Réflexions en cours

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samedi 31 janvier 2009

Le Livre blanc sur la Défense 2008

La parution du nouveau Livre blanc sur la Défense l'année dernière a été accompagnée par l'annonce d'une vaste restructuration des forces armées françaises, amenant in fine la suppression de 54 000 postes, ainsi que la dissolution ou le transfert géographique de nombreuses unités. Cela peut paraître étonnant, dans la mesure où les missions assignées à la Défense Nationale ne semblent pas si différentes de celles prévues par le précédent Livre blanc, datant de 1994. Ces missions sont le renseignement, la prévention, la dissuasion, la protection et l'intervention. Tout cela est fort compatible avec le modèle envisagé lors de la professionnalisation des armées françaises. Comme à l'époque, l'accent est mis sur la menace de chocs asymétriques, demandant plus d'expertise de la part des militaires, tout en ne négligeant pas la possibilité de conflits entre Etats. Surtout, le nouveau Livre blanc ne minimise en aucune façon l'évolution des menaces dans la dernière quinzaines d'années. Elles sont reconnues comme plus importantes, les situations dangereuses se multipliant. Faut-il vraiment alors diminuer les effectifs des armées françaises ?

Ce n'est pas l'idée qui s'impose tout au long de la lecture de l'ouvrage. L'accent mis sur le besoin stratégique de six sous-marins d'attaques et de quatre sous-marins lanceurs d'engins (ce qui correspond à l'équipement français actuel) laisse au moins présager la reconduction des forces présentes. La logique des diminutions d'effectifs se comprend mieux avec le chapitre consacré à l'effort financier. Il apparaît que les lois de programmations militaires de 1997 à 2003 et de 2003 à 2008 n'ont pas été suivies du financement prévu. Dans la première période, c'est au final 13 milliards d'euros qui ont manqué, par choix budgétaires effectués par le gouvernement de l'époque. Dans la deuxième, les crédits ont été nettement réévalués, mais un milliard d'euro manquait tout de même au bout du compte. A cela s'ajoutait une sous-estimation régulière des besoins de fonds, ainsi que le financement nécessaire d'opérations extérieures (Kosovo, Afghanistan, Côte d'Ivoire...). Dans le cadre de la politique de sécurité prévue sur le territoire français, 6 500 postes de gendarmes ont également été créés, ce qui n'avait pas été prévu.

Tous ces soucis budgétaires ont poussé à des sacrifices en matières de dépenses d'entretien et d'équipements. Des échos ont appris au grand public que le matériel militaire était parfois en très mauvais état, en laissant une portion congrue d'opérationnel pour les entrainements (les opérations extérieures étant correctement dotées). En outre, la lutte contre les déficits budgétaires n'épargne pas le ministère de la Défense, et pousse à une augmentation assez modérée en valeur de ses dépenses, même si elles ne diminuent pas.

La restructuration doit en fait être suivie d'une augmentation nette du budget de la Défense, ne serait-ce que pour pouvoir l'effectuer. Les crédits d'équipement devraient donc en être les grands gagnants. Les économies réalisées par la suite permettront ensuite de les maintenir, malgré la quasi-stabilisation du budget global. Celui ne devrait pas augmenter autant que la croissance française, d'où un niveau estimé à 2 % du PIB en 2020, contre 2,3 % à l'heure actuelle. Et avec cela, la question du deuxième porte avions n'est pas tranchée, le coût important faisant oublier la véritable nécessité stratégique. S'il est souhaitable que les armées françaises soient correctement équipées, et si l'on ne peut éloigner d'un revers de main la question de la maîtrise des dépenses publiques, la circonspection pointe tout de même vis-à-vis du choix de la diminution du nombre de militaire alors que la France et l'Europe font face à de si grands dangers.

jeudi 15 janvier 2009

Assez de la gréviculture

Guillaume Pépy, président de la SNCF, a parlé de "gréviculture" pour parler de l'état d'esprit régnant dans son entreprise. La culture de la grève, c'est bien à cela qu'assiste les usagers des transports en communs. Ils en sont quotidiennement victime, et ce depuis des années. Ces derniers temps, c'est le syndicat SUD rail qui était à la manœuvre, alternant tous les moyens possibles de nuire à la circulation des trains, en faisant alterner grèves de 59 minutes, peu coûteuses mais effectuées aux pires moments, grèves de confort, pour éviter de travailler pendant les fêtes, et grèves intermittentes, pour être certains que le trafic des voyageurs ne puisse être organisé dans de bonnes conditions. A la gare Saint Lazare, pour une obscure histoire de vengeance pour une grève ratée à l'été, et sur fond de démonstration de puissance afin que les cheminots voient quel est le syndicat le plus jusqu'au-boutiste dans le cadre de prochaines élections, tous les coups sont bons pour nuire au voyageurs. Ceux-ci peuvent être difficilement qualifiés de clients, tant le service fourni est catastrophique en raison de ces grèves. Ni même d'usagers, qui signifierait qu'ils sont pris en considération par un service public. Victimes, voilà le bon mot pour qualifier ceux qui aspirent à voyager dans ces infrastructures largement financées par la collectivités, qui souvent habitent loin, et qui n'ont pas forcément les moyens de prendre la voiture.

