En juillet dernier, la Banque du Zimbabwe émettait un nouveau billet, à la valeur de 100 milliards de dollars zimbabwéens. Le chiffre de 100 milliards est un montant exceptionnel pour une coupure, qui n'a probablement pas été vu depuis la terrible hyperinflation allemande de 1923. Mais même avec 100 milliards, le pouvoir d'achat demeurait faible : quelques oeufs au moment de l'émission du billet. Et dans les jours qui ont suivi, sa valeur réelle a encore diminué, l'hyperinflation continuant de plus belle. Ces derniers temps, elle a été estimé à 10 millions de pourcents en rythme annuel. La Banque du Zimbabwe a alors décidé de retiré 9 zéros à la monnaie, mais même avec cette nouvelle échelle, le cours du dollar zimbabwéen était de 6 euros pour un milliard à l'automne. Depuis, la monnaie n'existe plus vraiment tellement elle n'a plus de valeur. Les monnaies étrangères l'ont remplacé au Zimbabwe. L'économie s'écroule à la même vitesse que la monnaie. Les salaires des agents publics n'étaient déjà pas toujours payés, mais dans la mesure où ce salaire n'a plus de valeur, cela ne fait plus vraiment de différences. En conséquences, les professeurs ou les policiers ne travaillent plus, tout simplement. Comme le reste de la population, leur premier soucis est de trouver de quoi survivre. Les déficiences en alimentation et en hygiène s'aggravent encore plus qu'auparavant. Le choléra a fait son apparition, et a déjà fait plus d'un milliers de mort.

Le choléra ? Le Président du Zimbabwe, Robert Mugabe, a déclaré que la crise était finie, que son gouvernement l'avait stoppée, qu'il n'y avait plus de choléra très peu de temps après son apparition. Ceux qui continuent d'en mourir seront heureux de l'apprendre. Mais à vrai dire, Robert Mugabe ne se donne même plus la peine d'être convaincant. Le monde entier sait comme lui que la situation catastrophique de son pays est de sa faute. Seulement lui ne s'en préoccupe pas. Du moment qu'il reste à la tête de son pays où il a la possibilité de se servir directement tout ce qu'il veut, le reste l'importe peu. Le Zimbabwe a des institutions d'inspirations démocratiques, malheureusement bien peu suivies dans les faits. Président depuis 21 ans, il doit ses réélections à des fraudes électorales massives, des violences, et parfois, cela ne suffit même pas pour remporter les élections. Ainsi, en mars dernier, lors des élections présidentielles et législatives, les résultats n'ont pas été publiés par le pouvoir. Ils sont pourtant connus par la communauté internationale, et indiquaient une défaite de Robert Mugabe et de ses soutiens tant à la présidentielle que dans les assemblées. Il laissa planer la menace de répressions violentes des opposants, et déclara que seul Dieu pouvait lui retirer le pouvoir.

Pour dire les choses clairement, le Zimbabwe est une dictature, Robert Mugabe un tyran motivé par le pouvoir et l'appat du gain, un homme dépourvu de toute considération éthique. Son régime pratique la torture et la violence, et n'a plus montré depuis longtemps de capacité de politiques visant à améliorer le sort de la population. Bien au contraire, il est la cause directe des maux du pays. Le seul soucis montré par le régime, outre le maintien des dirigeants en place, fut de mener une politique hostile aux agriculteurs blancs, pour des motivations purement raciales. L'idéologie nationaliste déployée par le régime n'a comme conséquence que de détourner les forces économiques du pays, et de prolonger la dégradation de l'économie et les pénuries alimentaires.

Si subitement Robert Mugabe retrouvait la raison, il devrait quitter le pouvoir, accompagnant avec lui ses affidés. Une solution pourrait venir des pays africains, pour qu'ils fassent pression sur le régime et le pousser à organiser de nouvelles élections, régulières cette fois, et respectées par tous. Mais même si les voisins du Zimbabwe venaient à montrer suffisamment de volonté pour faire face à Mugabe, il est peu probable que celui-ci écoute qui que ce soit. Avec une économie en ruine et une catastrophe alimentaire et sanitaire, il est difficile de voir comment la situation pourrait s'aggraver. La base de l'armée zimbabwéenne commence actuellement à ne plus répondre aux ordres, n'étant elle-même plus payer. Il reste à voir si cela peut permettre de mettre fin à ce régime, ou si cela ne va qu'amplifier le chaos. Une guerre doit être évitée, mais si l'on trouve des démocrates arrivant à manoeuvrer pour organiser un putsch pacifique (comme cela est prétendu actuellement en Guinée), ce pourrait être éventuellement une bonne chose.