La religion musulmane fait naitre beaucoup de peurs. Elle est actuellement en croissance, et elle a en même temps été associée à de nombreux événements tragiques dans les dernières décennies. La quasi guerre civile menée en Algérie par le Groupement Islamique Armé, les multiples attentats, que ce soit à Paris en 1995 ou bien à Londres en 2005, et évidemment l'attaque du 11 septembre 2001, sont autant de faits qui ont terrifié les populations des pays occidentales. Le jihad ou même l'application littérale de la shariah ont poussé bon nombre de gens à considérer avec méfiance l'islam, censé les légitimer. Cette peur a généré l'islamophobie, ou même le racisme envers tous ceux qui sont musulmans. Pourtant, il ne s'agit à chaque fois que d'extrémismes. De la même manière qu'il existe une extrême droite ou une extrême gauche, il existe un islam extrémiste, l'islamisme. Cette forme de l'islam n'est pas partagée par tous les musulmans, loin de là. Mais pour les islamophobes, c'est toute la religion qu'il faut condamner.

La lecture du Coran peut certes effrayer, notamment lors de la lecture de certains passages sur les mécréants ou le traitement de la femme. Pourtant, il s'agit d'un texte prophétique et de ce fait très largement soumis à interprétation. Celle des islamistes repose sur une lecture non seulement rigoriste, mais aussi particulièrement intolérante. Mais il ne faut pas oublier pour autant que la Bible peut être interprétée de la même façon, et l'Histoire a montré comment des groupes plus ou moins étendus ont fait régner le malheur en l'invoquant. Voilà pourquoi il ne sert à rien de s'en prendre à l'islam en tant que tel. Cette religion peut autant être vecteur de paix, de bien être et d'équilibre que les autres.

Elle doit donc pouvoir être pratiquée de la même manière que toutes les religions, ce qui, en France, suppose le respect total des règles établies en terme de laïcité. Il ne s'agit pas pour autant de prendre à la légère les problèmes posés par les fondamentalistes en voulant laisser tranquille les musulmans. L'un des terreaux tant de l'islamisme que de l'islamophobie est la relation aléatoire entre le culte et certains pays troubles. Le fait que les imams soient formés loin des lieux dans lesquels ils officieront créé parfois une sorte de lien entre les zones où l'islam devient totalitaire et celles où sa présence est apaisée. De même, le culte en arabe peut rendre hermétique la religion et l'éloigner de la société.

Cela n'est pourtant pas une fatalité. Rien n'empêche les musulmans modérés de faire prévaloir au fil du temps un islam de plus en plus en phase avec la société occidentale, n'hésitant pas à mettre en valeur par exemple les valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité. Si l'Islam vient du monde oriental, le culte peut se passer de ce lien pour beaucoup de choses. Il ne s'agirait pas de le nier, mais simplement de se concentrer sur ce qui est universel, et d'en reconnaître une vision compatible avec l'occident. Cela n'a rien d'impossible, et permettrait de diminuer tant les risques que les peurs.