Donc c'est fait. Nicolas Sarkozy est Président de la République, et il a nommé François Fillon au poste de Premier ministre. Une fois le gouvernement nommé, ils commenceront tous à travailler, pour mettre en oeuvre le programme évoqué pendant la campagne électorale. Pourtant, le nouveau Président et ses ministres savent qu'ils vont rencontrer une résistance très forte aux changements qu'ils entendent apporter. Et cette résistance viendra bien moins de l'opposition que de mouvements dits "sociaux", lancés par des syndicats qui voient dans chaque modification de l'ordre établi une menace, alors qu'ils utilisent les grands moyens de protestation pour un oui ou pour un non, pour obtenir une augmentation ou pour protester contre le changement d'horaires, comme c'est le cas à la SNCF. A vrai dire, quoi que le gouvernment fasse, il y aura de grandes grêves et des manifestations "monstres". La CGT avait même lancé une grêve préventive au moment même où des personnalités politiques s'étaient interrogées sur l'opportunité du maintien des régimes spéciaux de retraite de certaines catégories de fonctionnaires. Que ce soit la CGT, FO ou Sud, tous se préparent déjà pour bloquer le pays et montrer leur mécontentement permanent. Cela a en fait été théorisé par l'extrème gauche comme étant le "troisième tour social" des élections.

Ainsi, Olivier Besancenot ou Arlette Laguiller ne se posent jamais de question sur le fait qu'ils n'obtiennent pas la majorité ou même des scores importants aux élections, mais annoncent toujours ce troisième tour social, qui consiste en fait en l'organisation de grandes manifestations pour protester contre les décisions du pouvoir issu des urnes. Car selon eux, ce n'est pas la démocratie où l'avis du plus grand nombre est pris en compte qui importe, ils lui préfèrent le système basé sur la lutte des classes. La lutte "sociale" est considéré comme l'alpha et l'omega de la vie politique, dans une vision de la société imbibée de marxisme. Ils sont rejoints en cela par une grande partie des syndicats dont la principale raison d'exister (pour ceux des professions du secteur public) est d'organiser des grèves et manifestations pour faire échouer les réformes gouvernementales. Jamais la question de la légitimité démocratique est prise en compte.

Pour cette élection présidentielle, il y a même eu des manifestations pour protester contre le résultat des urnes. Ces manifestations se sont même souvent transformées en émeutes, où le fait de brûler une voiture ou de lancer des objets aux policiers est considéré comme un signe de lutte contre le nouveau Président, le soir même de l'élection. Des étudiants de la faculté de Tolbiac ont même décidé le blocage de leur lieu d'études, alors que le nouveau Président n'avait pas encore été investi. A chaque fois c'est l'expression de conservatismes, de corporatismes et de dogmatismes, et surtout, de profond mépris pour la démocratie. Issus de la gauche, ces mouvements ne jurent que par la démocratie, mais l'oublie quand elle ne donne pas les résultats qu'ils souhaitent.

Car les élections ont donné une légitimité très forte à Nicolas Sarkozy pour accomplir son action de réformes. Au deuxième tour, il a obtenu plus de 53 % des vois avec 85 % de participation, ce qui fait une différence de 2 192 698 voix. Cette différence est nette, elle lui donne une victoire claire, cela montre un vrai choix de société réalisé par les Français. Cela doit être respecté, même si ceux qui sont minoritaires essaient de jouer à ceux qui crieront le plus fort pour faire prévaloir leurs opinions. Entre les deux tours, Nicolas Sarkozy en avait appelé à la majorité que l'on a du mal à entendre : "J’ai besoin de tous ces sans grade, de tous ces anonymes, de tous ces gens ordinaires,de toute cette majorité silencieuse, auxquels on ne fait pas attention, que l’on ne veutpas écouter, que l’on ne veut pas entendre. Je lui demande, à cette majorité silencieuse,de se lever, de m’aider et de construire la victoire de nos idées." A n'écouter que ceux qui font le plus de bruits, on en oublie la majorité silencieuse, qui veut le changement quitte à dépasser les corporatismes. Il faut se rappeler que la légitimité vient des urnes, pas des mouvements sociaux. Ce n'est pas la rue qui gouverne, c'est le peuple, qui s'exprime lors des élections. Lors des présidentielles, et éventuellement avec une confirmation lors des législatives, le peuple français s'est exprimé. Cela a du en surprendre beaucoup, mais la majorité silencieuse s'est exprimée dans les urnes. Elle s'est exprimée pour des réformes, et il y a donc une légitimité forte pour les accomplir. Chacun doit désormais respecter cela.