...devenait Président des Etats-Unis. Elu au mois de novembre 1960, il fut en effet investi le 20 janvier 1961, un jour de fortes neiges. Sénateur populaire du Massachusetts, il devint une icône planétaire. Son allure de chef de famille idéale qui transparaissait via son charisme, sa femme, ou même la confiance en elle-même de l'Amérique le firent d'autant plus remarquer qu'il était le premier Président de l'ère de l'image. Son assassinat fit de lui un martyre, un héros de la démocratie américaine abattu par la folie. Encore aujourd'hui il est considéré avec admiration.

Pourtant son bilan n'est pas celui des plus grands Présidents américains. Forcément, en étant moins de trois ans au poste, cela limitait ses perspectives d'action. Abraham Lincoln ou Franklin Delano Roosevelt ont bien plus marqué l'Amérique que lui. Au plan intérieur, son successeur Lyndon Johnson eut même un héritage plus fort que lui, en accordant les droits civiques aux noirs malgré une partie de son camp, ou en mettant en place les programmes de santé Medicare et Medicaid. Kennedy mena une politique économique keynésienne, ce qui à cette époque était favorable à la croissance, et lança le programme de la NASA qui enverra des hommes sur la lune. En revanche, il ne réussit pas à mettre en place son programme de "Nouvelle Frontière".

Il fut plus actif sur le plan extérieur. Son excellente gestion de la crise des missiles de Cuba effaça son désastreux débarquement de la baie des cochons. Ses visites en Irlande ou à Berlin furent particulièrement bien accueillies. Ses discours étaient souvent sa principale arme, et il avait le don de mobiliser son auditoire dans son sens, dans le sens de la politique américaine. Une certaine détente fut possible avec l'URSS via le téléphone rouge. Mais ce fut aussi lui qui décida l'envoi de "conseillers militaires" au Vietnam.

Il y a deux ans, Barack Obama devenait Président des Etats-Unis. Difficile de ne pas tracer un parallèle avec John F. Kennedy. Son frère, le sénateur Ted Kennedy, ne s'en priva d'ailleurs pas en annonçant son soutien à la candidature de Barack Obama. Tous deux quadragénaires avec de jeunes enfants, tous deux diplômés de Harvard, tous deux démocrates, tous deux représentant de nouveaux profils à la Présidence (l'un le premier catholique, l'autre le premier noir), tous deux extrêmement charismatiques... Barack Obama ne rencontre pas du tout les mêmes circonstances que son prédécesseur. L'Amérique connaît actuellement une crise économique violente, et elle est d'ores et déjà embourbée dans des théâtres d'opérations militaires lointains. Mais Barack Obama fait lui régulièrement aussi preuve d'une puissance rhétorique déterminante. C'est sur les sujets les plus importants qu'il se révèle à son meilleur niveau, comme l'a encore récemment montré son discours après la fusillade de Tucson.

Il y a cinquante ans, John Fitzgerald Kennedy devenait Président des Etats-Unis. Ce fut ce jour là que lui prononça son meilleur discours. Ses mots résonnent encore aujourd'hui :

"Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays."

Voilà la maxime qui devrait être le mot d'ordre, l'impératif catégorique de chaque citoyen, que ce soit en Amérique ou dans le reste du monde.