Tout le monde en France ne s'imagine pas quelle est la peine traversée par ces voyageurs en souffrance. Faisant face aux même contraintes de travailleurs que les reste des français, les banlieusards doivent en plus passer facilement une heure par trajet pour aller au travail, le même temps pour en revenir. Quand les transports en commun ne fonctionnent plus, et c'est fréquent, le temps double, voire triple dans les pire cas. Les conditions de transport en deviennent alors dégradantes, les wagons étant déjà suffisamment bondés en temps normal. Lundi dernier, pour la première fois longtemps, le trafic était prévu pour être normal le lendemain sur les trains partant de ou arrivant à la gare Saint Lazare. Le coup de grâce fut donc une grève surprise déclenchée mardi, entraînant l'interruption totale du trafic et la fermeture de la gare. Le prétexte utilisé était l'agression d'un conducteur sur un train du RER A, une ligne qui ne passe pas par la gare Saint Lazare. Les syndicalistes ont tout de suite admis que c'était purement utilisé dans le cadre de leur mouvement en cours, et ont en plus obtenus satisfaction auprès de la direction. Celle-ci a de ce fait montré que les comportements les plus inadmissibles étaient récompensés à la SNCF. Ce sont 450 000 personnes qui transitent chaque jour par la gare Saint Lazare. Dans cette affaire, à aucun moment qui que ce soit ne s'est intéressé à elles.

Promis depuis longtemps, le service minimum dans les transports en commun a fait l'objet d'une loi en 2007. Il n'existe pourtant toujours pas, la loi en question s'étant révélé à l'aune de ce conflit comme contenant des vides juridiques pour faciliter les grèves. En outre, d'un point de vue légale, elle n'est tout simplement pas respectée, preuve en est cette grève surprise qui aurait du être déclarée 48 heures à l'avance. L'heure n'est plus au demi-mesures. La SNCF n'a pas vocation à rendre la vie misérable à ceux qui lui payent chaque mois un abonnement au tarif non négligeable. Les grèves dans cette entreprise ne sont tout simplement plus possibles, pour le bien de tous. Les pouvoirs publics doivent mettre en place de façon urgente une interdiction de la grève dans les services publics vitaux tels que la SNCF.

Image : AFP

samedi 10 janvier 2009

Volonté de polémique, polémiques à volonté

Le journal Le Monde a publié vendredi un article stupéfiant, censé être une "analyse" mais se révélant être une attaque personnelle sur la ministre de la Justice. Sous le titre "Le congé maternité est-il un luxe ?", la journaliste Sandrine Blanchard critique Rachida Dati pour avoir repris ses fonctions au sein du gouvernement quelques jours après avoir accouché. Il lui est reproché de ne pas avoir pris de congé maternité, la journaliste s'interrogeant : "Est-ce ainsi qu'on défend la cause des femmes ? Quelle image des femmes et de la naissance renvoie cette maternité express ?" L'argumentation rejoint celle déployée par quelques associations se réclament du féminisme, l'une d'elle parlant de "très mauvais exemple", d'"incitation à s'asseoir sur les conquêtes, les acquis" et même de "scandale".

Mais parmi toutes ces personnes, aucune d'entre elles ne semblent se demander pourquoi il faudrait faire de Rachida Dati un exemple, bon ou mauvais. Celle-ci n'a à aucun moment recherché une quelconque couverture médiatique quant à sa grossesse, ne l'a même jamais annoncé officiellement et tout cela relève purement de sa vie privée. Contrairement à Ségolène Royal, montrée en exemple dans l'article du Monde, elle n'a pas fait venir la presse à son chevet à la maternité pour un coup médiatique. Si Rachida Dati ne se plaint ni ne se vante d'enchaîner accouchement et affaires publiques, pourquoi faudrait-il que la presse s'empare de sa condition de la manière la plus polémique qui soit ? Les lois sur le congé maternité existent, personne ne pense à les modifier, et un cas sur des centaines de milliers chaque année n'a pas à faire changer les mentalités de quiconque. La garde des Sceaux, qui a déjà été largement critiquée sur ses choix vestimentaires, doit-elle devenir la cible de polémiques alimentées par des paparazzades, alors qu'elle ne fait rien qui va à l'encontre des lois et de la morale ?

Il n'y a là nul scandale, car il n'y a pas d'affaire. L'enfant de la ministre de la Justice relève de sa vie privée, et ne concerne ni la presse, ni les associations, ni le reste du peuple. Il n'a pas à être au centre du cirque médiatique et à devenir le personnage central d'un Truman Show grandeur nature. Cette volonté de trouver un exemple lorsqu'il n'y en a pas de donné ne fait que relever la soif de la polémique ainsi qu'une certaine hargne systématique envers les personnalités que la presse n'apprécie pas. Parmi ceux qui assistent à ça, se succèdent l'incompréhension et la stupéfaction.

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