Réflexions en cours

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jeudi 21 octobre 2010

Le scandale de l'Aide Médicale d'Etat

Le Figaro Magazine publiait il y a une semaine un long et édifiant article sur l'Aide Médicale d'Etat (AME). Il s'agit d'un dispositif donnant une totale gratuité aux soins aux personnes en situation irrégulière en France. L'article détaille les façons dont cette mesure généreuse a permis un effet d'aubaine considérable, la gratuité totale des soins étant rare et recherchée, que ce soit en France ou à l'étranger. Non seulement celle-ci déresponsabilise ceux qui en bénéficient, mais en plus elle encourage le tourisme médical, où l'on vient en France spécialement pour bénéficier d'un traitement coûteux qui sera pris en charge par l'État français.

Les bénéficiaires de l'AME sont présents en France de manière illégale, ne cotisent en aucune façon pour la Sécurité Sociale, mais n'ont même pas à débourser la franchise pour les soins prévue pour le reste de la population. Le tiers payant prend en charge tous les frais qu'ils génèrent, et c'est l'AME qui régale. Alors que le gouvernement cherche constamment à diminuer le déficit de la Sécurité Sociale en déremboursant régulièrement des médicaments, il y a là un panier percé dont les dépenses augmentent de façon importante chaque année. Et ce d'autant plus que le panier de soins annuel moyen du bénéficiaire de l'AME est largement supérieur au reste des assurés.

Nous sommes ici en présence d'un système qui récompense l'illégalité, et encourage de fait à profiter malgré tout du système de soins français alors qu'il est déjà financièrement bien mal en point. Si l'AME n'est bien sûr pas la seule raison du déficit de l'assurance maladie (le vieillissement de la population et les abus déjà courants du reste de la population ne sont pas à oublier), il n'en faut pas moins remettre en cause son fonctionnement. Pourtant, le sujet est tabou. Jusqu'à présent, seuls des témoignages isolés permettait de découvrir l'existence d'une telle gabegie. Mais c'est justement parce que le sujet à été trop soigneusement évité qu'il faudra particulièrement en tenir compte pour le budget 2011. Le but serait de limiter l'AME aux maladies contagieuses, pour préserver la santé publique. Pour le reste, la France doit se demander si elle doit vraiment faire miroiter une aussi grande récompense à ceux qui ne respectent pas ses lois.

jeudi 14 octobre 2010

Le niqab en promotion

L'éditeur Michalon peut se targuer d'un nouveau coup d'édition. Il a réussi à faire écrire à une personne au centre de l'actualité un livre de "témoignage", composé rapidement, écrit en gros caractères, imprimé sur un faible nombre de pages (150 environ) mais aux marges importantes, le tout pour un prix standard (15 euros). Il s'agit de donner une valeur marchande à une polémique. Mais le livre du jour consiste tout simplement à faire de la publicité pour le niqab, ce voile intégrale qui ne laisse qu'à peine voir les yeux. L'auteur est déjà une habituée de la polémique depuis qu'elle a contre-attaqué sur le plan médiatique un PV obtenu du fait de sa tenue. Sandrine Moulères, l'épouse du désormais célèbre Liès Hebbadj, était donc ce matin chez Marc-Olivier Fogiel pour faire la promotion de son livre et de son mode de vie. L'entretien est assez effarant.

Elle ne répond pas lorsqu'on lui demande si elle respectera la loi interdisant le voile intégrale. Elle le défend en considérant qu'il ne s'agit là que de "diversité", ce qui lui permet de ressortir l'argument tarte à la crème "la diversité est une richesse". Mais l'enfermement de la femme sous le voile intégrale, est-ce vraiment le type de "richesses" que la diversité est censé apporter ? Tous les comportements sont-ils défendables au nom de la diversité ?

