représenter des opportunités économiques pour le secteur privé, et celui-ci n'a pas intérêt à voir l'environnement se dégrader. En fait, c'est surtout une question de long terme.

Un point qui reste à discuter et la relation entre la mondialisation et la protection de l'environnement. Le libre échange favorise-t-il une course au moins disant environnemental ? En Chine, on s'est montré jusqu'à présent que modérément soucieux vis-à-vis de ces thèmes, les priorités étant ailleurs. Ce pays a des coûts moins élevés sur le marché mondial, les normes environnementales étant moins développées, entre autres raisons. Il y a donc un dumping environnemental qui attire les productions du monde entier. Les conséquences sont elles aussi mondiales : les émissions de CO2 provoquent un effet de serre qui concerne tout le monde, sans distinction de frontières...

Pourtant, il n'y a pas besoin de libre échange pour polluer. L'URSS, bien moins intégrée dans les échanges mondiaux, n'en polluait pas moins l'environnement, étant peu incitée à y faire attention. Le vrai problème est plutôt celui du développement économique : un pays pauvre voit moins l'écologie comme une priorité que les pays développés, c'est plutôt considéré comme un luxe. Et pour ces pays, le libre échange est généralement un moyen de sortir de la pauvreté justement.

L'écologie n'est donc en aucun cas une thématique de gauche plus que de droite. Le vrai rôle des écologistes, c'est de pousser les dirigeants politiques à se saisir davantage de ce thème. C'est exactement ce qu'avait réussi à faire Nicolas Hulot en 2007. En se laissant récupérer par les Verts, dont le message est depuis longtemps définitivement brouillé par l'insistance sur les questions sociales, il perd une partie de son originalité. Si le but est de transformer l'accompagnement vers l'écologie en une intransigeance doctrinaire, le combat pour la défense de l'environnement sera une nouvelle fois perdu.