Réflexions en cours

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mercredi 29 août 2007

La nécessité d'un second porte-avions

Le porte-avions français Charles de Gaulle vient de rentrer au port de Toulon, et sera dans une indisponibilité programmée qui durera 18 mois. Une période longue pendant laquelle la France n'aura donc plus de porte-avions à disposition, alors que la situation internationale peut changer en des temps bien plus brefs. Ainsi, entre l'attaque contre les Etats-Unis le 11 septembre 2001 et le début des opérations alliées en Afghanistan, il n'y eut que quelques semaines. Le porte-avions français venait alors à peine de rentrer en service, et est intervenu à partir de décembre 2001. En 18 mois, la France a donc le temps de voir passer un bon nombre de trains, voire de se mettre en danger, en ne disposant pas de cet élément de puissance fondamental. Un porte-avions est en effet le meilleur moyen de projeter des forces aériennes partout dans le monde dans un temps raisonnable, à une époque où la maîtrise des airs est une étape fondamentale à toute opération. Outre l'incomparable apport militaire qu'il représente, il apporte aussi un élément de puissance psychologique, qui peut jouer dans la diplomatie et dans l'équilibre des forces. Alors que les Etats-Unis peuvent compter sur une flotte de plus d'une douzaine de porte-avions, la France doit donc se contenter d'un seul. Evidemment, la France n'est pas l'hyperpuissance américaine, mais si elle veut tenir le rang qu'elle souhaite sur la scène internationale, si elle veut rester l'une des premières puissances militaires en Europe (ou plutôt si l'Europe doit assumer le fait d'avoir une puissance militaire), il serait bon qu'il y ait au moins un porte-avions français qui puisse être en activité à tout moment. Et au vu des temps d'entretiens qu'un bâtiment peut connaître, cela suppose donc d'en avoir deux.

Il y a évidemment le débat technique sur la conception et sur le coût d'investissement et d'exploitation d'un tel outil. Ce débat avait d'ailleurs été amené pendant la dernière campagne présidentielle. En effet, pour la gauche, les dépenses militaires sont souvent comme inutiles, car servant à faire la guerre et à enrichir les marchands de canon. Malheureusement, la guerre n'est pas toujours quelque chose que l'on souhaite, et qu'on peut être amené par nécessité, le pacifisme n'ayant pas tout résolu dans l'Histoire. A court comme à long terme, la situation géopolitique peut changer grandement, c'est pourquoi il faut se préparer de telle façon à ce que l'on soit toujours prêt pour le pire. Moins l'on sera pris au dépourvu, et plus le risque encouru sera faible. On peut évidemment compter sur la constitution d'une Europe de la défense. Et dans ce cadre, il faut que la France prenne sa part dans l'effort à réaliser. La coopération inter-étatique peut par exemple être réalisée dans un partage des coûts de conception entre Français et Britanniques, si de chaque côté de la Manche l'on décide des modèles à peu près semblables de porte-avions. Il est par contre plus difficile, voire négligent, de vouloir partager l'exploitation d'un seul porte-avions entre la France et le Royaume-Uni, comme le voulait Ségolène Royal, alors que les degrés de coopération sont encore très loin de permettre une collaboration aussi poussée.

Une telle décision est bien évidemment un choix de priorité budgétaire, et donc politique. La défense ne peut être une variable d'ajustement. Si le niveau de dépenses militaires qui est en général considéré comme le bon est de 2 % du PIB, le budget du ministère de la défense ne doit pas être diminué. Alors que Michèle Alliot-Marie avait été remarquable à la tête de ce ministère, Hervé Morin devra, pour réussir à ce poste, garder cette nécessité à l'esprit. Car la défense est un domaine régalien, une obligation première pour un Etat. En matière de priorité budgétaire, il faut donc que les budgets de l'armée et de la police soient maintenus au niveau actuel, que celui de la justice (prisons et système judiciaire) soit largement réévalué (avec celui de la recherche et de l'enseignement supérieur), et, mis à part l'environnement et certaines infrastructures à financer, le reste peut être soumis à l'effort de réduction des dépenses publiques nécessaire pour assainir les finances de l'Etat. Mais le second porte-avions ne doit pas être négligé pour l'intérêt de la France.

jeudi 23 août 2007

Réflexions en cours...

Nous voilà arrivé à 200 billets publiés sur ce blog environ. La campagne présidentielle est passée, et le champ des thèmes de réflexions semble continuer à s'élargir, sur l'Europe, la politique intérieure française, la pensée politique ou même les bases philosophiques de l'action à mener. Je continue donc d'œuvrer pour ma part, à ma hauteur, à ces réflexions, en espérant qu'elles aboutissent un jour à quelque chose.