Elle dit "se libérer sous le niqab" pour Dieu, et pour personne d'autres, mais mets tout de même en avant son besoin de se protéger du regard "pesant" des hommes. Plus troublant, lorsque le journaliste l'interroge sur le fait que son père se plaigne de ne plus avoir de contacts avec elle, et que ses petits enfants soient enfermées, elle refuse nettement de répondre à la question. C'est surprenant, après tout, c'est elle qui a voulu offrir son témoignage à tout le monde. La discussion suit le même cheminement sur la polygamie. D'abord, elle explique la polygamie serait moins hypocrite que de tromper sa femme, ce qui selon elle, arriverait de façon quasi systématique. Mais elle ne peut reconnaître qu'une femme trompe son mari, c'est impossible, l'Islam lui interdit, alors que c'est "dans la nature de l'homme". Au bout du compte, elle refuse à nouveau de répondre aux questions du journaliste sur l'égalité entre les sexes. Elle ne souhaite d'ailleurs pas non plus s'exprimer sur les affaires judiciaires de son mari.

Au final, on retient davantage ses silences que ses arguments. Les enfants de cette dame sont-ils empêchés de rencontrer leurs grands parents parce que ceux-ci sont catholiques ? L'égalité entre l'homme et la femme existe-t-elle selon elle ? Considère-t-elle que ce qu'a fait son mari était légal ou non ? La vraie question qui apparaît est en fait celle de son propre rapport avec notre société, avec ses valeurs et avec ses lois. Elle s'est tue à chaque fois que son raisonnement l'amenait à dire que les lois de l'Islam comptaient plus que celle de la République, sans dire autre chose. Si son but était de rassurer la population par sa démarche, le moins que l'on puisse dire c'est que c'est loupé.

mercredi 13 octobre 2010

La bonne concession

Comme d'habitude en France, ça grévouille, les services publics ne sont pas assurés et les sempiternels deux millions d'habitués de la manifestation s'adonnent à leur passe temps favori. Dans cette comédie de gestes bien connue et très codifiée, les responsables de l'opposition et les syndicats réclament le retrait pur et simple du projet, ou bien sa suspension le temps de le renégocier (ce qui aurait la même conséquence, soit un immobilisme total). Ces temps-ci, on parle de retraites. Le gouvernement a d'ores et déjà fait une grosse concession de plusieurs milliards d'euros, le maintien du départ à taux plein à 65 ans pour les mères les plus âgées de trois enfants ou plus. Les adversaires du projet ont immédiatement rejeté cette concession, en réclamant des biens plus importantes. Le gouvernement pourrait être tenté d'accepter en tentant d'acheter la "paix sociale". Mais à quel coût ?

Il faut déjà savoir à qui l'on parle. L'opposition au Parlement, craignant de se faire dépasser par une base en colère, préfère se contenter de jouer l'opposition pour l'opposition. Leurs contre propositions sont inaudibles, si jamais elles existent. Malheureusement, le dialogue s'avère peu constructif, dans la mesure où l'idée même d'un besoin de réforme des retraites semble ignorée. Du côté des syndicats, Sud ne prend pas part aux négociations et la CGT ne signera jamais rien par principe. Seule la CFDT est un interlocuteur de bonne foi parmi les gros syndicats.

François Fillon l'avait bien compris en 2003, lorsqu'il avait relevé le nombre d'années de cotisation nécessaires pour toucher la retraite à temps plein. La négociation avec la CFDT avait notamment permis de mettre en place un système validant les années travaillées lorsque l'on a commencé tôt (avant 18 ans) sa carrière, sans qu'il y ait des preuves administratives pour le démontrer. A cet égard, une simple attestation de l'employeur suffisait pour l'établir. Le mécanisme, très juste dans ses ambitions, a servi à une fraude massive. Nombreux sont ceux qui ont eu recours à des personnes complaisantes, souvent des anciens patrons aujourd'hui très âgés (à qui cela ne coûte rien), pour leur fournir de telles attestations sans qu'ils aient jamais travaillé dans leur entreprise. La combine permet ainsi aux indélicats de gagner deux ans de cotisation avec un simple bout de papier. Le gouvernement peut ensuite s'étonner qu'il y ait 600 000 personnes qui aient bénéficié de ce système au lieu des 100 000 prévues, et que cela a un coût direct de plusieurs milliards d'euros (rendant d'ailleurs plus urgent une nouvelle réforme).

