Réflexions en cours

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

lundi 21 février 2011

Comment interdire le tabac

Jacques Attali propose d'interdire le tabac. La consommation de tabac est dangereuse, elle aurait provoqué la mort de 100 millions de personnes au XXème siècle, et pourrait provoquer la mort d'un milliard de personnes au XXIème. Malgré toutes les taxes, le coût du tabac resterait encore plus important pour la société que ce qu'il rapporte. En effet, les détériorations de la santé qu'il entraîne fait gonfler les coûts de la Sécurité Sociale, car il faut bien soigner tous ces effets secondaires. En fait, si le tabac était un produit nouveau, on ne se poserait pas deux fois la question, et on l'interdirait immédiatement. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle la majorité de la population reste toujours favorable à l'interdiction du cannabis. Mais pour le tabac, aujourd'hui, c'est plus compliqué. Une fois largement diffusé, un produit rentre dans les cultures, et l'en déloger devient un travail de titan. Et le tabac est là depuis des siècles... En fin de compte, à ce niveau-là, la rencontre entre les occidentaux et les amérindiens fut néfaste pour les deux groupes avec un échange perdant-perdant : les amérindiens ont connu les ravages de l'alcool, et les occidentaux se sont consumés les poumons avec le tabac.

La plupart des fumeurs préféreraient arrêter de fumer, mais sont soumis à la nature addictive du produit. Sevrer un fumeur est déjà suffisamment difficile, s'il faudrait sevrer tous les fumeurs d'un coup, ce serait l'échec assuré. La prohibition de l'alcool dans les années 20 aux Etats-Unis a montré l'impossibilité d'une telle voie. C'est donc déjà sur le terrain culturel qu'il faut se battre. Beaucoup a été déjà fait. La loi Evin fut une grande avancée en la matière. Plus récemment, l'interdiction de fumer dans les lieux publics fut aussi une bonne mesure. D'une manière générale, tout ce qui sert à limiter l'influence culturelle du tabac dans la société va dans le bon sens. Mais tant que le tabac restera légal, il y aura des nouveaux fumeurs (légaux), qui peineront ensuite à arrêter la cigarette.

On peut envisager une solution. Ce serait d'interdire le tabac... pour les personnes nées à partir d'une certaine année. L'année resterait à déterminer, mais elle ne serait pas encore passée au moment où la mesure est adoptée. Par exemple, ce pourrait être 2015 actuellement. Tous ceux nés à partir de 2015 n'auraient pas le droit de fumer. Comme ils n'auraient pas le droit de commencer, ils n'auraient pas à arrêter. Pour ceux qui sont plus vieux, tout continuerait comme avant, alors que les activité économiques liées au tabac déclineraient lentement. A terme, au bout d'une centaine d'années, il n'y aurait plus de fumeurs légaux, et cette rupture aurait été facilitée. Idéalement, une telle mesure ne concernerait pas un seul pays, mais le plus grand nombre.

Bien sûr, cela prendrait le temps d'une vie pour interdire le tabac. C'est bien long, mais quelle est la probabilité que le tabac soit totalement interdit d'un coup au cours du siècle en cours ? On pourrait objecter le fait que la loi serait différente selon les personnes, mais ce genre de procédures est déjà en cours sur d'autres thèmes. Par exemple, les personnes nées à partir de 1988 doivent avoir obtenu une attestation scolaire de sécurité routière pour passer le permis de conduire, une obligation à laquelle ne sont pas soumis les autres candidats actuels au permis. En étalant cette transition sur une très longue période, elle serait beaucoup plus indolore, et aurait donc de meilleures chances de succès.

dimanche 20 février 2011

Opération Restos du coeur/Danone/Carrefour

Danone et Carrefour s'associent aux Restos du cœur dans une opération spéciale. Le premier point d'orgue de cette opération est une collecte alimentaire ayant lieu les 4 et 5 mars, organisée par les employés des deux groupes. Les détails sont disponibles à cette adresse.

En outre, pour chaque billet de blog parlant de l'opération, Danone et Carrefour financent 10 repas aux Restos du cœur, pour peu qu'ils en soient prévenus.


Source

mercredi 16 février 2011

Baisse du cours de l'indignation

Cela fait combien de temps que l'on n'entend plus parler de vrais sujets ? L'actualité politique n'est plus faite que de polémique. Chacun joue à s'indigner pour tout et n'importe quoi. Nicolas Sarkozy dis que s'il y a eu des dysfonctionnements dans une affaire justice, il doit y avoir des sanctions. On s'indigne. La cour de cassation mexicaine décide de rejeter le pourvoi de Florence Cassez. On s'indigne. Christian Jacob dit que Dominique Strauss-Kahn ne représente pas la France des terroirs en ayant passé ces dernières années à Washington. On s'indigne. Michèle Alliot-Marie passe ses vacances en Tunisie. On s'indigne. Les raisons ne manquent pas, et nous sommes inondés d'un flot de polémiques interminables. Dans cette optique, l'indignation est une posture facile et valorisante. En donnant l'impression que l'on ne peut tolérer quelque chose contraire à sa vision des choses, on essaie de montrer que l'on est d'une probité exemplaire. Et ça marche dans tous les sens : celui qui s'indigne aujourd'hui sera celui qui provoquera l'indignation le lendemain. Il suffit d'être deux pour s'indigner éternellement du comportement de l'autre dans une joute oratoire particulièrement vaine.

Depuis des années maintenant que l'on vit à ce rythme là, on a bien du s'indigner sur à peu près tout, et dans les termes les plus exagérés. On ne compte plus ainsi les références aux "heures les plus sombres de notre histoire", les propos qualifiés de "nauséabonds", les faux scandales, etc. Il y a deux dangers dans cette facilité à l'exagération permanente. Le premier est évidemment le fait que l'on perd de vue les vrais dossiers. Lorsqu'une vraie question est mise sur la table, elle n'est plus traitée que par quelques petites phrases au détour d'interviews. La question de la TVA sociale, abordée récemment par un député, fut évacuée très rapidement dans l'actualité française. Elle mérite pourtant que l'on s'attarde dessus, on peut être pour ou contre, mais c'est au moins une vraie idée nouvelle.

Le deuxième danger est la perte de repères que tout ce cirque entraine. C'est la sempiternelle histoire de l'enfant qui criait "au loup" pour s'amuser, et qui n'arrive plus à alerter la population lorsqu'un loup attaque vraiment. Au bout d'un moment, toutes ces indignations sonnent faux et perdent en crédibilité. On ne s'y intéresse plus, elles nous épuisent. Lorsqu'il se passera quelque chose de vraiment grave, tous les mots auront déjà été épuisés, et il ne se trouvera plus personne pour faire réagir. L'offre d'indignation, à force d'augmenter, dépasse ce qu'il nous est possible de recevoir, et forcément, ce déséquilibre fait en quelque sorte chuter le cours de l'indignation. Ce qui serait bien, ce serait que les journalistes politiques arrêtent de croire qu'une interview est réussie parce qu'un homme politique sort une petite phrase assassine en réaction d'une autre petite phrase assassine. Ce n'est pas éviter la langue de bois, c'est plomber le discours politique. Ensuite, on apprécierait si les hommes politiques eux-mêmes étaient capables de limiter leurs indignations aux vrais sujets importants. On doit pouvoir se parler calmement, c'est quand même plus efficace et intéressant.

free hit counter