Après avoir commencé ce blog sur la plate-forme 20six, il a été vraiment lancé sur la plate-forme blogmilitant où il aura été hébergé l'espace d'une année. Mais ce site semble connaître des difficultés de connexion de plus en plus régulières, j'ai donc recréé ce blog en y remettant tous ses anciens billets sur un hébergement gratuit qui m'est propre (Free), que je maîtrise bien d'avantage. Je comptais que cette transition devienne définitive lorsque j'arriverais au deux-centième billet, et arrêter de mettre à jour la version blogmilitant de ce blog. Il semble que blogmilitant n'existe plus désormais, il n'y a de toutes façons plus vraiment de choix possible entre les deux alternatives. L'adresse du blog Réflexions en cours est donc bien http://xerbias.free.fr/blog/ . Bienvenue à tous ceux qui passent ici !

Et désolé pour les fautes d'orthographe ou de frappe probablement très nombreuses dans mes billets, je ne me relis presque pas. Un jour je relirai tout...

vendredi 17 août 2007

Les chantiers de l'université

Valérie Pécresse est la ministre chargée de la recherche et de l'enseignement supérieur. A ce titre, elle a été mise en avant dès le début du quinquennat, devant défendre une loi de modernisation du système universitaire qui avait été établie au rang de priorité par le candidat Nicolas Sarkozy. Dans son programme, celui-ci déclarait vouloir mettre donner aux universités qui le souhaiteraient d'une autonomie réelle, de leur accorder des moyens financiers en conséquence. Il voulait également mettre en place une meilleure orientation des étudiants pour éviter les voies de garage, et favoriser la constitution de pôles universitaires d'importance mondiale. Mais à peine fut-il élu que certains syndicats ou groupuscules d'étudiants lancèrent l'activisme contre toute tentative de réforme par principe, par hostilité au nouveau Président. Valérie Pécresse a choisi la tactique de la concertation avec les syndicats, étant appuyée dans sa démarche par l'Elysée et Matignon. Il y eut des concessions : d'une part, l'autonomisation devient obligatoire pour toutes les universités, pour éviter de trop grandes disparités entre celles qui choisiraient l'autonomie et celles qui la refuseraient. D'autre part, les conseils d'administration seraient moins resserrés que prévus, pour aménager les susceptibilités de chaque groupe de participants. Enfin, la sélection à l'entrée en master n'est plus d'actualité. Elle continuera d'exister bien sûr à l'entrée en BAC + 5, ce qui ne change pas grand chose en fin de compte. Evidemment, la possibilité d'une sélection à l'entrée de l'université n'a même pas été évoquée.

A vrai dire, il n'est pas impossible qu'il y ait de nouvelles grèves étudiantes à la rentrée. Le milieu est assez coutumier du fait, et des syndicats extrémistes de certaines filières tendent à s'intéresser d'avantage à la lutte contre les gouvernements qu'à leur avenir professionnel. Pourtant, si cette réforme va dans le bon sens, elle pourrait ne pas suffire pour remettre l'université en l'Etat. Déjà, elle devra vraiment bénéficier de largesses budgétaires. Le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche est l'un des deux ministères qui a réellement besoin de voir ses moyens augmenter, avec celui de la justice. De plus, il faudra veiller à ce que l'autonomie dont vont bénéficier les universités soit bien employée : il faut en profiter pour faire naître des ensembles ambitieux, dotés d'une recherche forte et d'une efficacité dans l'enseignement. Cela peut notamment passer par des regroupements entre universités ou avec d'autres établissements d'enseignement supérieur. Les liens avec le secteur privé ne devront de toute façon pas être négligés. Les universités qui croiraient garder leur pureté en refusant de travailler avec les entreprises seraient de toute façon condamnées à rester dans une pauvreté matérielle, de faibles résultats et au bout du compte, une réputation misérable.

Enfin, s'il est honteux que la France dépense moins par étudiant d'université que par élève du secondaire, contrairement aux autres pays développés, on peut néanmoins relever le fait qu'avec moins d'étudiants en premier cycle, ce ratio serait évidemment différent. Si elle reste tabou aujourd'hui, la sélection à l'entrée de l'université pourrait avoir des effets positifs. Avec des effectifs peut-être réduits, l'université pourrait consacrer davantage de moyens par étudiant. De plus, avec des étudiants de meilleure qualité, leurs résultats seraient bien sûr meilleurs. Alors qu'on manque de personnel dans certains métiers ne nécessitant pas forcément de passer par l'enseignement supérieur, il serait préférable d'éviter d'envoyer tous les bacheliers qui n'arrivent pas entrer dans d'autres formations (notamment courtes, tels que les IUT, ou en formation pour un BTS, où il y a bien une sélection) à l'université pour y échouer après une belle perte de temps.

Mais une telle perspective ne risque pas d'être à l'ordre du jour avant bien longtemps. Valérie Pécresse a bien d'autres chantiers à mener à terme, certains étant tout de même importants. Il s'agit pour l'essentiel d'issues administratives et budgétaires. Pour améliorer les conditions de vie des étudiants et les "conditions d'exercice des missions de recherche et d'enseignement" de l'université, il faudra commencer par amener une belle enveloppe. Et vu son état actuel, il est peu probable que le monde universitaire la refuse.

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