Des milliers d'Américains chantent et dansent dans les rues, levant fièrement leur drapeau en pleine nuit. D'une certaine façon, les images sont semblables à celles d'une victoire en coupe du monde de football, mais les Etats-Unis se moquent bien du football. S'il y a autant de joie cette nuit aux Etats-Unis, c'est que leur plus grand ennemi, Oussama Ben Laden, a été tué par les forces spéciales américaines au Pakistan. En l'annonçant, Barack Obama a remporté une victoire pour son pays, mais aussi une victoire personnelle.

Normalement, il est assez mal vu de se réjouir de la mort de quelqu'un. Bien sûr, il y a des criminels dont le décès nous touche beaucoup moins que celle d'innocents. Généralement, c'est le moment pour passer à autre chose. Mais dans le cas de Ben Laden, le soulagement est si grand qu'il est difficile de ne pas adhérer à cette joie communicative.

Oussama Ben Laden, c'était d'abord un symbole d'impunité. Responsable direct de la plus meurtrière des opérations terroristes, les attaques du 11 septembre 2001, il avait réussi à fuir l'Afghanistan lorsque les forces alliées sont intervenues dans ce pays. Sa protection par le régime des talibans avait été l'élément déclencheur de ces opérations dans lesquelles nous sommes toujours engagés. Il était déjà un responsable terroriste reconnu lorsqu'il dut quitter le Soudan dans les années 90. Recherché depuis, il bénéficia de complicités et de la loi du silence pour vivre dans le secret pendant des années.

Oussama Ben Laden, c'était aussi une menace. Il avait acquis un certain prestige auprès des terroristes, et était devenu le symbole de toute une culture de mort. Ses appels répétés aux attentats pour les prétextes les plus abscons créaient un risque direct pour la paix mondiale. Comme le disent d'ores et déjà autorités et analystes, son décès ne signifie pas la fin de la menace terroriste. Mais au moins le message est clair : tout sera fait, notamment par les Américains, pour combattre cette menace.

Oussama Ben Laden était un criminel qui n'a apporté que du malheur au monde. Nous nous porterons bien mieux sans lui. Malgré notre légitime bonheur de nous en être débarrassé, nous devrons tenter de rester mesuré dans nos manifestations de satisfaction, pour que ça ne ressemble pas à de l'acharnement. Seulement, lui qui était si croyant, il pourra désormais constater par lui-même le sort qui lui est réservé dans l'au-delà.