Réflexions en cours

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dimanche 29 juillet 2012

Les Jeux Olympiques à Paris en 2024

Le Président de la République et le Premier ministre se sont récemment exprimés sur l'opportunité d'organiser les Jeux Olympiques d'été à Paris en 2024. L'idée n'est pas récente, puisqu'évoquée depuis l'échec de notre précédente candidature, celle de Paris 2012. Il faudra d'abord voir qui organise les Jeux de 2020, et cela se décidera l'année prochaine. Pour que Paris conserve ses chances en 2024, il faudrait que ce soit Tokyo qui soit choisie en 2020. La candidature de Madrid pour 2020 est particulièrement incongrue, l'Espagne ayant organisé les Jeux d'été pas plus tard qu'en 1992, et en plus, elle est exsangue financièrement. Si l'horizon est libre, il faudra alors se pencher sur notre dossier de candidature, et déterminer quelle doit être la priorité des Jeux Olympiques :
  • Est-ce le fait que les athlètes se voient tout servi sur un plateau, et qu'en conséquence, tous les lieux de compétition soient strictement regroupés pour qu'ils n'aient pas de temps de transport pour s'y rendre ? Pour le dossier de 2012, ce fut le choix retenu, et avoir le meilleur dossier ne nous a pas aidé à l'emporter.
  • Est-ce qu'il faut maximiser le nombre de places de spectateurs ? Cela ne sert pas forcément, si les prix sont trop élevés. Même aux Jeux de Londres, on voit actuellement de nombreuses places libres dans les gradins.
  • Est-ce qu'il faut que l'opération soit financièrement la plus durable possible ? Cela suppose d'éviter le gigantisme et les surenchères. Cela fait peut-être un peu moins rêver, mais la population apprécie largement de ne pas avoir à supporter des dettes supplémentaires pour ce genre d'événements.
Ce dernier choix est le bon. Dès lors, cela a des conséquences sur les emplacements des compétitions. Certes, construire des emplacements temporaires coûte moins cher que de fabriquer des installations permanentes. Le dossier de Paris 2012 était rempli de ces pavillons et autres dômes montés spécialement pour l'occasion. Mais mettre les compétitions dans des lieux déjà existants est encore moins coûteux.

Ainsi, le Stade France serait évidemment notre stade olympique, puisqu'il fut dès l'origine conçu pour accueillir de grande compétitions d'athlétisme. Le Tennis irait à Rolland Garros, l'équitation à l'hippodrome de Longchamp, et Paris 2024 pourrait reprendre plusieurs idées déjà présentes dans Paris 2012 : le hockey au (nouveau) stade Jean Bouin, le tir à l'arc à l'hippodrome d'Auteuil, le Beach Volley à la Tour Eiffel, le Pentathlon à la Croix Catelan, et certains sports nautiques à la base de Vaires-sur-Marne. Le Vélodrome de Saint Quentin en Yvelines et la grande piscine d'Aubervilliers étaient des projets de Paris 2012 risquant de se transformer en équipements inutiles après coup, mais ils sont de toute façon en cours réalisation, Jeux ou pas. On pourra alors s'en servir. La voile pourra se dérouler à La Rochelle, comme prévu autrefois, par contre, les stades de football changeront au gré des rénovations faits pour l'Euro 2016. Le Parc des Princes et le Stade Vélodrome auront été rénovés, à Lyon, ce ne serait plus au stade Gerland mais au nouveau grand stade de l'OL, dans le nord, on irait dans le nouveau stade de Lille plutôt qu'à Lens, et le nouveau stade de Bordeaux pourrait également être mis à contribution plutôt qu'à Nantes.

Pour les autres sports, il ne saurait être question de faire autant appel à des pavillons temporaires que lors de notre précédente candidature. Les Anglais logent actuellement sept sports dans l'Excel Center, un centre modulable de 100 000 m². Nous avons à notre disposition le Parc des expositions de la porte de Versailles, déjà habitué à accueillir de grands événements, sur une surface de plus de 220 000 m². Pour Paris 2012, il n'était sollicité que pour des entraînements, mais il peut tout à fait recevoir les compétitions en elle-même. Seraient concernés la lutte, le judo, le taekwondo, le tennis de table, la gymnastique, le badminton et l'haltérophilie. La boxe irait au bien nommé Palais des sports adjacent. L'escrime serait très bien au Grand Palais, et si le volley ball doit aller à Bercy, l'Arena 92 de Nanterre pourrait accueillir le basketball. Le handball devrait alors bénéficier d'une salle prévue à Colombes par la fédération française.