Ce n'est d'ailleurs pas la seule fois où les concessions en la matière s'avèrent dommageables. Fin 2007, le gouvernement avait ainsi réformé les systèmes spéciaux de retraites de la SNCF (ce qui avait occasionné là encore bien des grèves), mais au final, les concessions acceptées ont été telles que le système coûte encore plus cher qu'auparavant. Et ce n'est pas comme si les premiers concernés en était reconnaissant au gouvernement. D'ailleurs, le gouvernement sera haï quelques soient les concessions acceptées, et même si le projet est entièrement retiré. Quel intérêt a-t-il donc à retirer le projet actuellement débattu ?

En 1995, Alain Juppé avait ainsi commis la plus grosse erreur possible en retirant le projet de loi de réforme de la Sécurité Sociale malgré son bien fondé. Les questions que cette loi abordait ne se sont pas ensuite réglées d'elles-mêmes, bien au contraire même, puisqu'elles ont empiré. La France fut ainsi condamnée à l'immobilisme de longues années, et les politiciens étaient effrayés de faire quoi que ce soit. Si Alain Juppé a motivé ce retrait pour des raisons électoralistes, bien mal lui en a pris : il perdit la majorité en 1997.

Les exemples passés et l'observation de la situation présente montrent donc qu'il n'y a pas de bonne concession à faire. Tant que tout débat se posera de façon frénétique sur le thème de la "casse sociale" plutôt que sur une approche pragmatique, calme et raisonnable des choses, le peu de dialogue existant mènera à une impasse.

dimanche 3 octobre 2010

Le renouveau de l'art

Depuis plusieurs années déjà, l'entête de ce blog est illustré par un détail du tableau Le guépier de William Bouguereau. Alors que les expositions consacrées à des peintres tels que Monet ou Picasso rencontrent un grand succès, il étonnant que cet artiste ne soit pas davantage connu du grand public. Et ce n'est pas faute de manquer de talent, bien au contraire. William Bouguereau est même l'un des meilleurs peintres de l'Histoire. Sa maîtrise technique et artistique est indéniable. Son travail sur les couleurs, les lumières, sur toutes les parties du corps humain saute aux yeux. Bien souvent le néophyte est surpris de découvrir des œuvres si superbes, alors que leur auteur est si peu connu. Or il n'en fut pas toujours ainsi. William Bouguereau était en son temps reconnu comme le plus grand artiste vivant. Ses peintures rencontraient le succès que ce soit en France ou à l'étranger, notamment aux États-Unis. Il a ainsi régné sur la deuxième moitié du XIXème siècle, prenant le relais des grands peintres de la Renaissance ou de maîtres plus récents, comme Jacques-Louis David. Mais le XXème siècle lui fut moins favorable, sa perfection même lui fut reproché, alors que la critique s'adonnait aux absurdités de la peinture abstraite.

Les tableaux de William Bouguereau furent alors remisés dans les caves en compagnie d'autres maîtres de cette même période, et ils furent souvent rachetés à bas prix pour appartenir à des collections privées américaines. La virulence des critiques n'affaiblissait pourtant pas les qualités de ce peintre, et depuis quelques temps, des voix s'élèvent pour réaffirmer la domination de William Bouguereau sur bien des peintres qui devinrent renommés par la suite. Sa maîtrise est telle qu'avec son simple pinceau, il atteint un degré de photoréalisme encore difficilement atteignable par les techniques assistées par ordinateur. Ce faisant, il reproduit la réalité, et parfois la sublime. Malheureusement, ses compétences disparurent largement par la suite. Tant d'œuvres relevant de l'escroquerie, n'étant constitués que d'aplats de couleurs ou de quelques traits, ont remporté du succès que la conservation des meilleures techniques de dessin ou de peinture n'était plus une priorité. Contrairement à d'autres domaines de création humaine, l'art régressait.

