samedi 29 décembre 2012
Par xerbias,
samedi 29 décembre 2012 à 19:22 :: General
Dans les tribunes du Monde, il y en a une qui pour une fois vaut le détour :
celle du producteur Vincent Maraval. Il profite de la polémique née du départ de Gérard Depardieu pour se poser la question de savoir si les salaires des stars françaises du cinéma sont mérités. Comme il utilise des arguments bien étayés, son propos est très pertinent, et amène à remettre en cause la situation présente. Un salaire peut être très élevé s'il rétribue un travail qui a permit de générer encore plus d'argent. Visiblement, ces derniers temps, les salaires de certaines stars sont si élevés que les films auxquelles ils participent peuvent ne pas être rentables, même lorsqu'ils rencontrent un succès normal en salle. Dans ce cas, c'est sûr, il y a un problème.
L'explication se trouve dans le fait que les films sont en grande partie financés par les subventions publiques et les obligations d'investissement des chaînes télévisées, les entrées en salle ne décidant plus du sort d'un film. Alors que le cinéma ne permet plus de fortes audiences à la télévision, les chaînes sont toujours obligées par les pouvoirs publics d'acheter en proportion de leurs revenus des films et de participer au financement de leur production. Cet argent se retrouve donc directement dans les poches de ces stars, qui monnayent leur célébrité plus que leur capacité à attirer vraiment des spectateurs ou des téléspectateurs.
Pendant ce temps, on va nous faire pleurer sur le sort de France Télévisions, et augmenter le montant de la redevance obligatoire de six euros car c'est trop dur de maîtriser les budgets. C'est promis, l'argent bénéficiera à "la création", c'est à dire le compte en banque des stars. Voilà encore un système vermoulu par les subventions et les réglementations excessives. Que la création cinématographique soit décidée en fonction de son succès ! Ou plus directement : laissons le marché décider ce qu'il a envie de voir. Pourquoi subventionner ou forcer le financement de films que personne ne veut voir, en salle ou à la télévision ? Si la présence d'une star suffit à faire d'un film un succès, pourquoi ne pas l'intéresser aux profits du film, plutôt que de fixer un salaire fixe éventuellement surdimensionné ?
Il en va du cinéma comme de tous les arts : le statut artistique ne doit pas être une excuse pour permettre des œuvres qui n'ont aucun public.
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mercredi 12 décembre 2012
Par xerbias,
mercredi 12 décembre 2012 à 23:59 :: General
Maire de Paris depuis onze ans maintenant, Bertrand Delanoë s'est montré constant dans sa politique anti-voitures. C'est le résultat de la sociologie actuelle de la capitale, qui se traduit notamment par la relative influence des Verts (bien supérieure là que dans les campagnes) et l'état d'esprit des conseillers municipaux élus. Pour la majorité des Parisiens, il semble donc que la voiture, ça pollue et ça prend de la place. A la place, vive les transports en commun et les circulations douces. Ce mantra obsessionnel s'est traduit d'une part par l'accent mis sur le service municipal de location de vélos Vélib', et d'autre part par la guerre sans pitié aux véhicules privés. Les projets actuels (suppression des voies sur berges, baisse de la vitesse sur le périphérique, interdiction des véhicules les plus anciens, et éventuellement interdiction du trafic) continuent de pointer du doigt l'automobiliste comme nuisance qu'il faut supprimer. On retrouve en fait une question traditionnelle : une ville n'est-elle qu'à ses habitants ?
En tant que tel, on peut comprendre les Parisiens dans leurs combats anti-voitures. Ils ont tout à portée de main, les distances ne sont pas si grandes dans Paris, et le maillage des stations de métro y est vraiment exceptionnel. Ils doivent vivre avec une pollution certaine, et les rues y sont toujours pleines de voitures. Seulement, la situation est bien différente pour les non Parisiens. Conséquence du jacobinisme, bien des choses ne se trouvent qu'à Paris, et le réseau de routes nationales est d'ailleurs construit en étoile avec la capitale comme centre. Un très grand nombre de banlieusards doivent se rendre à Paris ou y passer pour travailler, et pour eux, le vélo n'est vraiment pas une solution vu les distances. Les lignes de RER sont de belles infrastructures, mais elles offrent toutes un service catastrophique et elles sont quotidiennement surchargées. En fait, heureusement qu'une bonne proportion des gens prennent leur voiture, car s'ils prenaient tous RER ou Transilien, tout exploserait. Comment peut-on encore dire "les gens n'ont qu'à prendre les transports en commun", quand ceux-ci souffrent de sous-investissements chroniques depuis des décennies et ne tiennent d'ores et déjà plus ?