Faire appel à l'existant réduirait considérablement la facture, et cette profitabilité serait attractive pour le Comité Olympique. Le point le plus problématique ne serait pas les lieux de compétition, mais bien l'emplacement du village olympique, le terme "village" étant bien relatif lorsqu'on parle de logements pour plus de 10 000 personnes. Les Batignolles, lieu annoncé pour les candidatures de 2008 et 2012, ne sont plus libres comme prévus. Mais puisqu'on parle d'infrastructure sportive, profitons-en pour rappeler que le projet de grand stade de Rugby de 80 000 personnes à Evry porté par la FFR est une profonde stupidité, une absurdité économique parfaitement inutile sportivement qui ruinera le Stade de France, la FFR, et très certainement les contribuables également.

dimanche 22 juillet 2012

Secret des sources ou secret de l'instruction, il faut choisir !

Les enregistrements des conversations entre la police et Mohammed Merah se sont retrouvés dans une émission de grande écoute sur TF1. Puis, ils ont été retranscrits dans le quotidien Libération. Théoriquement, c'étaient des pièces du dossier judiciaire de l'affaire, relevant du secret de l'instruction, et qui n'avaient donc pas du tout vocation à apparaître dans les médias aussi rapidement. Mais voilà, le secret de l'instruction est un secret de polichinelle, au moins en ce qui concerne les affaires un minimum médiatique. Pour servir les intérêts de personnes dans la chaîne judiciaire, des pièces de dossiers sont régulièrement confiées aux journalistes pour publication. Et dans l'affaire Mérah, à peine les enregistrements ont-ils atteint le Palais de justice que TF1 a eu l'opportunité de mettre la main dessus. Dès lors, on pouvait s'attendre à ce que d'avantage d'éléments ne sortent dans les médias, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls était le premier à en être conscient.

Idéalement, quand le secret de l'instruction est violé, il devrait y avoir une enquête pour identifier le maillon fautif. Seulement, les journalistes ne vont évidemment pas révéler le vilain petit canard qui se croit au-dessus des lois. Ils se retrancheront derrière le secret des sources. Ces derniers temps, la protection des sources est devenue un marquant important de la liberté de la presse, l'idée étant que si les sources sont protégées, les journalistes pourront plus facilement dévoiler des scandales. Il est d'ailleurs question qu'il y ait une nouvelle loi renforçant (encore) le secret des sources.

Le secret des sources se heurte donc de plein fouet au secret de l'instruction. On peut partir du principe que si le journaliste a le droit de ne pas révéler ses sources, cela ne doit pas empêcher les autorités de chercher quand même les coupables quand des informations légitimement tenues secrètes par la loi sont révélées à des personnes indues. La juge d'instruction de Nanterre Isabelle Prévost-Desprez a ainsi été mise en examen pour violation de secret de l'instruction, sans qu'il n'ait été besoin qu'un journaliste dénonce qui que ce soit.

Mais la plupart du temps, les enquêtes ne donnent rien, ou il n'y a pas d'enquête du tout. C'est donc bien le secret de l'instruction qui est malmené. Dit comme cela, ce ne semble pas si grave, puisque ça donne l'impression d'une plus grande transparence du système judiciaire. Fort bien, mais le secret de l'instruction a comme rôle de participer à la préservation de la présomption d'innocence. Le débat devient donc un choix entre liberté de la presse et présomption d'innocence. La presse est-elle libre de bafouer la présomption d'innocence ? Si elle n'est y plus tenue, reste-t-il une quelconque présomption d'innocence ? Comme toujours, la liberté des uns s'arrête là où s'arrête celle des autres. En promouvant ces deux principes, on tire sur les deux bouts d'une seule corde, et à vrai dire, on se montre assez hypocrite. Si l'on doit débattre de ces questions, il serait bon qu'on commence par reconnaître l'antagonisme de ces grandes valeurs.

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