En 2008, l'un des films qui a rencontré le plus de succès en Allemagne fut La Vague. Jürgen Vogel y joue un professeur de lycée aux tendances anarchistes, contraint de faire un cours pendant une semaine sur l'autocratie. Il décide alors d'exposer les caractéristiques d'une dictature en en formant une à petite échelle dans sa classe. Pour cela, il commence par établir des règles strictes de comportement en classe. Il faut par exemple se lever pour prendre la parole. C'est le pouvoir par la discipline. Il montre également le pouvoir par l'unité, en faisant se rapprocher les élèves par différents moyens. Il les change de place, pour casser les clans dans la classe. Il leur fait porter une tenue unique, en l'occurrence, une chemise blanche. Il accepte l'établissement d'un autre signe de reconnaissance, un salut mimant une vague, le nom de groupe que les élèves se sont donnés.

Les élèves sont les premiers surpris de la façon dont se déroule le cours. Ensemble, ils se sentent plus forts. La discipline et la pression de la communauté amoindrit leurs préoccupations égoïstes antérieures. Leurs projets extra-scolaires, comme une pièce de théâtre ou l'équipe de water polo, fonctionnent mieux. Riches ou pauvres, Allemands de l'ouest ou de l'est, d'origine allemande ou étrangère, ils partagent tous quelque chose. Tim, qui se sentait autrefois exclu du reste des lycéens, est désormais défendu face à ceux qui le martyrisent. L'expérience leur apparaît d'autant plus bénéfique qu'elle se passe sur une base de volontariat : chacun est libre de quitter le cours quand il le souhaite. En revanche, les membres du groupes ne comprennent pas lorsque l'un d'entre eux ne respecte pas sciemment les règles, et remet en question les vertus du projet.

Au fur et à mesure, les élèves du cours d'autocratie se prennent de plus en plus au jeu. Ils proposent à d'autres personnes d'adhérer à cette philosophie. Ceux qui n'en sont pas sont exclus de leurs activités de groupe, et parfois même mal vus. Lorsqu'une opposition apparaît contre leur groupe, ils réagissent même violemment. Le professeur se sent alors complètement dépassé par les évènements. Il décide d'y mettre un terme dans un final dramatique.

Ce film est inspiré par des événements ayant eu lieu en 1967 en Californie. Un livre et un téléfilm en avaient notamment déjà été tirés. Même s'il pousse parfois à l'exagération, il a comme grand mérite de montrer comment naît une dictature. Il ne suffit pas d'un leader charismatique disposant d'une autorité forte. La première condition est d'abord celle de l'anéantissement de l'individualisme, des individualités. Face aux angoisses de chacun, le mouvement de groupe apporte un confort, une base solide, des valeurs, des certitudes. Telles étaient les fondements des nationalismes ou des activismes révolutionnaires marxistes. Les participants échangent leurs interrogations personnelles contre des certitudes collectives.