Mais tout n'est pas perdu. Une initiative privée, l'Art Renewal Center, appelle au renouveau de l'art. Non seulement il promeut les oeuvres de William Bouguereau et de ses semblables, mais il encourage également, notamment par des concours ou la certification d'écoles artistiques, un retour à la maîtrise artistique dans la création contemporaine. Cette initiative doit être encouragée. De telles œuvres parlent pour elles-mêmes, et en conséquence, leur succès est croissant. Le Musée d'Orsay a ainsi acquis cinq nouveaux tableaux de William Bouguereau récemment, s'ajoutant aux deux ou trois qui y étaient déjà présents. Il faudra veiller à ce que ce mouvement continue, non seulement pour William Bouguereau, mais aussi pour s'assurer que les arts plastiques en général se remettent à progresser.

vendredi 1 octobre 2010

Vive Google Street View !

L'annonce de l'arrivée de Google Street View en Allemagne a suscité de très fortes réactions outre Rhin. Alors que ce service offrant des photos géolocalisées de rues est disponible depuis longtemps dans de nombreux pays d'Europe, aucune ville n'était proposée à la visite en Allemagne. Ce pays s'était dès le départ déclaré hostile à ce service internet, mais il semble qu'aujourd'hui Google ait décidé de passer outre. La captation des photos y est donc en cours, et elles ne tarderont plus à être disponibles. Mais les Allemands goûtent fort peu à ce qu'ils apparentent à une violation de la vie privée. Marqués par les régimes nazi et communiste, ils voient dans Google Street View une entreprise de collecte systématique de données concernant l'ensemble des citoyens. Le sujet fait la une de l'actualité, et des centaines de milliers de personnes auraient demandé à ce que leurs habitations soient masquées.

Le souci des Allemands de protéger leur vie privée est tout à fait légitime, mais il est surprenant que ça ait des conséquences sur un service tel que Google Street View. Dans ce cas, il ne s'agit précisément pas de vie privée : on n'entre pas dans les maisons, et aucune information n'est donnée sur les individus. Depuis le début, les visages ont toujours été floutés, jusqu'à ceux présent dans les affichages publicitaires. En l'occurrence, n'est proposé sur internent que ce que tout à chacun peut voir de ses propres yeux en se baladant dans la rue, ce qui n'est interdit à personne. Et à vrai dire, ceux dont les maisons apparaissent déjà sur Google Street View ne s'en portent pas plus mal.

De plus, il faut bien avouer que Google Street View est une invention fantastique. Elle a le mérite d'allier l'utile à l'agréable. L'utile, car cela permet de se repérer en avance pour un trajet à accomplir, en notant des points de repères pratiques pour s'orienter dans les rues. L'agréable, car cela permet de découvrir facilement et gratuitement les rues de villes situées à l'autre bout du monde, créant une espèce de tourisme certes très diminué, mais apte à susciter la curiosité et à comprendre certains aménagements.

Les avantages surpassent donc aisément les inexistants inconvénients. Surtout qu'en matière de vie privée, Google Street View est complètement inoffensif par rapport à d'autres sites qui exploitent ce filon sans vergogne. Les réseaux sociaux, et en particulier Facebook, créent de vrais dangers à ce sujet-là. Leurs membres n'hésitent plus à y transmettre des quantités énormes d'informations personnelles dont ils ne maîtriseront pas leurs utilisations postérieures. Et ces sites permettent également de rendre public les informations les plus diverses concernant des tiers, sans qu'il soit possible de les retirer facilement. En comparaison, Google Street View se révèle donc bien comme un service avantageux n'apportant pas de risque supplémentaire.

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