Le permis de conduire représente un coût élevé pour les jeunes adultes, parfois même dissuasif. Un forfait comprenant des tests de code à volonté et les 20 heures d'apprentissage de la conduite avec moniteur obligatoires pour être présenté à l'examen coûte au minimum 1200 euros, souvent beaucoup plus dans la région parisienne avec la leçon de conduite supplémentaire pouvant dépasser les 50 euros. Il est bien rare que les 20 heures suffisent, et l'examen a en outre un taux d'échec important. Non seulement cette formation est chère, mais son prix augmente chaque année d'un montant supérieur à l'inflation. Et une fois la formation commencée dans une auto-école, il peut être difficile d'en changer. Ainsi, elles réclament pour la plupart au candidat un délai de six ans pour un transfert de dossier au sein d'un même département, et ce pour d'obscures raisons administratives. Chaque nouvelle année signifie une nouvelle génération de candidats potentiels supplémentaires, et vu l'étape quasi obligatoire dans la vie que représente le permis de conduire, les clients représentent un flux intarissable. Au vu de la lourdeur du processus d'installation d'une nouvelle auto-école, le secteur est à l'abris d'une concurrence interne intense.

Tout cela a contribué à faire de l'obtention du permis de conduire quelque chose d'extrêmement pénible et coûteux. Face à la recrudescence de personnes choisissant de rouler sans permis plutôt que d'en passer par là, avec tous les dangers que cela représente, les gouvernements ont cherché à trouver des solutions pour faciliter la vie des élèves. Ce fut ainsi la création du permis à un euro par jour, la future réforme de l'examen, mais une des bonnes idées fut la possibilité d'apprendre la conduite auprès d'un conducteur expérimenté dans une voiture en double commande. Ce qui a permis l'éclosion d'entreprises de location de ce type de véhicules.

Grâce à elles, un élève ayant fait ses 20 leçons obligatoires peut ensuite louer à moindre coût (environ une quinzaine d'euros l'heure) une voiture à double commande, dans laquelle il pourra se perfectionner et prendre confiance dans sa conduite en vue de l'examen, avec l'accompagnateur expérimenté de son choix. Celui-ci a accès aux pédales du véhicules, comme un moniteur, si jamais il estimait que la situation l'exigeait. De plus, ce véhicule peut être utilisé pour passer le permis en candidat libre, et éviter les coûteux "frais d'inscription" demandés par les auto-écoles, mais pas par les préfectures.

Voilà qui représentait enfin une solution astucieuse pour de nombreux jeunes élèves. Et autour de cette formule se sont formés des dizaines de nouvelles petites entreprises louant ces véhicules, d'autant plus appréciés par les familles aux revenus modestes. Evidemment, cela représentait également une nouvelle concurrence pour de nombreuses auto-écoles, soucieuses de ne pas voir s'échapper leur juteuse rente. Leur lobby a joué, et voilà qu'au moment des dernières fêtes, un décret est paru exigeant des accompagnateurs qu'ils aient suivi une formation spéciale quant à l'utilisation des doubles commandes... Une formation de quatre heures qui devrait coûter 500 euros.

Voilà qui tuerait directement tout ce nouveau secteur d'activité. En effet, les économies réalisées seraient ainsi effacées par le coût de cette formation supplémentaire. Ce motif ne cache pas du tout le désir d'éliminer toute concurrence aux auto-écoles et est tout à fait injuste. Aujourd'hui, les loueurs de voitures à double commande redoutent le jour où ce décret rentrera en application, et commencent à s'organiser à leur tour au niveau national pour le combattre. Faut-il vraiment vouloir la mort de jeunes entreprises astucieuses rendant un vrai service à la population ? Il s'agit bien d'un cas où un intérêt particulier s'oppose à l'intérêt général, et celui-ci doit être défendu face a ce type de corporatisme.