Réflexions en cours

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

dimanche 29 octobre 2006

Les chantiers présidentiels

Le 14 juillet 2002, Jacques Chirac, réélu depuis peu, lançait trois chantiers importants, bien qu'ils soient plus rarement évoqués dans les médias que d'autres questions comme l'emploi ou la sécurité. Ces trois chantiers présidentiels sont le soutien aux handicapés, la lutte contre le cancer et l'amélioration de la sécurité routière. C'étaient trois domaines où des actions concrètes fortes pouvaient être faites pour améliorer la vie des Français avec de réels résultats, et avoir travaillé dans ce sens est indubitablement un point positif dans le bilan qui s'esquisse déjà de l'action de Jacques Chirac.

D'abord, le soutien aux handicapés a des conséquences pratiques, comme le montre l'installation progressive d'équipements adaptés, notamment dans les transports en commun. Néanmoins, il manque encore un changement de mentalité à leur égard, car il semble que prédomine encore une certaine réticence quant au rôle qu'ils ont à jouer dans la société, ce qui découle d'une ignorance. Ce rôle, c'est le même que tout à chacun. Mais ils ont encore du mal à trouver des emplois, comme s'il y avait une peur de la façon dont il faudrait traiter avec eux, alors qu'ils demandent le même traitement que les valides mis à part l'accessibilité des équipements. Sur ce point, si des efforts ont été faits, il y a beaucoup à faire, sur un plan où le gouvernement n'a pas forcément de levier d'action.

Ensuite, vient la lutte contre le cancer. Là encore, il n'y a pas un spectacle à montrer, mais une foule d'efforts qui ont été faits au quotidien, notamment dans les domaines du dépistage précoce et de la prévention. En l'occurrence, la prévention passe par les campagnes de bonnes pratiques de santé, comme celle encourageant la consommation de 5 à 10 fruits ou légumes par jour, ou celle encourageant la pratique quotidienne d'une activité physique. Mais c'est bien la lutte contre le tabagisme qui est le fer de lance du combat contre le cancer, tant c'est une source identifiée de souffrances. C'est bien dans ce cadre qu'il faut comprendre les grandes augmentations du prix du tabac, pour rendre la consommation de tabac moins attractive, ou bien l'interdiction de fumer dans les lieux publics qui reste à venir : le tabagisme passif doit être banni. D'une manière générale, tout ce qui peut dissuader la consommation de tabac est intéressant. Cela peut être une politique impopulaire, mais c'est nécessaire pour sauver des vies, et il faut un véritable courage pour appliquer cette politique.

Enfin, de très grands progrès ont été réalisés dans la lutte contre la délinquance routière, ce qui a permis de sauver des milliers de vie chaque année. Là encore, les mesures ont été impopulaires, vu qu'il a fallu passer par une répression accrue. Des contrôles renforcés et l'installation de nombreux radars automatiques ont permis de faire prévaloir des comportements plus responsables, dès lors, il n'est pas étonnant que le nombre de morts soit moindre, c'est au mettre au crédit du Président de la République, du Ministre de l'Intérieur et du ministère des transports.

Ce sont donc autant de points sur lequel le bilan présidentiel est fort, et l'effort dans ces directions doit être maintenu.

samedi 28 octobre 2006

Les universités françaises

Cette semaine l'hebdomadaire britannique The Economist publie une étude intéressante sur l'état de la France. Parmi les sujets abordés viennent les universités françaises, qui apparaissent peu dans les classements internationaux et ont une approche parfois étrange des enseignements à donner à leurs élèves. L'article compare deux universités proches : Toulouse I et Toulouse II. La deuxième s'est spécialisée dans les sciences humaines comme la philosophie, la sociologie et la psychologie, lorsque la première se concentre davantage sur le droit ou l'économie. Les sciences humaines ont un grand tort : ceux qui en sortent diplômés n'ont d'autres débouchés que ceux de l'enseignement ou presque, lorsque Toulouse I s'est appliqué à chercher des partenariats avec le secteur privé pour professionnaliser les contenus. En fin de compte, Toulouse I apparaît moins comme une voie de garage pour ses étudiants alors que Toulouse II se complait dans une approche intellectuelle rejetant le monde de l'entreprise, d'où une mentalité comportant encore des éléments issus du marxisme, rejetant une vision utilitariste des diplômes en préférant "le combat social" en matière d'avenir professionnel, comme l'a montré sa mobilisation contre le CPE. Encore une fois, le monde de l'entreprise est férocement rejeté au profit d'un secteur public qui devrait tout régler pour chacun, sans jamais recourir aux notions de profit ou de performance. Ainsi, Dominique Strauss-Kahn est accusé par Laurent Fabius de vouloir "privatiser les universités" lorsqu'il prône l'aide des entreprises comme sources de financement supplémentaires. Ce sont pourtant elles qui devront recruter en fin de compte une majorité des étudiants issus des bancs des universités. Mais ce n'est pas la vision que semblent avoir certains de ces étudiants, et même de certains de leurs professeurs.

Le fait que certains diplômes n'aient aucune valeur sur le marché du travail repose en partie sur le fait qu'il y a tellement de diplômés dans certaines branches qu'ils dépassent totalement les besoins des entreprises. D'une manière générale, les universités françaises souffrent de trois problèmes majeurs, héritiers des réformes de mai 68 : le manque de sélection, l'absence d'autonomie et le refus de la compétition entre elles. Il ne peut y avoir compétition si elles sont toutes semblables, ce qui devrait être le cas. Or il existe bien des différences entre les universités, parce que le niveau des professeurs quoiqu'on en dise est variable, comme les cultures qui y règnent, mais ce ne peut être assumé. Considérer qu'elles sont toutes faites pareilles enlève une dimension à l'analyse des universités françaises, et pousse à envoyer systématiquement les étudiants dans les universités assignées par la carte scolaire, quels que soient leurs besoins et leurs capacités. L'absence de compétition revient à refuser à ce que les universités développent de bonnes réputations, pourtant estimables au niveau mondial.

