Dans le quotidien Libération de mercredi dernier fut publié un appel pour "l'assistance sexuelle des handicapés". Cet appel a généré des réactions dans la presse ou sur le net. L'appel commence par une question qui parait simple : "Accepteriez-vous une vie sans relation sexuelle, alors que vous en avez le désir ?" Mais voilà, cette question est d'emblée mal posée. En effet, dans une relation sexuelle, il ne faut pas qu'il y ait un désir personnel, mais deux désirs réciproques. La vraie question posée par cet appel est donc "souhaiteriez-vous que quelqu'un ait une relation sexuelle avec vous sans en avoir le désir ?".

En fait, cet appel repose sur une confusion assez fréquente sur le mot "droit". "L’accès à une vie affective et sexuelle constitue une liberté fondamentale et doit être un droit véritable et inaliénable pour tous", dit l'appel. Il y a un souvent un glissement entre "liberté" et "obligation d'avoir accès", alors que ce n'est pas la même chose. Le premier terme se réfère au droit, l'autre à une réalité pratique. Ce n'est pas parce qu'on est libre de faire quelque chose qu'on doit pouvoir exiger de le faire en dépit de notre situation personnelle. Par exemple, on est libre d'aller dans l'espace si on le souhaite (rien ne l'interdit), mais l'Etat ne doit pas être obligé de nous payer du tourisme spatial si on le souhaite et qu'on n'en a pas la possibilité par nos propres moyens. Cette confusion se retrouve de plus en plus souvent.

Il y a donc une liberté relative à la sexualité, mais pas un droit à la sexualité. L'Etat n'a pas à se préoccuper de la sexualité des gens, et les désirs sexuels des uns n'ont pas à s'imposer aux autres. En conséquence, une affirmation comme "Toute personne doit pouvoir recevoir l’assistance humaine éventuellement nécessaire à l’expression de sa sexualité" n'est pas valide. Et ici, il s'agit ni plus ni moins de prostitution, une prostitution d'Etat qui plus est. Le rôle de l'Etat est-il de se transformer en proxénète ?

La Sécurité Sociale n'a pas à financer la prostitution, et si des handicapées veulent recourir à des services de prostituées, ils le peuvent déjà comme tout le monde. Tout le concept de "droit à une vie sexuelle" est d'ailleurs faux, car cela supposerait que tous ceux qui n'en ont pas pourraient s'en prévaloir. On en n'aurait pas fini... Et d'une manière générale, il faudrait arrêter de penser que c'est forcément le rôle de l'Etat de tout prendre en charge, quelque soit le domaine.