Les chantiers de l'université
Par xerbias, vendredi 17 août 2007 à 19:18 :: General :: #199 :: rss
Valérie Pécresse est la ministre chargée de la recherche et de l'enseignement supérieur. A ce titre, elle a été mise en avant dès le début du quinquennat, devant défendre une loi de modernisation du système universitaire qui avait été établie au rang de priorité par le candidat Nicolas Sarkozy. Dans son programme, celui-ci déclarait vouloir mettre donner aux universités qui le souhaiteraient d'une autonomie réelle, de leur accorder des moyens financiers en conséquence. Il voulait également mettre en place une meilleure orientation des étudiants pour éviter les voies de garage, et favoriser la constitution de pôles universitaires d'importance mondiale. Mais à peine fut-il élu que certains syndicats ou groupuscules d'étudiants lancèrent l'activisme contre toute tentative de réforme par principe, par hostilité au nouveau Président. Valérie Pécresse a choisi la tactique de la concertation avec les syndicats, étant appuyée dans sa démarche par l'Elysée et Matignon. Il y eut des concessions : d'une part, l'autonomisation devient obligatoire pour toutes les universités, pour éviter de trop grandes disparités entre celles qui choisiraient l'autonomie et celles qui la refuseraient. D'autre part, les conseils d'administration seraient moins resserrés que prévus, pour aménager les susceptibilités de chaque groupe de participants. Enfin, la sélection à l'entrée en master n'est plus d'actualité. Elle continuera d'exister bien sûr à l'entrée en BAC + 5, ce qui ne change pas grand chose en fin de compte. Evidemment, la possibilité d'une sélection à l'entrée de l'université n'a même pas été évoquée.
A vrai dire, il n'est pas impossible qu'il y ait de nouvelles grèves étudiantes à la rentrée. Le milieu est assez coutumier du fait, et des syndicats extrémistes de certaines filières tendent à s'intéresser d'avantage à la lutte contre les gouvernements qu'à leur avenir professionnel. Pourtant, si cette réforme va dans le bon sens, elle pourrait ne pas suffire pour remettre l'université en l'Etat. Déjà , elle devra vraiment bénéficier de largesses budgétaires. Le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche est l'un des deux ministères qui a réellement besoin de voir ses moyens augmenter, avec celui de la justice. De plus, il faudra veiller à ce que l'autonomie dont vont bénéficier les universités soit bien employée : il faut en profiter pour faire naître des ensembles ambitieux, dotés d'une recherche forte et d'une efficacité dans l'enseignement. Cela peut notamment passer par des regroupements entre universités ou avec d'autres établissements d'enseignement supérieur. Les liens avec le secteur privé ne devront de toute façon pas être négligés. Les universités qui croiraient garder leur pureté en refusant de travailler avec les entreprises seraient de toute façon condamnées à rester dans une pauvreté matérielle, de faibles résultats et au bout du compte, une réputation misérable.
Enfin, s'il est honteux que la France dépense moins par étudiant d'université que par élève du secondaire, contrairement aux autres pays développés, on peut néanmoins relever le fait qu'avec moins d'étudiants en premier cycle, ce ratio serait évidemment différent. Si elle reste tabou aujourd'hui, la sélection à l'entrée de l'université pourrait avoir des effets positifs. Avec des effectifs peut-être réduits, l'université pourrait consacrer davantage de moyens par étudiant. De plus, avec des étudiants de meilleure qualité, leurs résultats seraient bien sûr meilleurs. Alors qu'on manque de personnel dans certains métiers ne nécessitant pas forcément de passer par l'enseignement supérieur, il serait préférable d'éviter d'envoyer tous les bacheliers qui n'arrivent pas entrer dans d'autres formations (notamment courtes, tels que les IUT, ou en formation pour un BTS, où il y a bien une sélection) à l'université pour y échouer après une belle perte de temps.
Mais une telle perspective ne risque pas d'être à l'ordre du jour avant bien longtemps. Valérie Pécresse a bien d'autres chantiers à mener à terme, certains étant tout de même importants. Il s'agit pour l'essentiel d'issues administratives et budgétaires. Pour améliorer les conditions de vie des étudiants et les "conditions d'exercice des missions de recherche et d'enseignement" de l'université, il faudra commencer par amener une belle enveloppe. Et vu son état actuel, il est peu probable que le monde universitaire la refuse.
A vrai dire, il n'est pas impossible qu'il y ait de nouvelles grèves étudiantes à la rentrée. Le milieu est assez coutumier du fait, et des syndicats extrémistes de certaines filières tendent à s'intéresser d'avantage à la lutte contre les gouvernements qu'à leur avenir professionnel. Pourtant, si cette réforme va dans le bon sens, elle pourrait ne pas suffire pour remettre l'université en l'Etat. Déjà , elle devra vraiment bénéficier de largesses budgétaires. Le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche est l'un des deux ministères qui a réellement besoin de voir ses moyens augmenter, avec celui de la justice. De plus, il faudra veiller à ce que l'autonomie dont vont bénéficier les universités soit bien employée : il faut en profiter pour faire naître des ensembles ambitieux, dotés d'une recherche forte et d'une efficacité dans l'enseignement. Cela peut notamment passer par des regroupements entre universités ou avec d'autres établissements d'enseignement supérieur. Les liens avec le secteur privé ne devront de toute façon pas être négligés. Les universités qui croiraient garder leur pureté en refusant de travailler avec les entreprises seraient de toute façon condamnées à rester dans une pauvreté matérielle, de faibles résultats et au bout du compte, une réputation misérable.
Enfin, s'il est honteux que la France dépense moins par étudiant d'université que par élève du secondaire, contrairement aux autres pays développés, on peut néanmoins relever le fait qu'avec moins d'étudiants en premier cycle, ce ratio serait évidemment différent. Si elle reste tabou aujourd'hui, la sélection à l'entrée de l'université pourrait avoir des effets positifs. Avec des effectifs peut-être réduits, l'université pourrait consacrer davantage de moyens par étudiant. De plus, avec des étudiants de meilleure qualité, leurs résultats seraient bien sûr meilleurs. Alors qu'on manque de personnel dans certains métiers ne nécessitant pas forcément de passer par l'enseignement supérieur, il serait préférable d'éviter d'envoyer tous les bacheliers qui n'arrivent pas entrer dans d'autres formations (notamment courtes, tels que les IUT, ou en formation pour un BTS, où il y a bien une sélection) à l'université pour y échouer après une belle perte de temps.
Mais une telle perspective ne risque pas d'être à l'ordre du jour avant bien longtemps. Valérie Pécresse a bien d'autres chantiers à mener à terme, certains étant tout de même importants. Il s'agit pour l'essentiel d'issues administratives et budgétaires. Pour améliorer les conditions de vie des étudiants et les "conditions d'exercice des missions de recherche et d'enseignement" de l'université, il faudra commencer par amener une belle enveloppe. Et vu son état actuel, il est peu probable que le monde universitaire la refuse.
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