Depuis 2007, il n'y avait plus de leadership légitime à l'UMP. Par un curieux changement, le poste de président de ce parti avait été supprimé tant que Nicolas Sarkozy était Président de la République, alors qu'il avait été créé sous Jacques Chirac. Maintenant que l'UMP est dans l'opposition, ce poste va être ressuscité, ce qui supposera une élection de la part des adhérents. Cette fois-ci, il n'y aura pas de candidat qui s'imposera d'emblée, comme Nicolas Sarkozy en 2005. En fait, le jeu semble même plutôt ouvert, et rappelle l'élection du président du RPR en 1999. Il y avait alors eu plusieurs candidats, et l'élection s'était réglée en deux tours. Michèle Alliot-Marie avait alors été élue, lui donnant un poids politique fort.

Il est donc question de procéder à une telle élection au sein de l'UMP cet automne, et les manœuvres vont commencer. Quoi qu'on en dise, ce sera certainement un poste permettant de préparer la prochaine élection présidentielle, donc l'enjeu est important. A ce titre, le conflit sera probablement violent, donc autant qu'il dure le moins de temps possible, et qu'il soit propre, dans le sens où il ne crée pas de blessures trop difficiles à cicatriser. Pour l'instant, il n'est pas encore question de propositions, donc voyons déjà certaines des personnalités qui pourraient concourir :

Jean-François Copé : C'est sûr, il veut être Président de la République. Tout le reste est négociable... et c'est bien le problème. Il envisage d'ores et déjà cette élection comme le tournant de sa carrière, et n'hésitera devant rien pour arriver à ses fins. Attention à la stratégie de la terre brûlée, qui pourrait le pousser à ruiner son parti s'il y trouvait un intérêt personnel. Sans ligne politique fixe, il a en fin de compte tous les défauts de Nicolas Sarkozy, sans en avoir les qualités. A un moment, il faut se dire que l'ambition ne peut être une fin en soi. Jusqu'à présent, il n'a rien montré de positif. Il vaudrait mieux que Jean-François Copé ne devienne ni président de l'UMP, ni Président de la République.

François Fillon : Pendant cinq années à Matignon, il s'est montré sérieux et rigoureux. Parlementaire, plusieurs fois ministre, Premier ministre, il a désormais un CV impressionnant au bout de trois décennies de vie politique. Son opposition au traité de Maastricht est toutefois inquiétante, si jamais sa présence à l'Elysée venait à se poser, car cela montre qu'il est peu attaché à la construction européenne. Et a déjà 58 ans, peut-il incarner le dynamisme et le renouveau ?

Bruno Le Maire : Il vient de dire qu'il serait prêt à se présenter pour la tête de l'UMP si ses idées n'étaient pas reprises ailleurs. Dans son cas, son problème est plutôt l'inverse de François Fillon : il n'a été élu que cinq ans. Il a récupéré la circonscription de Jean-Louis Debré, solidement ancrée à droite. Auparavant, ce n'était pas vraiment un militant de terrain, puisque c'était un énarque, directeur de cabinet de Dominique de Villepin. Pour le charisme, on repassera également. En bref, il lui reste tout à prouver en dehors des ministères.

François Baroin : Protégé de Jacques Chirac, il a réussi au cours des dix dernières années à exprimer ses idées personnelles tout en se montrant respectueux de celles des autres. C'est quelqu'un de raisonnable, qui arrive à travailler avec à peu près tout le monde, et qui a fini par accumuler de l'expérience. A 47 ans, il envisage lui aussi d'être candidat pour la tête de l'UMP, et ce serait une option très intéressante.

Valérie Pécresse : Elle, elle ne semble par contre pas y songer. Ses dernières déclarations indiquent qu'elle irait plutôt du côté de François Fillon, mais son avenir reste encore devant elle. Au gouvernement pendant cinq ans, elle s'est montrée solide, la réforme des universités qu'elle a mis en place étant nécessaire, et désormais saluée. Si elle n'a pas remporté la région Ile-de-France, au moins elle a continué à s'y impliquer dans l'opposition, contrairement à Jean-François Copé en 2004, qui lui a tenté de faire oublier son échec. A 44 ans, elle est encore jeune en politique. Elle a peut-être moins d'ambition personnelle que d'autres, mais si elle le voulait, elle pourrait s'installer au premier plan de la droite. Il y a d'ailleurs un vaste chantier de féminisation à lancer dans ce parti.