La Commission Européenne aimerait pouvoir compter sur de nouvelles ressources, basées sur un impôt européen. Les différents Etats qui composent l'Union Européenne ont peu de chances d'être d'accord avec cet objectif. Ils aimeraient encore garder la main sur la façon dont leurs agents économiques sont ponctionnés. Surtout, une telle mesure risque fort d'être impopulaire auprès du grand public. Déjà, il peut paraître paradoxal que la Commission souhaite augmenter ses dépenses lorsqu'elle demande aux gouvernements de réduire les leurs. Surtout, la population peut à bon compte se demander si l'argent prélevé est bien utilisé. Et les politiques de l'Union Européenne sont à l'heure très majoritairement incomprises. Bien sûr, on peut vouloir faire de la pédagogie et faire des campagnes d'informations sur l'action de l'Union Européenne. C'est utile, mais cela restera insuffisant. Jusqu'à présent, l'Union Européenne est surtout accessible pour une élite. Aucun particulier ne demande de rendez-vous à son député européen pour lui parler de ses problèmes. Il n'en rencontre jamais dans le marché, et serait d'ailleurs bien en peine pour l'identifier s'il le croiserait. Seules les entreprises peuvent faire pression sur les députés européens, en allant faire du lobbying dans l'enceinte du Parlement. De la même façon, les Commissaires Européens se déplacent peu pour aller au contact de la population, comme pourraient le faire les ministres.

Cet état de fait remonte aux origines mêmes de la construction européenne. A l'origine, il ne s'agissait pas d'une grande réunion populaire, où les peuples auraient exprimés leur envie d'une organisation supra-nationale. Les pères fondateurs étaient des hommes politiques qui ont fait un travail remarquable de diplomatie, permettant de poser de nouvelles bases via des traités qui étaient dès le départ un peu obscurs. De même, les nouvelles adhésions de pays membres se sont fait par des négociations intergouvernementales. La construction européenne est une œuvre de la Raison et de la discussion entre Etats. C'était d'ailleurs certainement la meilleure chose à faire. Mais est-ce suffisant ?

Aujourd'hui, maintenant que le Traité de Lisbonne a donné un cadre formel à l'Union Européenne, ce n'est plus des ses structures dont il faut s'inquiéter. Au bout de cinquante années, nous sommes arrivés à une étape. Le défi des cinquante prochaines années sera de réaliser l'Union des peuples, et non la seule Union des Etats. On ne pourra plus davantage progresser dans la construction européenne sans une adhésion franche des peuples dont elle a vocation à s'occuper. A cette aune-là, le plus dur reste donc bien à accomplir. Et pour commencer, il faudrait que les institutions européennes en soit clairement conscient.