En janvier 2007, François Hollande dénonçait "la République des drôles d'amis", à propos des nominations présidentielles à d'importants postes, comme la tête du CSA. "On a un président de la République qui recase ses amis dans les plus hautes fonctions", disait-il alors. Il s'est dit "consterné" par la nomination de Michel Boyon à ce poste, car ne respectant pas le pluralisme. Ancien directeur de cabinet du Premier ministre (de droite) Jean-Pierre Raffarin, Michel Boyon ne pouvait, selon François Hollande, faire respecter le pluralisme. Exactement six ans plus tard, voilà que nous avons François Hollande qui nomme... l'ancien directeur de cabinet du Premier ministre (de gauche) Lionel Jospin, Oliver Schrameck, au même poste, pour succéder à Michel Boyon. Fi des inquiétudes sur le pluralisme ! Fi des questions sur la neutralité du président du CSA ! Fi des velléités de réforme du mode de désignation du président du CSA, exprimé en 2007 ! En matière de "République des drôles d'amis", la politique de François Hollande est bien de recaser ses amis dans les plus hautes fonctions, soit exactement ce qu'il reprochait à Jacques Chirac autrefois. Quand c'est la droite qui le fait, c'est scandaleux, mais quand c'est la gauche, voilà qui est tout à fait normal et même vertueux. C'est bien évidemment indéfendable, et quand on pose la question aux ministres du gouvernement actuel, ils n'ont plus qu'à dégainer langues de bois et mauvaise foi particulièrement risibles.

Tout le long de l'année 2012, François Hollande a réaffirmé que la France était partie pour retourner à 3 % de déficit public par rapport au PIB à la fin 2013. Il faut dire qu'en tant que candidat, François Hollande a bâti tout son projet présidentiel sur des hypothèses économiques notoirement fantaisistes. Il nous promettait pas moins de 1,7 point de croissance pour 2013, soit bien au-dessus de ce qu'imaginaient tous les experts en conjecture. Selon Michel Sapin, alors en charge du projet économique du candidat socialiste, expliquait que cet objectif pouvait être atteint "dès lors que les politiques adaptées seront adoptées". Et les années suivantes, les hypothèses de croissance tiennent du rêve éveillé : 2 % en 2014, pour finalement atteindre 2,5 % par la suite. Au final, l'équilibre budgétaire serait atteint à la fin du quinquennat.

Une fois élue, l'hypothèse de croissance pour 2013 n'était finalement plus que de 0,8 point, soit deux fois moins qu'espéré auparavant, mais ça ne remettait nullement en cause le retour aux 3 % de déficit selon l'Elysée. "La crise rend cet exercice plus ardu, mais d'autant plus nécessaire" expliquait François Hollande en septembre dernier. Il n'a pourtant pas fait grand chose pour diminuer les dépenses de l'Etat. Et maintenant, il s'avère qu'on n'aura même pas 0,8 point de croissance cette année, et évidemment on ne sera pas à 3 % de déficit en décembre prochain. Et le gouvernement d'expliquer que l'on pourra peut-être avoir un délai auprès de la commission européenne, la croissance n'étant pas au rendez-vous. Mais il a toujours été évident que la croissance serait très faible, et construire un programme économique sur ce genre d'hypothèses délirantes était dès le départ un non sens ! Il faudrait une bonne fois pour toute arrêter de financer des dépenses publiques ahurissantes par des paris perdus d'avance sur une croissance qui vient d'autant moins qu'on la fantasme.

On pourrait aussi parler de notre virée au Mali, dont on nous avait dit qu'elle n'aurait en aucun cas lieu, ainsi que de nombreux autres sujets du même tonneau. Mais le point final est que rien ne change : la gauche fait exactement ce qu'elle reprochait à la droite de faire, et ce retournement de veste expose une incroyable hypocrisie tout du long. Il ne faut pas s'étonner que les résultats ne soient donc pas meilleurs, loin de là.