La guerre à Gaza aura été le dernier avatar de l'interminable conflit israélo-palestinien. La cohabitation de deux peuples sur un petit territoire est difficile, surtout lorsque dans chacun d'entre eux une partie n'est pas prête à faire de concessions. Cette récente guerre a beaucoup émue, notamment par la disproportion des actions engagées par Israël vis-à-vis du Hamas, les "dommages collatéraux" faisant beaucoup de dégâts sur les équipements civils, et bien entendu sur l'ensemble de la population, alors que les enfants y sont très nombreux en proportion. La situation globale peut sembler désespérée. Il y avait pourtant eu une concession unilatérale qui avait été faite pour améliorer les choses. Les Israéliens avaient démantelé les colonies juives de Gaza, une décision politiquement compliquée, mais nécessaire car ces colonies n'auraient jamais du être fondées. Malheureusement, cette main en avant n'a pas été suivie d'effets, bien au contraire. Les élections législatives palestiniennes ont porté le Hamas en tête, aboutissant in fine au contrôle de la bande de Gaza par ce parti. Le problème est que le Hamas est bien moins enclin à la paix que son adversaire le Fatah. A vrai dire, il ne l'est même pas du tout. Le Hamas est tout simplement une organisation terroriste visant à mettre fin à l'existence d'Israël, et est reconnu comme tel par l'Union Européenne.

Au cours des dernières décennies, de nombreux pays ont vu leurs enjeux politiques changer sensiblement. Dans les régimes issus de la décolonisation notamment, la principale doctrine du pouvoir était une forme de nationalisme, demandant la reconnaissance de l'identité nationale et défendant des intérêts d'Etat. Il pouvait tout à fait y avoir des conflits avec d'autres pays, mais essentiellement sur des bases territoriales ou de ressources. L'armée y était puissante, formant un corps influent sur les questions politiques. Mais progressivement, cela a changé avec l'apparition d'une mouvance religieuse extrémiste cherchant à contrôler l'ensemble de la société. Alors que le caractère musulman de la population n'était jusqu'ici qu'une caractéristique parmi d'autres, le fondamentalisme islamiste a commencé à prendre de plus en plus d'importance, promouvant une société purement religieuse, à l'exclusion de tout autres critères. Avec l'instauration de régimes totalitaires, la sharia devient une loi indépassable, avec une interprétation du Coran particulièrement brutale et rigoriste. Le pouvoir ne considère alors plus les questions politiques que sous l'angle religieux. La population peut bien sûr ne pas s'accorder avec une telle vision des choses, mais la répression de tout questionnement, le lavage de cerveaux et l'endoctrinement des enfants finissent par blesser la capacité de réflexion. En matière de politique étrangère, la possibilité de compromis avec de tels régimes devient très difficile.

L'Iran fut la première à basculer dans un régime religieux autant basé sur l'adoration de Dieu et la haine des non-musulmans. L'Afghanistan des talibans suivit un chemin comparable. Avec le FIS, l'Algérie faillit subir le même sort. Aujourd'hui, le Hamas cherche à étendre son influence et établir la loi islamique sur tout le Proche Orient. Au nord d'Israël, le Hezbollah fait de même. En Irak, la menace représentée par Saddam Hussein a été remplacée par celle d'Al Quaida. Le Pakistan vit constamment avec le danger d'insurrections islamistes. La possibilité que dans chacun des pays où ils agissent, les fondamentalistes religieux l'emportent et s'associent entre eux laisse planer une menace non négligeable pour la paix mondiale. L'extrémisme religieux a une nature semblable à l'extrémisme nationaliste, notamment dans l'aveuglement, la volonté de soumettre tout à sa coupe, la haine d'autrui qui créent des régimes incontrôlables. Cela ne justifie pas forcément des actions militaires systématiques, mais cet état de fait nécessite au moins une vigilance constante.