François Bayrou "ne représente pas tout le centre. Il ne représente que lui même", a dit Simone Veil en annonçant son soutien pour la candidature de Nicolas Sarkozy. Pour elle, "le véritable centre" est à l'UMP. C'est quelque chose que l'on a tendance à oublier, du fait de la campagne de François Bayrou qui essaie d'opposer son positionnement à celui des autres candidats. Or si Nicolas Sarkozy est un homme de droite, une grande partie de l'UMP est composé de centristes. C'est ce que le candidat de l'UDF n'arrive pas à avaler : pour lui, toute personne qui quitte l'UDF sort du centrisme. C'est loin d'être vrai : Pierre Méhaignerie, Philippe Douste-Blazy, Jean-Louis Borloo ou Simone Veil donc font partie de l'UMP sans n'ayant jamais renoncé à leur centrisme. Les centristes de l'UMP pèsent quotidiennement dans les prises de décisions, font partie du gouvernement, sont investis pour les législatives et sont encore appelés à jouer un grand rôle à l'avenir. Ils ont choisi la logique de l'union, en considérant que pour que leurs idées pèsent, il fallait qu'elles soient prises en compte en dehors du seul parti centriste. Car être centriste ne veut pas forcément dire être au milieu de tout pour mieux être acculé à l'immobilisme. Un centrisme pur et dur ne peut exister : la question se pose invariablement de savoir avec qui faire alliance si l'on veut gouverner. De ce choix, naît le centre gauche ou le centre droit, alors que l'"extrême centre" est une voie sans issue, en dehors du pouvoir car ne pouvant réunir de majorité. Les centristes français sont surtout des chrétiens démocrates ou des radicaux. Autrefois, les libéraux étaient également comptés dedant.

Les centristes de l'UMP ont fait le choix de s'allier avec la droite républicaine pour avoir suffisamment de poids pour une action commune. D'ailleurs, certains parmi l'UDF ont fait le même raisonnement ces cinq dernières années. Ainsi, Gilles de Robien, Christian Blanc ou André Santini ont décidé de soutenir Nicolas Sarkozy pour l'élection présidentielle. Cela ne fait certes pas les affaires de François Bayrou, qui essaie de faire prévaloir par tous les moyens sa vision du centrisme, jusqu'à exclure de l'UDF un député (Pierre-Christophe Baguet) qui a eu le malheur d'avoir des opinions différentes des siennes, lorsque celui-ci choisit de soutenir Nicolas Sarkozy. Quoi qu'on essaie de nous faire croire, le centrisme d'action est au coeur du projet de l'UMP. Cela se traduit par un engagement européen fort, un souci constant de la laïcité, la mise en place des politiques de cohésion sociale de Jean-Louis Borloo ou celles de pôles de compétitivité de Christian Blanc. On peut regretter que François Bayrou, s'il avait des politiques tellement fantastiques à mettre en oeuvre, ait refusé de les appliquer ne serait-ce qu'en partie au cours des cinq dernières années, alors qu'il en avait la possibilité.

Le véritable est centrisme est à l'UMP, et on peut souhaiter qu'après les élections présidentielles, l'UDF se rappelle dans son ensemble de son rôle naturel au centre droit. Cette grande partie de l'UMP que font les centristes, cette grande partie des centristes qui se retrouve à l'UMP, et même des centristes qui n'en font pas partie, ont fait le choix de soutenir Nicolas Sarkozy au poste de candidat de Président de la République. C'est une décision forte qui pèse pour l'avenir et qui doit être prise en compte dans les échéances électorales actuelles.