La Poste fait grève : le projet d'ouverture du capital de son président ne sont semble-t-il pas acceptés par les employés de l'entreprise publique. Sur le fond, on peut certes se demander si cela est bien utile : actuellement, la Poste fonctionne plutôt bien, surtout dans la partie distribution du courrier, peut-être moins en guichet. On peut rester circonspect sur les effets de l'ouverture à la concurrence : elle est déjà effective sur les colis, sans que la Poste en souffre beaucoup jusqu'à présent, et en ce qui concerne le courrier lettres, il n'est pas certain qu'une autre entreprise veuille réellement mettre en place une importante infrastructure dans toute la France alors que les marges sont en fin de compte assez faible. Sur la forme, les demandes de référendum national dans le cadre des dernières modifications constitutionnelles sont assez ridicules, surtout par rapport à un sujet qui n'apparait pas avoir une importance primordiale dans la vie des Français. Du reste, la grève est modérément suivie par les employés de la Poste, montrant qu'ils ont pour une bonne partie d'entre eux, une véritable éthique professionnelle.

Voilà précisément ce qu'il manque aux grévistes de la RATP et de la SNCF, qui en bloquant la ligne B du RER francilien, pénalisent lourdement les vies de centaines de milliers de personnes, souvent déjà pénibles par le temps considérable passés dans les transports en commun lorsque ceux-ci fonctionnent à peu près. Pour des raisons totalement corporatistes, les grévistes de la ligne B font à nouveau passer leur intérêt particulier devant l'intérêt général. C'est tellement une habitude de la part de la RATP et de la SNCF qu'une loi avait été spécialement adoptée pour réduire ces nuisances. Aujourd'hui, on peut se demander ce qu'est devenu le service minimum. Il est censé être en vigueur, mais n'est certainement pas mis en œuvre. C'est surtout la preuve que cette loi était largement insuffisante, et peu adéquate pour encadrer les professionnels de la grève et protéger la population.

Il faut définitivement en tirer les conséquences, en empêchant la grève dans les services si essentiels à la France qu'ils en sont publics, ce qui est possible dans le cadre de la Constitution actuelle. Si l'on en est à appeler la tenue de référendums d'initiative populaire pour des sujets tels que l'ouverture du capital de la Poste, en faire un sur un projet visant à limiter vraiment la grève dans les services publics essentiels ne parait pas absurde. Et celui-ci rassemblerait certainement d'avantage la population autour de lui.