A la suite des prochaines élections européennes le mandat de la Commission Européenne prendra fin. Le moment précis peut encore varier en fonction de l'adoption du Traité de Lisbonne, mais il est juste et nécessaire que le débat autour de la politique menée par la Commission se tienne maintenant, pendant la campagne électorale. Le Parlement européen doit être le lieu autour duquel les politiques européennes se construisent, et à ce titre, les électeurs doivent savoir à quoi s'en tenir de la part des candidats. La composition de la Commission Européenne doit être approuvée par le Parlement Européen, et les différents partis politiques doivent indiquer quels seront leurs choix à venir. Le choix du président de la Commission est ici déterminant. Et la reconduction du sortant, José Manuel Barrosso, n'est pas forcément souhaitable.

Homme politique portugais de premier plan (puisque ancien Premier ministre) et ayant le mérite de parler parfaitement le français, entre autres langues, sa nomination à la tête de la Commission n'avait rien eu d'évident en 2004. Il la devait à son appartenance à la droite européenne, et au refus de la composante la plus souverainiste de celle-ci du Premier ministre belge, jugé trop fédéraliste. Installé à son poste par une volonté de laisser les Etats faire et de minimiser le rôle de l'Europe, José Manuel Barrosso a en fin de compte joué à fond la partition d'une Union Européenne très libérale économique et très faible politiquement. Son soutien appuyé à toutes les mesures pouvant déréguler le marché unique européen et à la candidature turque à l'Union Européenne en sont les preuves les plus marquantes. S'il a su se consacrer entièrement à sa tâche, il a montré néanmoins une capacité d'initiative bien insuffisant lorsqu'il s'agissait de passer à l'action. Il n'a pas su profiter du poids politique dont il disposait, et son mandat aura au final été cinq années de plus d'une Commission totalement déconnectée des peuples européens.

Son bilan est donc insuffisant, et ses perspectives d'amélioration décourageantes. Il pourrait probablement y avoir quelqu'un de meilleur à la tête de la Commission Européenne. Seul problème : personne ne semble se donner de la peine pour chercher un meilleur candidat. Il faut dire que les raisons qui avaient poussé à l'installation de Barrosso demeurent, et que les partis d'opposition ne semblent même pas motivés pour proposer un candidat alternatif. La reconduction probable de José Manuel Barrosso à son poste relève donc du choix par défaut, sans plus de considérations.

La campagne européenne aurait pourtant beaucoup gagné à pouvoir offrir un débat clair sur cette question. Le Parlement européen lui-même permet plusieurs opportunités de rendre le fonctionnement des institutions européennes plus politique et plus compréhensible par les citoyens. Sans même changer les textes, des évolutions peuvent apparaître dans la pratique. Outre donc, la possibilité pour chaque parti de désigner son candidat au poste de Président de la Commission, il est possible que le Conseil Européen sélectionne la totalité des Commissaires dans les rangs des députés européens. L'Union Européenne s'approcherait davantage de règles parlementaires, garantes d'une meilleure démocratie. Et c'est de cela dont a besoin l'Europe aujourd'hui.