La "droitisation" de la dernière campagne de Nicolas Sarkozy a rapidement été caricaturée par la grande farandole des redresseurs de torts, prompts à qualifier de maléfique tout ce qui est à droite. On a ainsi vu des gens opposer le Président de la République à une vision "républicaine" de la société, sans que l'on sache bien ce que cela veuille dire. Voulait-on dire qu'il n'était pas un démocrate ? Il suffisait de voir comment la transition avec la gauche s'est déroulée sans accroc pour se rendre compte que c'était un reproche ridicule. Est-ce que cela voulait dire qu'il n'y avait de droite que d'extrême ? D'un point de vue logique, c'est impossible : sur l'axe (ou plutôt le cercle) politique, la droite ne peut disparaître, puisqu'il y a toujours une gradation. En fin de compte, ce qu'il faut comprendre, c'est que ne pas être "républicain" signifie ne pas être à gauche.

Lors de la prochaine élection du président de l'UMP, la question des alliances se posera certainement. Que faire avec le nouveau "nouveau centre" de Jean-Louis Borloo ? Et les médias lanceront certainement la question du comportement à adopter face au Front National. Après tout, la question revient régulièrement. Et il n'y a pas le moindre doute sur la réponse qui sera adoptée : le cordon sanitaire restera de mise.

Oh, certes, on verra encore des enquêtes d'opinion montrant qu'une certaine proportion de sympathisants UMP est favorable à des alliances avec le FN. Cela ne veut pas dire qu'ils auront gain de cause. Pour commencer, la plupart des cadres sont contre. Les élus qui pourraient se montrer tenter sont ceux qui sont le plus menacés par un vote FN fort, ils sont loin d'être majoritaires, et sur des zones assez limitées géographiquement. Ce n'est pas que la peur qui les anime : ils viennent de territoires qui sont bien plus à droites que la moyenne, et cela se transcrit dans leurs convictions. Mais dans le reste de la France, on prend les extrêmes pour ce qu'ils sont sont : des voies sans issues, dangereuses et vaines.

Si tellement de gens de droite sont favorables à une alliance avec le FN, c'est surtout qu'ils en ont marre de partir désavantagé face à la gauche, qui n'a jamais eu de problème à faire ouvertement alliance avec l'extrême gauche. L'extrême droite et l'extrême gauche, c'est pourtant la même chose, les mêmes tendances folles qui ne peuvent qu'abimer un pays. On a vu lors des campagnes présidentielle et législatives à quel point les deux Fronts, National et De Gauche, étaient le miroir l'un de l'autre, dans un numéro de duettiste qui n'en finissait jamais, sous fond d'outrances verbales ininterrompues. L'UMP a toujours eu raison de ne pas vouloir s'allier avec le FN. La vraie faute, c'est celle du PS, qui n'a jamais eu le moindre scrupule à s'allier avec les communistes. Quand l'UMP exclut un candidat qui se désiste en faveur du FN, le PS encourage les siens à se désister en faveur du PC s'ils arrivent derrière.

A l'UMP, il y aura tout un débat sur la question du "ni-ni", soit ne pas se désister ni en faveur de la gauche, ni en faveur du Front National. En 2002, le PS avait appelé à voter pour Jacques Chirac face à Jean-Marie Le Pen, mais le candidat socialiste avait déjà été éliminé. Alors un candidat socialiste vaut certainement mieux qu'un candidat FN. Mais quelle différence il y a-t-il entre un candidat PC et un candidat FN ?