Enfin, le manque de sélection à l'entrée est probablement l'élément le plus handicapant pour les universités françaises. Toutes les autres études universitaires en ont, que ce soient les classes préparatoires, les différentes écoles directement après le bac ainsi que les filières courtes comme les BTS et les DUT. A ceux qui souhaitent vraiment faire des études longues à l'université s'ajoutent alors tous ceux qui ont été refusés des autres filières, alors que le baccalauréat n'a plus aucun rôle de filtre. L'absence de sélection favorise également les errements d'orientation et fait un appel d'air pour les étudiants les moins motivés. En conséquence, le premier cycle universitaire s'est progressivement transformé en cycle de sélection avant de passer aux choses sérieuses, faisant perdre deux ou trois ans à ceux qui réussissent comme à ceux qui échouent, gâchant également les moyens employés pour ce temps d'enseignement, alors que les universités auraient besoin de davantage de crédits et de cours moins magistraux. En fin de compte, ce sont de nombreux diplômés brillants issus de l'université qui voient leurs diplômes sous-estimés par les employeurs, du fait d'une mauvaise connaissance des différences entre les diplômes et par une certaine méfiance qui a fini par s'installer vis-à-vis du système universitaire.

Il ne faut donc pas avoir peur de la sélection à l'entrée des universités, ou de l'implication d'entreprises dans les programmes de recherche et d'enseignements. Les entreprises ne pourront que favoriser leur amélioration, en orientant le contenu des cours et de la recherche vers des domaines utiles pour le monde économique, et c'est bien parce que celui-ci est insuffisamment pris en compte que les universités françaises sont aussi faibles aujourd'hui. Il suffit de voir l'exemple de Paris IX Dauphine, une université spécialisée dans l'économie avec une grande réputation, des diplômes recherchés, une sélection à l'entrée et une écoute attentive du monde de l'entreprise. Une sélection à l'entrée permettrait également de ne pas former inutilement plus de psychologues ou de sociologues qu'on en a besoin, évitant ainsi à certains étudiants des années d'études inutiles et le chômage à la sortie.

Certes, les plus grandes universités mondiales obtiennent des budgets colossaux en demandant à leurs étudiants des frais d'inscription énormes comparativement à la France, et l'enseignement public étant gratuit en France, il n'est pas question de les augmenter. Mais en contrepartie d'un meilleur financement par l'Etat, les universités doivent quitter l'idéologie marxiste et absurdement égalitariste qui prédomine en leur sein, pour leur permettre d'avancer à nouveau.

dimanche 8 octobre 2006

Le B-A BA de la lecture

Le ministre de l'Education, Gilles de Robien, a fait passer une circulaire indiquant que la méthode dite globale devait être proscrite des méthodes d'apprentissages de la lecture employées au CP, au profit de la méthode syllabique, plus connue comme étant celle du B-A BA. Cette décision a été prise afin de lutter contre les difficultés qu'ont certains enfants à lire alors qu'ils sont au collège, payant le prix de méthodes d'apprentissages inadaptées. Malgré l'échec en pratique de cette méthode, de nombreux enseignants s'acharnent à l'utiliser, par habitude ou par idéologie, méprisant les consignes de leur ministère de tutelle. Les victimes sont les enfants qui ne sauront pas lire correctement à la sortie de l'école primaire, alors qu'ils devraient pouvoir le faire après quelques mois seulement de CP. On trouve même certains inspecteurs d'académie ou certains chercheurs pour se révolter et défendre une méthode pourtant tellement discréditée dans les faits.

Les parents d'élèves, eux, essaient d'essuyer les plâtres des comportements de ces instituteurs : les voilà obliger d'acheter des manuels d'apprentissage de la lecture par méthode syllabique, pour apprendre eux-mêmes à leurs enfants à lire correctement. Certes, on est jamais aussi bien servi que par soi même. Mais doit-on faire évoluer l'enseignement français vers le home schooling, où les enfants restent chez eux, l'enseignement étant apporté par des parents effrayés du niveau des écoles publiques ? Ce n'est pas souhaitable. Mais les professeurs de l'Education Nationale agissent parfois selon des critères bien éloignés de l'intérêt de leurs élèves. Ils ne sont pas les seuls à être responsables de cette situation : d'une part, l'influence de syndicats politiquement orientés est encore forte, et facteur de résistances dans les efforts d'améliorations des choses. D'autre part, on peut expliquer les difficultés rencontrées par les professeurs par une formation inadaptée, les IUFM étant probablement la plus grosse source de facteurs d'inadaptation de l'Education Nationale, voire même son péché originel. Il n'en reste pas moins qu'en l'occurrence, les instituteurs du CP devraient vraiment se remettre en question et changer de méthodes, et se rendre compte que leur travail oblige leurs collègues des classes scolaires supérieures à repasser désespérément derrière eux pour rattraper les dégâts. Mais il en reste toujours des lacunes et des retards.

Il n'est pas admissible qu'un corps refuse d'appliquer les consignes émises par un gouvernement dont la légitimité repose sur le peuple. En se comportant comme une caste indépendante, ces professeurs des écoles nuisent aux élèves, et forcent les parents à faire leur travail. Dès lors, leur action est malheureusement contre productive. S'ils ont le droit à l'erreur, il n'est pas normal qu'ils y persistent.

free hit counter