Cela ne fait pas encore quatre années que la dernière élection présidentielle a rendu son verdict, mais de part et d'autres de la toile, on s'interroge déjà du choix à faire pour la prochaine élection. Or faire un bilan du Président actuel alors qu'il lui reste un cinquième de son mandat peut paraître un peu prématuré. Par ailleurs, les programmes électoraux restent encore très flous. Pour ma part, je considère donc qu'il est encore trop tôt pour faire un choix définitif. Peut-être sera-t-il plus intéressant de raconter comment ont été faits mes choix lors des dernières élections présidentielles.

Je me considère comme avant tout un fédéraliste européen. Après avoir défendu le "oui" au Traité Constitutionnel Européen sur le terrain en 2005, quelques mois avant la création de ce blog, ce fut le premier prisme de mon jugement. Tous les candidats potentiels de l'élection de 2007 furent passés à un filtre rapidement discriminants : je ne pris en considération que les candidats qui soutinrent le Traité de Maastricht, le TCE, et s'opposent à l'adhésion de la Turquie à l'Union Européenne (subitement devenu un enjeu important après l'ouverture des négociations de 2004, qui me laissa stupéfait). Trois questions simples, auxquelles ne "survivaient" que deux candidats : François Bayrou et Nicolas Sarkozy.

Lors de la (bien morne) campagne présidentielle de 2002, j'avais déjà beaucoup hésité entre deux candidats :
  • François Bayrou, qui à cette époque, avait un programme qui collait totalement à mes idées en matière de construction européenne. A de nombreuses occasions, j'aurais pu signer ses prises de position en la matière. Cela m'avait d'ailleurs poussé à voter pour les listes UDF aux européennes de 2004. Malheureusement, il s'est depuis éloigné de ce chemin, la campagne des européennes de 2009 étant particulièrement navrante.
  • Jacques Chirac, qui avait déjà été le candidat de mon choix en 1995. Son programme était peut-être plus générique, moins proche de mes convictions, mais quelques mesures avaient quand même mon assentiment.
Le 20 avril 2002, la veille du premier tour, je me retrouve donc sur mon fauteuil, à relire une nouvelle fois les professions de foi des candidats. C'est à ce moment là qu'un élément me revient en mémoire. Le mercredi précédent, le 17 avril, le journal Le Monde a publié un sondage montrant que Jacques Chirac et Lionel Jospin baissaient tous deux rapidement, alors que Jean-Marie Le Pen grimpait à la même vitesse, retrouvant ses plus hauts niveaux enregistrés. Le samedi, il n'y avait plus de sondages, mais il n'y avait pas de raisons que cette évolution ne se poursuive pas. Je pris donc la résolution de voter pour le candidat que je voulais voir au second tour, Jacques Chirac, charge aux gens de gauche de faire la même chose de leur côté.

Le lendemain, quand les émissions spéciales commençaient entre 18 h et 19 h, tous ceux qui passaient à l'antenne ne se faisait pas prier pour expliquer de façon plus ou moins voilée que Jean-Marie Le Pen arriverait au second tour. Cela voulait dire que Lionel Jospin, moins bien placé que le Président sortant à l'approche des élections, était éliminé. Sachant cela, le voir arriver souriant à son QG de campagne, ignorant ce que des millions de personnes avaient déjà compris, fut particulièrement déroutant. Je n'ai pas du tout regretté ce vote, mais le choc fut violent quand même. Ce soir là, seul Jean-Louis Borloo (que je ne connaissais pas) trouva les bons mots. Je fus alors convaincu de la nécessité d'opérer des changements rapides et importants. Et c'est avec cet angle d'attaque que Nicolas Sarkozy arriva à se démarquer par la suite.

Je ne choisirai pas un candidat socialiste pour la prochaine élection présidentielle. Même si ce candidat s'avère raisonnable et prestigieux, il ne pourra qu'être tiré vers le bas par son parti et les projets irresponsables qui vont avec. En fait, parmi les candidats potentiels actuels, mon choix se fera probablement entre trois possibilités :
  • François Bayrou, encore une fois. Mais il a un vrai problème de positionnement depuis 2007, et a souvent privilégié une opposition systématique par rapport à une approche constructive.
  • Jean-Louis Borloo, que j'estime depuis longtemps. L'humiliation du centre au dernier remaniement lui ouvre un chemin.
  • Nicolas Sarkozy. Il a commis des erreurs parfois rageantes, mais les reproches qui lui sont faits sont particulièrement exagérés. La haine irrationnelle dont il fait l'objet n'est que le reflet de ses quelques faibles tentatives d'apporter des changements importants. Autant de fureur pour une "rupture" si peu prononcée, cela laisse entrevoir la façon dont la France est complètement verrouillée de partout. A son détriment.