Réflexions en cours

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samedi 15 novembre 2008

Pas assez de minorités à la télé ?

Le président du CSA, Michel Boyon, s'est montré très énervé cette semaine devant la presse lorsqu'il a présenté les conclusions d'une étude portant notamment sur la représentation des "minorités visibles" à la télévision française. "Les résultats sont inacceptables, intolérables, pas admissibles" aurait-il dit. En effet, la représentation des personnes "non blanches" n'aurait augmenté que d'un seul pourcent (en fait, un point de pourcentage) depuis la précédente à ce sujet, il y a neuf ans. Conséquence, les "jeunes" ne se reconnaitraient pas dans la télévision. Pour qu'une personne de ce niveau s'emporte de cette façon, c'est que la situation doit être vraiment grave. Sauf qu'en fait, ce n'est pas vraiment le cas. L'étude montre que la population non blanche représente... 18 % des personnes vues à la télévision française. Est-ce si peu ? Jusqu'à quel niveau ce pourcentage doit-il augmenter pour que le CSA soit satisfait ? On peut alors se poser deux questions.

La première tient à la composition du CSA. Parmi les neuf "sages" du CSA, une seule peut être qualifiée comme appartenant à une minorité visible. Ce qui fait un taux de 11 %, un niveau largement inférieur à celui de la télévision française. Le CSA doit donc probablement se montrer très énervé vis-à-vis de sa propre composition. En outre, parmi tous les présidents du CSA (quelque soit son nom depuis 1982), aucun n'a appartenu à une minorité visible, ils étaient tous blancs. En conséquence, il ne fait donc aucun doute que Michel Boyon doit être à l'heure actuelle en train de rédiger sa lettre de démission au Président de la République, lui demandant de nommer quelqu'un faisant parti des minorités visibles à sa place.

La deuxième est plus importante : dans la mesure où toute enquête sur la composition "ethnique" (en fait, pour recenser la proportion de chaque minorité visible dans la population) de la France est interdite, il est impossible de savoir quelle proportion de la population n'est pas blanche. Sur quelle base alors le CSA peut-il affirmer que 18 % est un niveau si faible qu'il en est inacceptable ?

vendredi 7 novembre 2008

Spin et décryptage

Une des ambitions de différents titres de presse ou émission est de mieux faire comprendre l'actualité. Un mot a fini par s'imposer pour désigner cela : décryptage. L'idée est que les informations seraient cryptées, auraient une signification mystérieuse que les journalistes s'emploieraient à rendre compréhensible, à défaire ce cryptage. Le but est alors de partir de faits pour arriver à une signification. Mais il y a un soucis : l'Histoire n'est pas quelque chose de brut qui a un sens objectif. Les événements ne sont pas cryptés, il n'y a que des faits dont l'agencement est susceptible d'interprétation. Et c'est précisément ce dont il est question avec le décryptage : trouver une interprétation aux faits. Et cette interprétation est personnelle, subjective. Les tentatives de décryptage sont donc autant d'interprétations orientées d'événements, voire même de manipulation : là où un éclairage est censé être apporté, il y a surtout l'ajout d'une nouvelle couche d'opinions. En fait, le décryptage, c'est la plupart du temps du spin : l'apport d'un angle de vue dans un sens donné, où chaque personne n'a plus à se faire sa propre opinion sur un fait, mais sur une interprétation d'un fait.

Les journaux ont beaucoup de travail à faire, notamment dans le travail d'information, aussi précis et complet que possible. Il est préférable qu'ils proposent leurs propres opinions dans des espaces séparés des informations brutes, via des éditoriaux ou des tribunes par exemple. Et à l'expérience, il apparaît que le travail de décryptage qu'ils revendiquent devraient entrer dans ces catégories. Par exemple, l'émission Arrêt sur Images proposait chaque semaine sa vision très orientée de l'actualité plutôt qu'une mise en perspective neutre. Les lecteurs, auditeurs ou téléspectateurs doivent simplement être conscient de cela. Et il appartient aux "décrypteurs" d'assumer le côté très personnel de leur travail.

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