L'éditeur Michalon peut se targuer d'un nouveau coup d'édition. Il a réussi à faire écrire à une personne au centre de l'actualité un livre de "témoignage", composé rapidement, écrit en gros caractères, imprimé sur un faible nombre de pages (150 environ) mais aux marges importantes, le tout pour un prix standard (15 euros). Il s'agit de donner une valeur marchande à une polémique. Mais le livre du jour consiste tout simplement à faire de la publicité pour le niqab, ce voile intégrale qui ne laisse qu'à peine voir les yeux. L'auteur est déjà une habituée de la polémique depuis qu'elle a contre-attaqué sur le plan médiatique un PV obtenu du fait de sa tenue. Sandrine Moulères, l'épouse du désormais célèbre Liès Hebbadj, était donc ce matin chez Marc-Olivier Fogiel pour faire la promotion de son livre et de son mode de vie. L'entretien est assez effarant.

Elle ne répond pas lorsqu'on lui demande si elle respectera la loi interdisant le voile intégrale. Elle le défend en considérant qu'il ne s'agit là que de "diversité", ce qui lui permet de ressortir l'argument tarte à la crème "la diversité est une richesse". Mais l'enfermement de la femme sous le voile intégrale, est-ce vraiment le type de "richesses" que la diversité est censé apporter ? Tous les comportements sont-ils défendables au nom de la diversité ?

Elle dit "se libérer sous le niqab" pour Dieu, et pour personne d'autres, mais mets tout de même en avant son besoin de se protéger du regard "pesant" des hommes. Plus troublant, lorsque le journaliste l'interroge sur le fait que son père se plaigne de ne plus avoir de contacts avec elle, et que ses petits enfants soient enfermées, elle refuse nettement de répondre à la question. C'est surprenant, après tout, c'est elle qui a voulu offrir son témoignage à tout le monde. La discussion suit le même cheminement sur la polygamie. D'abord, elle explique la polygamie serait moins hypocrite que de tromper sa femme, ce qui selon elle, arriverait de façon quasi systématique. Mais elle ne peut reconnaître qu'une femme trompe son mari, c'est impossible, l'Islam lui interdit, alors que c'est "dans la nature de l'homme". Au bout du compte, elle refuse à nouveau de répondre aux questions du journaliste sur l'égalité entre les sexes. Elle ne souhaite d'ailleurs pas non plus s'exprimer sur les affaires judiciaires de son mari.

Au final, on retient davantage ses silences que ses arguments. Les enfants de cette dame sont-ils empêchés de rencontrer leurs grands parents parce que ceux-ci sont catholiques ? L'égalité entre l'homme et la femme existe-t-elle selon elle ? Considère-t-elle que ce qu'a fait son mari était légal ou non ? La vraie question qui apparaît est en fait celle de son propre rapport avec notre société, avec ses valeurs et avec ses lois. Elle s'est tue à chaque fois que son raisonnement l'amenait à dire que les lois de l'Islam comptaient plus que celle de la République, sans dire autre chose. Si son but était de rassurer la population par sa démarche, le moins que l'on puisse dire c'est que c'est loupé.