Voilà un point qui ne concerne pas les Parisiens, et donc reste peu traité. Les habitants d'au-delà du périphérique sont traités comme des intrus qui nuisent à la tranquillité rêvée de la capitale. C'est du reste la même chose partout : le propriétaire d'une maison souhaitera que la rue dans laquelle il habite soit peu passante et que la vitesse y soit basse, mais il souhaitera également pouvoir aller vite dans les autres rues, où il n'a rien d'autre à faire que la traverser. C'est ainsi que se multiplient partout dos d'ânes et limitations à 30 km/h, qui plaisent au riverain mais énervent l'automobiliste... la même personne, suivant là où il se trouve.
Toujours est-il qu'à Paris, le maire s'y prend dans le mauvais ordre. Il devrait commencer par s'assurer que l'offre de transports en commun est bien à même de prendre en charge le passage de tous (on en est très très loin) avant de se lancer dans ces croisades anti-voitures. En attendant, cette politique favorisera les embouteillages et desservira les moins fortunés, ne pouvant déjà plus habiter dans Paris.
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mercredi 5 décembre 2012
Par xerbias,
mercredi 5 décembre 2012 à 19:42 :: General
On apprenait ce matin que dans une école maternelle de Montargis, la visite annuelle du Père Noël serait annulée pour être remplacé par un spectacle de marionnettes. Selon certains parents, cette décision aurait été prise pour ne pas heurter les familles de confessions non chrétiennes. Les choses sont allées assez vite, puisque le député-maire de la ville y a mis bon ordre, et le Père Noël viendra bien voir les bambins. Une polémique a été évitée, mais le principe même du Père Noël comme symbole chrétien est très étonnant. En effet, ce célèbre personnage rondouillard pourrait difficilement être plus laïque. Certes, à la base, Noël est le jour où les chrétiens fêtent la naissance de Jésus, et c'est un jour important pour l'Eglise qui accueillent de nombreux croyants lors des messes données à cette occasion. Les symboles du Noël chrétien tournent surtout autour de la crèche, avec Marie, Joseph et les rois mages autour du petit Jésus. Quel rapport a le Père Noël avec tout ça ? Venant de Laponie, il est à des milliers de kilomètres de Bethlehem. Ses rênes, son traineau et sa troupe de nains n'ont pas grand chose à voir avec la tradition chrétienne. On pourrait dire qu'il est l'héritier de Saint Nicolas, mais cette tradition remonte à plus loin encore, et a en fait des racines païennes. Nulle part il est dit dans la Bible que l'on doit s'échanger des cadeaux pour célébrer la naissance de Jésus.
A vrai dire, cela fait longtemps maintenant que les fêtes religieuses ont été transformées en fêtes profanes avec l'apparition de traditions sans rapport avec la liturgie. Dans cette catégorie, outre le Père Noël qui apporte des cadeaux, on a aussi le lapin de Pâques qui sème des œufs en chocolat, ou bien la chasse aux bonbons d'Halloween, qui se superpose à la Toussaint sans lien évident. On peut aussi célébrer l'Epiphanie en mangeant de la galette, la Chandeleur en mangeant des crêpes ou Mardi Gras en faisait le carnaval sans jamais se soucier de la signification des fêtes qui en sont à l'origine.
Si l'on peut reprocher quelque chose à la tradition du Père Noël, c'est certainement son côté mercantile, et non son origine religieuse. Mais honnêtement, ce serait surtout jouer au rabat-joie. Pour les chrétiens, Noël, c'est la célébration de la naissance de Jésus. Mais pour tous, c'est la fête de la famille, des enfants, la meilleure occasion pour se retrouver dans l'année. Le Père Noël, les décorations et tout ce folklore permettent une ambiance particulière qui rend moins triste le sinon bien morne mois de décembre. Et c'est pour ça que dans des pays pas du tout chrétien, comme le Japon, la fête de Noël est amplement célébrée par tous. Longue vie au Père Noël !
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