Guillaume Pépy, président de la SNCF, a parlé de "gréviculture" pour parler de l'état d'esprit régnant dans son entreprise. La culture de la grève, c'est bien à cela qu'assiste les usagers des transports en communs. Ils en sont quotidiennement victime, et ce depuis des années. Ces derniers temps, c'est le syndicat SUD rail qui était à la manœuvre, alternant tous les moyens possibles de nuire à la circulation des trains, en faisant alterner grèves de 59 minutes, peu coûteuses mais effectuées aux pires moments, grèves de confort, pour éviter de travailler pendant les fêtes, et grèves intermittentes, pour être certains que le trafic des voyageurs ne puisse être organisé dans de bonnes conditions. A la gare Saint Lazare, pour une obscure histoire de vengeance pour une grève ratée à l'été, et sur fond de démonstration de puissance afin que les cheminots voient quel est le syndicat le plus jusqu'au-boutiste dans le cadre de prochaines élections, tous les coups sont bons pour nuire au voyageurs. Ceux-ci peuvent être difficilement qualifiés de clients, tant le service fourni est catastrophique en raison de ces grèves. Ni même d'usagers, qui signifierait qu'ils sont pris en considération par un service public. Victimes, voilà le bon mot pour qualifier ceux qui aspirent à voyager dans ces infrastructures largement financées par la collectivités, qui souvent habitent loin, et qui n'ont pas forcément les moyens de prendre la voiture.

Tout le monde en France ne s'imagine pas quelle est la peine traversée par ces voyageurs en souffrance. Faisant face aux même contraintes de travailleurs que les reste des français, les banlieusards doivent en plus passer facilement une heure par trajet pour aller au travail, le même temps pour en revenir. Quand les transports en commun ne fonctionnent plus, et c'est fréquent, le temps double, voire triple dans les pire cas. Les conditions de transport en deviennent alors dégradantes, les wagons étant déjà suffisamment bondés en temps normal. Lundi dernier, pour la première fois longtemps, le trafic était prévu pour être normal le lendemain sur les trains partant de ou arrivant à la gare Saint Lazare. Le coup de grâce fut donc une grève surprise déclenchée mardi, entraînant l'interruption totale du trafic et la fermeture de la gare. Le prétexte utilisé était l'agression d'un conducteur sur un train du RER A, une ligne qui ne passe pas par la gare Saint Lazare. Les syndicalistes ont tout de suite admis que c'était purement utilisé dans le cadre de leur mouvement en cours, et ont en plus obtenus satisfaction auprès de la direction. Celle-ci a de ce fait montré que les comportements les plus inadmissibles étaient récompensés à la SNCF. Ce sont 450 000 personnes qui transitent chaque jour par la gare Saint Lazare. Dans cette affaire, à aucun moment qui que ce soit ne s'est intéressé à elles.

Promis depuis longtemps, le service minimum dans les transports en commun a fait l'objet d'une loi en 2007. Il n'existe pourtant toujours pas, la loi en question s'étant révélé à l'aune de ce conflit comme contenant des vides juridiques pour faciliter les grèves. En outre, d'un point de vue légale, elle n'est tout simplement pas respectée, preuve en est cette grève surprise qui aurait du être déclarée 48 heures à l'avance. L'heure n'est plus au demi-mesures. La SNCF n'a pas vocation à rendre la vie misérable à ceux qui lui payent chaque mois un abonnement au tarif non négligeable. Les grèves dans cette entreprise ne sont tout simplement plus possibles, pour le bien de tous. Les pouvoirs publics doivent mettre en place de façon urgente une interdiction de la grève dans les services publics vitaux tels que la SNCF.

Image : AFP